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On se servoit autrefois pour cette derniere opération de la corne de cerf réduite en poudre & employée avec l’esprit-de-vin ; mais depuis quelques années on s’est fixé à une poudre rouge, qu’on appelloit d’abord rouge d’Angleterre, mais qui s’est depuis multipliée à Paris, & qui n’est autre chose que le caput mortuum des acides nitreux qui composent l’eau forte ; cette poudre employée avec l’eau-de-vie ou l’esprit-de-vin donne un beau vif, & termine le poliment de l’or.

Polir, (Coutel.) c’est effacer les trais de la meule sur la polissoire. Voyez Polissoire.

Polir, en terme de Doreur, c’est effacer les traits qui ont pu rester sur la piece après le gratage, & lui donner un beau lustre.

Polir, en terme d’Eperonnier, c’est adoucir les coups de lime d’une piece, & lui donner un certain éclat par le moyen du polissoir. Voyez Polissoir, & la fig. qui la représente.

Polir, une glace, (Manufacture de glace.) c’est lui donner sa derniere façon avec l’éméril, de l’eau & de la potée qui est une terre rouge, L’ouvrier qui polit les glaces s’appelle polisseur, & l’instrument dont il se sert, polissoir.

Polir, fer à, (outil de Gaînier.) c’est un morceau de fer large de deux pouces, long environ de trois ou quatre, plat & recourbé dans sa longueur, formant une espece de demi-cercle, dont le bas est fait en meche pour s’emmancher dans un petit morceau de bois de la longueur de deux pouces, & gros à proportion. Les Gaîniers font chauffer un peu ce fer, & polissent leurs ouvrages. Voyez les figures, Planches du Gainier.

Polir, signifie en Horlogerie, rendre une piece de métal unie, douce & brillante. Il est de la derniere conséquence que certaines pieces des montres & pendules soient bien polies : de ce genre sont les pivots, les pignons, les dentures, & toutes les parties de l’échappement.

Pour bien polir une piece, les Horlogers commencent par l’adoucir le mieux qu’ils peuvent, voyez Adoucir ; ensuite, si ce corps est de laiton, comme les roues, la potence, les barettes, &c. ils prennent un bois doux, tel que le fusin, le bois blanc, &c. qu’ils enduisent de pierre pourrie & lavée, mêlée avec un peu d’huile ; ils la frottent ensuite jusqu’à ce que sa surface & celle du bois soient seches & brillantes. Si les pieces à polir sont d’acier & plates, comme celles des quadratures, les ressort, de quadran, les petits corps, &c. ils prennent de la potée d’étain, ou du rouge d’Angleterre ; ils frottent ensuite avec des limes de fer ou de cuivre, comme nous l’avons vu ci-devant, jusqu’à ce que la piece & la lime soient seches & brillantes : mais si la piece d’acier est fort délicate ; si, comme les pignons, elle a des sinuosités qu’une lime de fer ou de cuivre ne pourroit remplir que très-difficilement, pour lors ils prennent un bois dur, tel que le buis, avec du rouge, ou de la potée & de l’huile ; puis ils frottent, ainsi qu’il a été dit ci-dessus. Lorsque les parties, par leur structure ou leur disposition, sont difficiles à polir, les Horlogers ont alors recours à différens outils, tels sont les outils à faire des faces, à polir les vis, &c.

Polir, en terme de Lapidaire, c’est l’action de donner le brillant & l’éclat à une pierre en la frottant sur une roue plus ou moins dure, selon la qualité de la pierre, laquelle roue est humectée de tems en tems d’eau & de tripoli. Voyez Tripoli.

Polir, en terme d’Orfévre en grosserie, c’est au moyen de la pierre ponce, du tripoli & de la potée, adoucir jusqu’aux plus petits traits du rifloir ou de la lime douce, dont on s’est servi au réparage. Voyez Réparage.

Polir au papier, (Lunetier.) c’est après qu’un ver-

re a été travaillé au bassin, & poli avec l’éméril ou la

potée, on acheve le poliment sur un morceau de papier qu’on colle au fond du bassin où il a été fait.

Polir, en terme de Tabletier-Cornetier, est unir & rendre luisant les peignes qui ont reçu toutes leurs autres façons ; ce qui s’opere en les frottant avec force à l’aide d’un policien de tripoli & d’urine. Voyez Policien.

POLIS, (Géog. anc.) mot grec qui répond proprement a ce que nous appellons une ville. Ce nom a été donné à diverses villes, quelquefois seul, quelquefois joint avec un autre dont il étoit tantôt précédé, & tantôt suivi. Il y a divers endroits ainsi nommés ; savoir 1°. un village qu’Etienne le géographe dit être dans les îles, sans dire de quelles îles il entend parler ; 2°. un village dans le pays des Locres Ozoles, que Thucydide, liv. III. pag. 240. donne au peuple Hiæi ; 3°. une ville d’Egypte, selon Etienne le géographe, &c. (D. J.)

POLISSOIRE, s. f. (terme général.) Les polissoires sont différentes, suivant les ouvrages & les ouvriers. Les Doreurs sur métal en ont de fer pour préparer les métaux avant que de les dorer, & de pierre sanguine pour les brunir à clair, après qu’ils sont dorés. Les Doreurs en détrempe se servent aussi de la sanguine, & encore de dent de loup ou de chien, emmanchées dans du bois.

Polissoire, (Aiguillier.) c’est souvent le lieu ou l’établi, où se fait le poliment des aiguilles ; c’est ainsi que les Aiguilliers appellent la table sur laquelle ils dérouillent leur marchandise, & donnent le poli à leurs aiguilles, épingles, &c.

Polissoire des Couteliers, leurs polissoires sont des especes de meules de bois de noyer d’un pouce environ d’épaisseur, & d’un diametre à volonté : c’est sur ces meules que la grande roue fait tourner, qu’ils adoucissent & polissent leur ouvrage avec de l’émeril & de la potée, suivant l’ouvrage. (D. J.)

Polissoir, en terme de Doreur, est un morceau d’acier pointu sans être tranchant, fort poli ; il est monté sur un bâton, & sert à polir les pieces quand elles ont été gratées. Voyez Grater. Il y en a de toutes formes & de toute grosseur. Voyez Planches du Doreur, des ouvriers occupés à polir différens ouvrages.

Polissoir. Les Ebénistes appellent ainsi un instrument dont ils se servent pour polir leurs ouvrages. Il consiste en un faisceau de jonc fortement ficelé, comme une espece de gratte-bosse : on s’en sert pour polir l’ouvrage après qu’il a été frotté de cire. Il est représenté dans les Pl. de Marqueterie.

Polissoir de l’Eperonnier. Le polissoir ou brunissoir des Eperonniers, est un outil avec lequel ils polissent ou brunissent les ouvrages étamés. Cet outil est composé de deux pieces principales, de l’archet & du polissoir.

L’archet, qui est de fer, est d’un pié & demi, recourbé par les deux bouts, dont l’un est emmanché dans du bois pour lui servir de poignée, & l’autre est fait en crochet, pour y recevoir un piton à queue ; au milieu de l’archet est ce polissoir, qui est une petite piece d’acier ou de fer bien aciéré, large par en-bas de deux pouces, & longue de trois, qui est rivée à l’archet, & qui le traverse.

Pour se servir de cet outil, l’on met dans le grand étau de l’établi un morceau de bois quarré par le bout, par où le mords de l’étau le serre ; le piton de l’archet ayant été enfoncé par sa queue dans un trou que ce bois, qu’on appelle bois à polir, a du côté qu’il est engagé dans l’étau, l’ouvrier prend de la main droite l’archet par son manche ; & tenant de la gauche l’ouvrage qu’il veut polir, qu’il appuie sur l’extrémité arrondie du bois, il y passe à plusieurs reprises le polissoir qui tient à l’archet ; c’est ce qu’il réitere