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tent & ne peuvent plus s’effacer ; ainsi il paroît que cette maniere de dessiner convient mieux à ceux qui exécutent librement, qu’à ceux qui commencent. Pour apprendre à bien manier la plume, les estampes des Carraches sont d’excellens modeles. Quant à leurs desseins à la plume, ils sont touchés avec tant d’esprit & de goût, qu’il faut être bien avancé pour en profiter. Il y a plusieurs sortes d’encres employées par ceux qui dessinent à la plume ; il y en a de noire, de verte, de bleue, de rouge, mais l’encre de la Chine est celle dont on fait le plus d’usage. (D. J.)

PLUMÉE ou GOUTTIERE, (Coupe des pierres.) est une excavation faite dans la pierre au marteau, ou avec le ciseau, suivant une cherche ou une regle en quelque position qu’elle soit. Ce nom vient apparemment de la ressemblance de la découverte que l’on fait de la peau d’un oiseau en ôtant la plume.

PLUMER, v. act. c’est dépouiller de ses plumes ; on plume les oies tous les ans sur la poitrine, sous les aîles, & cette plume s’emploie en coussins, en oreillers, en matelats.

PLUMERIA, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante auquel Tournefort a donné ce nom en l’honneur du R. P. Plumier, qui a employé plusieurs années à la recherche des plantes américaines, dont il a publié un catalogue, outre deux volumes in-fol. sur le même sujet.

La plumeria ressemble à l’apocynum, & contient beaucoup de lait. L’extrémité du pédicule pénetre dans un petit calice d’une seule feuille, d’où sort la fleur de même que dans le nerium, avec cette différence qu’elle n’a point de couronne. L’ovaire qui croît au fond du calice se change en un gros fruit, oblong, fait comme une gaîne, s’ouvre dans sa longueur, & contient une grande quantité de semences disposées de la même maniere que dans l’apocynum, mais aîlées.

Le pistil de ce genre de plante s’éleve du calice, & est fixé en maniere de clou à la partie du derriere de la fleur. Le fruit dans lequel il se change est ordinairement double : les semences sont placées comme des écailles les unes sur les autres dans leurs gaînes, & attachées au placenta.

Tournefort compte trois especes de ce genre de plantes ; savoir, une à fleur très-odorante, couleur de rose ; la seconde, à fleurs d’un blanc de neige, & à longues feuilles étroites & pointues ; & la troisieme à fleurs blanches, mais à feuilles courtes & obtuses.

Ces plantes croissent sans culture aux Indes espagnoles, d’où elles ont été transportées dans les colonies angloises, où on les cultive dans les jardins. La premiere espece est plus commune à la Jamaïque & aux Barbades : ses fleurs répandent une excellente odeur : elles naissent en bouquets à l’extrémité des tiges, & paroissent une grande partie de l’année ; mais le suc laiteux de ce genre de plante est très caustique, & passe pour un violent poison. (D. J.)

PLUMET, s. m. en terme de Plumasserie, n’est souvent qu’une simple plume d’autruche, placée à plat & cousue sur les bords du chapeau, de sorte qu’elle paroît au-dessus du chapeau, dont elle fait à-peu-près tout le tour.

Plumet, s. m. (Comm.) c’est ainsi qu’on nomme à Paris des gagne-deniers ou gens de peine qui travaillent sur les ports, places & halles de la ville, à porter sur la tête le charbon, les grains, la farine, &c. ce sont proprement les aides des jurés-porteurs de grains, farine & charbon. Dictionn. de commerce.

Plumet de pilote ou panon, (Marine.) ce sont plusieurs plumes que l’on met dans un petit morceau de liege, & qui voltigeant au gré du vent, font connoître d’où il vient plus précisément que les girouettes. Les mariniers hollandois ne s’en servent point : ils ne savent ce qu’on veut dire quand on leur en parle.

Plumet, terme de Muletier, ils appellent plumets, des plumes de coq, qu’ils mettent sur la couverture des mulets.

PLUMETÉ, adj. en terme de Blason, est la même chose que le moucheté ou papillonné. Ceba à Gènes, plumeté d’argent & d’azur.

PLUMITIF, s. m. (Jurisprud.) qu’on appelloit autrefois plumétif, est un registre ou cahier, sur lequel les greffiers écrivent les jugemens sur le champ à mesure que le juge les prononce, ce qu’ils ne peuvent faire qu’à la hâte, & même communément par abrégé, en attendant qu’ils en écrivent la minute tout au-long & au net.

On appelle greffier ou plumitif celui qui tient la plume à l’audience. Voyez au mot Greffier.

Les experts sont aussi sur les lieux une espece de plumitif ou sommaire, qui leur sert ensuite à dresser la minute de leur rapport à tête reposée. Lorsque les juges sont présens à la visite, ils ne signent guere ce plumitif, à-moins que les parties ne le requierent. Voyez ce que dit Ferrieres à ce sujet sur l’article 184. & 185. de la coutume de Paris. (A)

PLUMOTAGE, s. m. (Raffinage de sucre.) il se dit d’une façon que l’on donne à la terre qui sert au raffinage en la rafraîchissant & la paîtrissant, sans l’ôter de dessus le sucre, & en y versant dessus une ou deux cueillerées de terre-claire. Les connoisseurs défendent aux Raffineurs de faire le plumotage, à cause du dommage que le maître de la sucrerie en reçoit ordinairement par la précipitation du coulage, qui rend les pains plus légers qu’ils ne devroient être à proportion de la matiere qu’on a mise dans les formes. Le P. Labat.

PLUNTERIES, (Antiq. greq.) fête que les Athéniens célébroient tous les ans en l’honneur de Minerve, adorée sous le nom d’Agraule ; c’est ce qui a trompé Hésychius & autres, qui ont cru que cette fête étoit célébrée en l’honneur d’Agraulé, fille de Cécrops. A cette fête on dépouilloit la statue de la déesse & on la lavoit, ce qui lui donna le nom de Plunteria. Ce jour étoit regardé comme un des jours malheureux : on environnoit les temples d’un cordon pour marquer qu’ils étoient fermés, comme cela se pratiquoit dans tous les jours funestes, & on portoit en procession des figues seches, parce que c’étoit le premier fruit que les Athéniens avoient cultivés, & ils attribuoient cette faveur à Minerve. Solon ordonna que dans la célébration de cette fête on ne jureroit que par les trois noms de Jupiter propice, Jupiter expiateur & Jupiter défenseur. Xénophon ajoute qu’il étoit défendu de faire aucun ouvrage dans les plunteries. (D. J.)

PLURALITÉ, s. f. (Jurisprud.) quantité discrete, qui consiste en deux ou en un plus grand nombre d’unité. Voyez Unité.

M. Huyghens a prétendu prouver la possibilité de la pluralité des mondes dans son Cosmothéores. M. de Fontenelle a fait un traité de la pluralité des mondes.

Voyez le principal argument dont on s’est servi pour prouver la pluralité des mondes aux mots Lune, Planete, Terre.

La plus grande absurdité de la religion païenne étoit la pluralité des dieux. Voyez Dieu.

Pluralité de bénéfices, terme de droit ecclésiastique, est la possession de deux ou un plus grand nombre de bénéfices à charge d’ames, par un même ecclésiastique. Voyez Bénéfice.

L’Eglise n’a pas approuvé la pluralité des bénéfices, quoiqu’elle l’ait tolérée. Voyez Bénéfice.

La modicité des bénéfices a servi d’abord de prétexte à leur pluralité. Un ecclésiastique ne pouvant subsister avec un seul bénéfice, il fut permis d’en avoir plusieurs, & ce nombre à la fin n’eut plus de bornes.

On voulut réprimer cet abus sous Alexandre III.