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vaisseau. Elle doit être signée par le maître ou par l’écrivain du bâtiment. Voyez Connoissement. Dictionn. de Commerce.

Police signifie aussi billet de change ; mais ce terme n’est en usage que sur mer ou sur les côtes. Voyez Billet de change. Dictionn. de Comm.

Police, (Fondeur de caracteres d’Imprimerie.) elle sert pour connoître la quantité qu’il faut de chaque lettre en particulier, pour faire un caractere complet & propre à imprimer un livre. Cette police est un état de toutes les lettres servant à l’impression, où est marqué la quantité qu’il faut de chacune d’elles relative à leur plus ou moins d’usage, & à la quantité de livres pesant que l’Imprimeur voudra avoir de caractere.

Il demandera, par exemple, un caractere de cicero propre à composer quatre feuilles, ce qui fera huit formes. Pour cet effet on fera une fonte dont le nombre de toutes les lettres montera à cent mille, qui peseront trois cens vingt à trois cens trente livres, qui, avec les quadrats & espaces, feront environ quatre cens livres, parce que la feuille est estimée cent livres. Pour remplir ce nombre de 100000 lettres, on fera cinq mille a, mille b, trois mille c, dix mille e, six cens &, deux mille virgules, trois cens A capitaux, deux cens de chaque des chiffres, & ainsi des autres lettres à proportion.

POLICHNA, (Géog. anc.) il y a quatre villes de ce nom ; savoir, 1°. celle de la Troade, près de Palæscepsis, qui étoit, comme nous l’apprend Strabon, liv. XIII. pag. 603. au sommet du mont Ida. Il est parlé de cette ville dans Thucydide, l. VIII. p. 171. ainsi que dans la notice d’Hiéroclès, qui la place dans la province de l’Hellespont. Les habitans de Polichna sont nommés Polichnæi par Pline, liv. V. ch. xxx. 2°. Celle de Crete, selon Etienne le géographe ; Hérodote, l. VII. ch. clxx. nomme les habitans de cette ville Polichnitani. 3°. Celle de l’Argie ; Polybe, l. IV. n°. 36. dit qu’elle fut prise par Lycurgue. 4°. Enfin, celle de Sicile au voisinage de Siracuse, selon Diodore de Sicile, l. XIII. & XIV. (D. J.)

POLICHNION, (Géog. anc.) selon Denis de Byzance, & fanum Europæ Byzantinorum, selon Strabon & Polybe. Aujourd’hui on nomme cette petite ville Jeron Romelias, parce qu’elle est située en Europe dans la Romélie ; elle est au voisinage de Constantinople. Petrus Gillius, de Bosphoro Thracio, liv. II. ch. xix.

POLIÉES, s. f. pl. (Antiq. grecq.) πολιεία, fête solemnelle qu’on célébroit à Thèbes en l’honneur d’Apollon, surnommé πολιὸς, c’est-à-dire le gris, parce que par un usage contraire à celui de toute la Grece, ce dieu étoit représenté dans cette ville avec des cheveux gris. Potter, Archæol. græc. tom. I. p. 426.

POLICHINELLE, s. m. (Liltér.) sorte de bouffon, bossu, contrefait, imbécille, qu’on employe dans les farces, & dont le personnage contraire s’appelle le compere.

POLIECIN, s. m. en terme de Tabletier cornetier, est un morceau de feutre ou gros chapeau plié en plusieurs doubles, dont on se sert pour polir les peignes. Voyez Polir, voyez les Pl.

POLIEUS, (Mythol.) Jupiter avoit un temple dans la citadelle d’Athènes sous le nom de polieus, c’est-à-dire protecteur de la ville. Lorsqu’on lui sacrifioit, on mettoit sur son autel de l’orge mêlé avec du froment, & on ne laissoit personne auprès ; le bœuf qui devoit servir de victime, mangeoit un peu de ce grain en s’approchant de l’autel ; le prêtre destiné à l’immoler, l’assommoit d’un coup de hache, puis s’enfuyoit ; & les assistans, comme s’ils n’avoient pas vû cette action, appelloient la hache en juge-

ment. Pausanias qui raconte cette cérémonie, n’en

rend aucune raison. (D. J.)

POLIGNANO, (Géog. mod.) en latin Polinianum & Pulianum ; petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Bari, sur le golfe de Venise, où elle avoit un port qui fut comblé par les Vénitiens ; elle est à 8 milles au sud-est de Bari, dont son évêché établi au douzieme siecle, est suffragant. Long. 34. 50. lat. 40. 55.

POLIGNY, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la Franche-Comté, chef-lieu d’un bailliage de même nom sur un ruisseau qui va se perdre dans le Doux, à 6 lieues au sud-ouest de Salins, & à douze de Besançon. Elle est jolie, & composée d’environ 3000 habitans. Il y a une collégiale exempte de la jurisdiction archiépiscopale, une maison des PP. de l’Oratoire, quatre couvens d’hommes, & un d’Ursulines.

Poligny est appellé Polemniacum dans le partage de Lothaire, entre Louis le germanique & Charles le chauve en l’année 870. Dans le siecle suivant, il est nommé Poliniacum ; c’est un lieu ancien qui étoit situé dans le pays de Warasche, pagus Warascus, ainsi nommé des peuples Warasci, qui faisoient partie des Séquaniens, & étoient établis sur le Doux des deux côtés de la riviere. Long. de Poligny, 23. 21. latit. 46. 50.

Oucin (Gad de) dominicain, poëte & écrivain du quatorzieme siecle, étoit de Poligny, & traduisit en vers françois la consolation philosophique de Boëce en 1336 ; traduction que divers écrivains de nos jours attribuent, je crois, mal-à-propos à un autre dominicain du même tems nommé frere Regnault de Louens, poëte inconnu à Fauchet, la Croix du Maine, du Verdier, Sorel, Goujet, & autres bibliothéquaires françois.

C’est par une assez plaisante équivoque que les PP. Quetif & Echard, les plus récens bibliographes des écrivains de leur ordre de S. Dominique, ont fait Gad de Oucin polonois, au lieu de françois & bourguignon. F. Gad de Oucin, disent-ils, natione polonus, nostris nomenclatoribus hactenùs incognitus, hoc eodem anno M. CCC. XXXVI. in Galliis agebat. Parisios forte de more pro ratione provinciæ suæ missus ad Gymnasium san-jacobeum, linguam gallicam, qualem tunc loquebantur, familiarem sibi fecit ; & cela en conséquence de ces vers qu’ils ont lûs à la fin d’un ouvrage qu’ils lui attribuent :

Fut cil romans à Poloignie
Dont li freres s’est pourloignie,
Qui le romans en rime a mis,
Dieu gart au frere ses amis.

Or ce Pouloignie pris pour la Pologne par les PP. Quetif & Echard, n’est autre chose que la petite ville de Poligny en Franche-Comté. Cette bévue est d’autant plus surprenante de la part de ces deux habiles bibliographes, qu’ils n’ignoroient point avoir une maison ou un couvent de leur ordre à Poligny, domus polinianensis, & qu’ils en ont fait eux-mêmes mention deux ou trois fois dans leurs écrits ; c’est d’ailleurs ce qu’ils auroient appris de Borel & de du Verdier, qui ayant vû le Boëce en manuscrit, dit qu’il est d’un moine de Poligny, & en copie ses six vers de la fin.

L’an mil trois cens six avec trente,
Le derrain jour de Mai prenez,
Si sçaurez quand à fin menez
Fut ce roman à Poligny.
Donc le frere est de Poligny,
Qui ce romans en rime a mis.

Au reste, la tradition en vers françois de Boëce, par le frere Oucin, n’est pas la premiere, car elle