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tronomique du ciel. Ce nom est fait de πόλος, ciel, & de γράφω, je décris.

POLON, (Hist. nat. Botan.) c’est une espece d’arbre particulier au royaume de Juida en Afrique ; il produit un duvet semblable au coton, mais beaucoup plus fin ; les voyageurs assûrent que l’on pourroit en faire des étoffes d’une grande beauté & d’une grande force. On croit même que préparé convenablement, ce duvet deviendroit propre à faire des chapeaux.

POLONGA, (Hist. nat.) serpent fort dangereux, qui se trouve dans l’ile de Ceylan ; il y en a de verds, & d’autres d’un gris rougeâtre tacheté de blanc. Il attaque sur-tout les bestiaux.

POLOSUM, s. m. (Fonderie.) espece de cuivre rouge que l’on allie avec de l’étain pour en faire ce métal composé que l’on appelle de la fonte verte.

POLTEN, saint, (Geog. mod.) petite ville d’Allemagne dans la basse Autriche, sur le ruisseau de Drasam, à 3 milles du Danube & à 6 de Vienne. Elle appartient à l’évêque de Passau.

POLTRON, LACHE, (Synon.) le lâche recule ; le poltron n’ose avancer. Le premier ne se défend pas ; il manque de valeur. Le second n’attaque point, il peche par le courage.

Il ne faut pas compter sur la résistance d’un lâche, ni sur le secours d’un poltron. Le mot lâche se prend figurément pour un homme qui manque de cœur & de sentiment.

Quiconque pour l’empire eut la gloire de naître,
Est un lâche s’il n’ose ou se perdre ou régner.

Lâche désigne encore au figuré ce qui est bas, honteux, infâme. Une lâche complaisance dégénere en fadeur. La trahison est une des plus lâches actions qu’on connoisse. (D. J.)

Poltron se dit, en Fauconnerie, d’un oiseau auquel on a coupé les ongles des pouces qui sont les doigts de derriere où sont ses armes & sa force, pour lui ôter le courage & empêcher qu’il ne vole le gros gibier, on le dit encore en un autre sens. Voyez Vilain.

POLVILLA, (Commerce.) c’est le nom que les Espagnols de la nouvelle Espagne en Amérique donnent à une poudre d’une odeur délicieuse, dont il se fait un débit surprenant dans toutes les provinces du Méxique & du Perou. Elle se vend très-cher, & il n’y a, dit-on, que les religieuses de Gnaxaca qui ayent le secret de sa composition.

POLUSCA, (Géogr. anc.) ville d’Italie dans le pays des Volsques, & peu éloignée de Longula, autre ville de Volsque. Ce fut, selon Tite-Live, l. II. c. xx xix. une des places que Coriolan enleva au peuple romain. Denis d’Halicarnasse appelle les habitans Poluscani, & Pline, l. III. c. v. le nomme Pollustini. (D. J.)

POLUSKE, (Commerce.) monnoie de cuivre en usage dans l’empire russien, qui vaut un liard monnoie de France. Quatre poluske font un kopeck ou un sol, & cent kopecks font un rouble ou un écu de Russie, qui vaut cinq livres de notre monnoie.

POLYACANTHUS, s. m. (Bot.) c’est une des belles especes de chardons qu’on cultive dans les jardins, & qui est nommée par Tournefort carduus, sive polyacantha vulgaris. Cette plante est haute d’environ trois piés ; sa tige est ronde, blanche, douce au toucher ; ses feuilles sont longues de près d’un pié, pointues, armées au côté d’épines fines, longues, piquantes, jaunâtres, rangées par intervalles deux-à-deux, ou trois-à-trois, ou quatre-à-quatre ; sa fleur est à plusieurs fleurons purpurins évasés par le haut, découpés en lanieres, soutenus par un calice composé de plusieurs feuilles posées les unes sur les autres, & terminées chacune par un piquant. Lorsque

la fleur est passée, cet embryon devient une petite graine oblongue, noire, luisante, garnie d’une aigrette. Cette plante est apéritive. (D. J.)

POLYACOUSTIQUES, adj. (Physiq.) sont des instrumens qui servent à multiplier les sons, comme les lunettes à facettes ou polyscopes multiplient les objets. Voyez Phonique, Son, &c.

Ce mot est composé du Grec πολυ, beaucoup, & ακουω, j’entends. Voyez Acoustiques.

POLYÆGOS (Géog. anc.) île que Pline, l. IV. c. xij. met au nombre des îles Sporades. Pomponius Mela, l. II. c. vij. connoît cette île ; & dans le trésor de Goltzius on trouve une médaille avec cette inscription, Πολυαιγεον. Le P. Hardouin dit que c’est aujourd’hui l’ile Polégasa, près de celle de Standia. (D. J.)

POLYANDRIE, s. f. (Hist. morale & politique.) ce mot indique l’état d’une femme qui a plusieurs maris.

L’histoire, tant ancienne que moderne, nous fournit des exemples de peuples chez qui il étoit permis aux femmes de prendre plusieurs époux. Quelques auteurs qui ont écrit sur le Droit naturel, ont cru que la polyandrie n’avoit rien de contraire aux lois de la nature ; mais pour peu que l’on y fasse attention, on s’appercevra aisément que rien n’est plus opposé aux vûes du mariage. En effet, pour la propagation de l’espece une femme n’a besoin que d’un mari, puisque communément elle ne met au monde qu’un enfant à la fois : d’ailleurs la multiplicité des maris doit anéantir ou diminuer leur amour pour les enfans, dont les peres seront toujours incertains. Concluons de-là que la polyandrie est une coutume encore plus impardonnable que la polygamie ; qu’elle ne peut avoir d’autre motif qu’une lubricité très-indécente de la part des femmes, à laquelle les législateurs n’ont point dû avoir égard ; que rien n’est plus propre à rompre ou du-moins à relâcher les liens qui doivent unir les époux ; enfin que cette coutume est propre à détruire l’amour mutuel des parens & des enfans.

Chez les Malabares, les femmes sont autorisées par les lois à prendre autant de maris qu’il leur plaît, sans que l’on puisse les en empêcher. Cependant quelques voyageurs prétendent que le nombre des maris qu’une femme peut prendre est fixé à douze ; ils conviennent entr’eux du tems pendant lequel chacun vivra avec l’épouse commune. On assûre que ces arrangemens ne donnent lieu à aucune mésintelligence entre les époux ; d’ailleurs dans ce pays les mariages ne sont point des engagemens éternels, ils ne durent qu’autant qu’il plaît aux parties contractantes. Ces mariages ne sont pas fort ruineux, le mari en est quitte pour donner une piece de toile de coton à la femme qu’il veut épouser ; de son côté, elle a rempli ses devoirs en préparant les alimens de son mari, & en tenant ses habits propres & ses armes bien nettes. Lorsqu’elle devient grosse, elle déclare de qui est l’enfant, c’est le pere qu’elle a nommé qui en demeure chargé. D’après des coutumes si étranges & si opposées aux nôtres, on voit qu’il a fallu des lois pour assûrer l’état des enfans ; ils suivent toujours la condition de la mere qui est certaine. Les neveux par les femmes sont appellés aux successions comme étant les plus proches parens, & ceux dont la naissance est la moins douteuse.

POLYANTHE, terme de Fleuriste, plante qui produit beaucoup de fleurs. Voyez Plante & Fleur. Ce mot est composé de πολυ, beaucoup, & ανθος, fleur.

POLYCÉPHALE, nome, (Poésie anc.) c’étoit chez les Grecs un fameux air de flûte inventé en l’honneur d’Apollon ou de Pallas. Plutarque dit qu’Olympe composa sur la flûte en l’honneur d’Apollon l’air ou