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l’odeur est plus supportable, ou qui est à meilleur marché.

C’est une chose digne de remarque, que dans tous les arts lorsque les ouvriers ont à opérer sur de petites pieces, ou que leurs doigts ne sauroient tenir fermement, qu’ils se servent de différentes tenailles, poignées, valets, ou autres inventions, dont les uns retiennent le petit corps sur lequel ils veulent opérer par une sorte de soudure, comme par exemple la poignée des Graveurs, qui est le sujet de cet article ; d’autres seulement par la pression de quelques parties de l’ouvrage entre d’autres parties de la machine qui sert à les tenir, comme, par exemple, l’étau, voyez Etau. Le même besoin qui fait que nos ouvriers se servent encore de ces inventions, est celui qui jadis les a fait inventer.

Poignées dont les Facteurs d’orgue se servent pour tenir les fers à souder avec lesquels ils soudent les tuyaux & autres pieces de plomb ou d’étain dont l’orgue est composée, sont des demi-cylindres de bois DE, fig. 28. Pl. d’orgue, convexes-concaves. Pour faire des poignées on prend une petite buche de bois de chêne bien ronde, & assez grosse pour remplir la main ; on coupe cette buche par tronçons d’environ un demi-pié de long : chaque tronçon, que l’on fend en deux parties égales, selon le fil du bois & le diametre de la buche, fait une poignée. Lorsque les deux moitiés sont séparées, on creuse dedans avec un ciseau une espece de gouttiere E qui doit occuper toute la longueur de la poignée ; ces gouttieres reçoivent le manche ou la queue du fer à souder ABC, qui doit entrer juste dedans, afin que lorsque l’on serre les deux poignées l’une vers l’autre, le fer ne puisse échapper. Après que les deux moitiés de la poignée sont faites, on colle un morceau de peau qui joint les deux parties ensemble, afin de ne point les dépareiller.

Poignée, en terme de Metteur en œuvre, est une moitié de fuseau sur le gros bout de laquelle on met du ciment pour y affermir les pierres qu’on veut travailler, l’autre bout allant toujours en diminuant, entre dans la boule à sertir, voyez Boule a sertir. Voyez Pl. du Metteur en œuvre.

Poignée, en terme d’Orfevre en grosserie, c’est la partie d’un chandelier sur laquelle est la place de la main quand on veut le transporter. La poignée commence ordinairement & finit par un panache. Voyez Panache.

Poignée, (Salines.) Ce terme est un usage dans le négoce de la saline, & signifie deux morues. Ainsi l’on dit une poignée de morue, pour dire deux morues. En France les morues se vendent sur le pié d’un certain nombre de poignées au cent, & ce nombre est plus ou moins grand, suivant les lieux. A Paris, le cent est de cinquante-quatre poignées ou cent huit morues ; à Orléans, à Rouen, & dans tous les ports de Normandie, le cent est de soixante-six poignées, ou cent trente-deux morues. A Nantes, & dans tous les autres ports du royaume, le cent est de soixante-deux poignées, ou cent vingt-quatre morues. Diction. de Comm. (D. J.)

POIGNET, s. m. (Gramm.) l’endroit où la main finit & où le bras commence, & où se fait le mouvement de la main.

Poignet, terme de Lingere, c’est la partie de la chemise ou d’autre ouvrage de toile où sont les arrieres points & les pommettes.

On appelle aussi poignets des fausses manches qu’on met dans quelques pays, pour conserver propres les manchettes & les poignets des chemises. (D. J.)

POILS, s. m. (Anatomie.) ce qui croît sur la peau de l’animal en forme de filets déliés. Voyez Peau.

Il y a de deux sortes de poils ; les uns dont nous parlerons plus loin, naissent de leur propre bulbe

dans la graisse ; les autres sont plus courts, & ne percent pas la peau, ils paroissent venir des papilles ; mais soit qu’ils en viennent ou de plus loin, c’est-à-dire de la membrane cellulaire, ils ont une tige molle qui se distingue sous l’épiderme, s’éleve au-dessus de la peau, trouve une propre fossette dans l’épiderme, entre dans un entonnoir quelquefois long de deux lignes, & de la surface de l’épiderme arrive au poil ; & ne faisant qu’un tout avec ce même petit entonnoir, devenu cylindrique, se change ainsi en poil, qui pour cette raison suit l’épiderme lorsqu’on l’arrache.

Presque tous les auteurs n’ont décrit que les poils plantés dans la graisse ; ils se démontrent beaucoup plus facilement qu’ailleurs, à la tête & au pubis ; & les animaux n’en ont que de cette espece, suivant Malpighi, Chirac, &c. Il y a dans la membrane adipeuse des bulbes ou follicules propres, d’où le poil prend son origine, étant d’abord elliptique ; ils deviennent pointus & grêles vers la peau, ou ronds de toutes parts. Le bulbe reçoit des artérioles, de petites veines, des nerfs qui se divisent tous dans la membrane du bulbe ; &, suivant Chirac, des fibrilles tendineuses qui viennent de la peau. Du sein du bulbe s’éleve la tige cylindrique & molle du poil que forment la membrane extérieure du bulbe & la moëlle contenue en dedans, avec les parties internes du bulbe, de laquelle naissent divers filamens très-fins, qui se joignent en une seule tige. Cette moëlle est, dit-on, coupée de rides transverses & inégales quand la tige parvient à la peau ; elle se fait un trou ou dans la peau, ou au-travers de quelque papille, ou d’une glande sebacée, & alors elle entre dans sa gaîne, comme on l’a dit ; elle a deux enveloppes, dont l’externe est fournie par l’épiderme, l’autre est fournie par le bulbe ; ce que je ne crois pas qu’ait observé Malpighi, lui qui a cependant vû les tuyaux élémentaires de l’enveloppe du poil. Les poils viennent solitaires le plus souvent dans l’homme, par paquets dans les oiseaux ; ils ne naissent pas seulement dans la graisse sous cutanée, mais souvent dans celle qui se trouve dans les diverses parties internes du corps, dans l’ovaire, dans l’épiploon, dans la matrice, dans l’estomac & ailleurs.

Tous les quadrupedes sont des animaux à poils ; parmi les oiseaux, les uns ont des poils qui poussent toujours, & aux autres ils ne poussent que lorsqu’ils sont jeunes. L’homme n’a qu’un petit nombre de poils courts, excepté à la tête. Les gens malpropres qui ne changent pas de linge, qui vivent dans les forèts, sont velus comme des satyres : c’est par cette raison qu’on voit quelquefois des femmes qui ont de la barbe : on en a vu qui avoient tout le visage & tout le corps couverts de poils. Dans les pays chauds, les animaux ont peu de poils, qui tombent facilement ; & c’est dans les pays froids qu’on trouve ces belles peaux d’ours & de renards. Les negres qui habitent la zone torride ont peu de poils ; ils sont courts & cotonneux. L’histoire ne nous rapporte cependant pas que les Laponois & ceux de la Groënlande soient plus velus que nous, quoique la barbe, & sur-tout les cheveux soient plus abondans & plus clairs dans le Nord.

M. Winslow fait venir l’huile qui enduit les poils du bord même de la fossette qui lui donne passage ; & cela paroît devoir être toutes les fois que le poil se fait jour par un follicule. Porrius cite des trous très-fins, par lesquels transsude la moëlle interne même ; il met les plus grands au bulbe, & les petits vers la pointe du poil : mais personne ne les a vûs, ni l’auteur même, si ce n’est dans les poils de cochon. Chirac dit que la membrane même du bulbe est glanduleuse ; ce qu’il y a de certain, c’est que les glandes cutanées abondent par tout où il y a des poils. Ce li-