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chaleurs de l’été ; ce fumier étant rempli de sels & d’esprits végétaux fondra par le moyen des arrosemens sur les racines des arbres.

Planter un bâtiment, v. act. (Archit.) c’est disposer les premiere assises des pierres dures d’un bâtiment sur la maçonnerie des fondemens dressée de niveau suivant les cotes & mesures.

Planter des pieux (Archit. hydraul.) c’est enfoncer des pieux avec la sonnette ou l’engin, jusqu’au refus du mouton ou de la hie.

Planter les formes, en terme de Rafineur, est l’action de les arranger dans l’emploi sur trois files & de les appuyer les unes contre les autres, & de soutenir le dernier rang par de mauvaises formes de deux en deux, pour les empêcher de tomber : elles sont plantées la pointe en-embas, & d’aplomb.

Planter le sucre, en terme de Rafinerie, c’est l’action de dresser les formes sur les pots dans les greniers, toutes à même hauteur, & le plus d’aplomb qu’il est possible, afin que l’eau de la terre dont on couvre ces formes, filtre également à travers tout le pain. Il semble que les formes & les pots étant faits dans le même moule propre à chacun, cette grande attention de planter à la même hauteur sur-tout, seroit inutile, puisque les uns & les autres devroient être également grands. On répond à cela que malgré la justesse des moules, & les soins de l’ouvrier qui les fait, la terre se cuit & travaille plus ou moins, selon le degré de chaleur qu’elle trouve dans le four qu’il est impossible de chauffer également dans tous ses coins. On ne peut donc remédier à cette inégalité de hauteur & de grandeur qui se trouve dans les pots & dans les formes, qu’en plantant les plus grandes sur des petits, & les moindres sur de plus grands, afin de donner à l’un ce que l’autre a de trop, le seul moyen de les rendre égaux. On évite par là les malheurs qui pourroient s’ensuivre de la maladresse des ouvriers qui sont obligés de travailler sans cesse au-dessus de ces formes, & même souvent de pousser en avant sur elles des sceaux pleins de terre, quand il est question de couvrir. Voyez Terre & Couvrir.

PLANTE-VER, (Hist. nat.) nom d’une prétendue plante envoyée de la Chine en Europe. Son nom chinois hia-tsao-tom-tchom signifie plante en été, & ver en hiver. C’est une racine de l’extrémité de laquelle sort une figure d’un ver sec & jaunâtre, de neuf lignes, où l’on distingue sensiblement la tête, les piés, le ventre de l’animal, & jusqu’à ses yeux & les plis de son dos ; mais cela même qui fait la merveille pour les Chinois, & la feroit bien aussi pour le commun des Francois, la détruisit pour l’académie : on s’apperçut bien vîte que c’étoit une vraie dépouille de quelque chenille ; & M. de Réaumur s’en assura pleinement par un examen plus particulier. On prend la figure de ver pour une partie & un prolongement de la racine, parce qu’en effet elle y tient étroitement ; & par-là on croit que cette portion de la racine est devenue ver : mais en y regardant de plus près, M. de Réaumur a fort bien vu que la substance de la racine ligneuse à l’ordinaire, étoit toute différente de celle qui reste du ver. Il juge que la chenille prête à se métamorphoser en nymphe ou en aurélie, ronge l’extrémité de la racine, y fait une cavité où elle introduit sa queue, qui s’y peut attacher encore par quelque viscosité du corps de l’animal, & qu’ainsi elle se ménage un point fixe, un appui pour se débarrasser plus aisément de l’enveloppe qu’elle doit quitter.

Il n’est point singulier qu’un ver qui se transformera, vive jusques-là sous terre, on en a plusieurs exemples ; il y en a aussi qui ne se cachent sous terre que pour se transformer ; la chenille de la Chine sera dans l’un ou l’autre cas. On ne peut trop remercier les physiciens qui nous guérissent de notre penchant

superstitieux pour les fausses merveilles ; il y en a tant de véritables, dignes de nous occuper ! (D. J.)

PLANTEUR, s. m. (Colon. angl.) les Anglois nomment planteurs les habitans qui passent dans de nouvelles colonies pour établir des plantations, ce qui les distingue des avanturiers, qui sont ceux qui prennent des actions dans les compagnies formées pour soutenir ces colonies : les planteurs se nomment en France habitans, colons, ou concessionnaires, & les avanturiers actionnaires. Savary. (D. J.)

PLANTOIR, s. m. (Jardinage.) outil de jardinier en forme de bâton aiguisé, au bout duquel il y a du fer pour faire un trou en terre.

Il y en a de deux sortes ; le grand plantoir qui sert à planter les bouis des parterres dans les naissances & contours des broderies où l’on ne peut planter à la rigole : celui-ci est plat, large d’un pouce & demi, & armé de fer par le bout ; son manche est recourbe par le haut.

Le petit plantoir n’est qu’une cheville ronde d’une médiocre grosseur, pointue d’un bout & courbée de l’autre ; c’est avec ce plantoir qu’on transplante & qu’on met en place les plantes qu’on a semées & élevées sur des couches. (D. J.)

PLANUM, os planum, en Anatomie, comme qui diroit os dont la surface est plate, c’est la lame qui se remarque à la partie latérale externe de l’os ethmoïde, à laquelle les anciens avoient donné ce nom. Voyez Ethmoïde.

PLANURE, s. f. terme d’Ouvriers en bois, c’est le bois que la plane coupe, & qui tombe aux piés de l’ouvrier qui plane. (D. J.)

PLAQUE, s. f. (Conchyliol.) on appelle en Conchyliologie, plaque ou couche, la membrane charnue que quelques coquillages font sortir de leur écaille pour pouvoir marcher. (D. J.)

Plaque, (Archit.) Voyez Contrecœur.

Plaque de couche, terme d’Arquebusier, c’est une plaque de fer, de cuivre, ou d’argent, que les Arquebusiers mettent pour garnir le bout de la crosse de fusil ; cette plaque est aussi longue & aussi large d’un côté que la face du bois qui s’appuie sur l’épaule, & le côté qui revient en-dessus de la crosse finit en pointe & est façonné ; ces deux côtés sont assujettis sur le bois avec deux vis, que l’on appelle vis de plaque.

Plaque de barre a aiguille, (Bas au métier.) Voyez Métier à bas.

Plaque, en terme de Blanchisserie de cire, est un morceau de fer-blanc de la forme d’une portion d’entonnoir, qu’on attache au robinet de la cuve, pour ramasser la cire qui en tombe au même point. Voyez nos Planches de la Blanchisserie des cires, & l’article Blanchir.

Plaque, est encore, parmi les Ciriers, une espece de poële percée & peu profonde, qu’on met sur le réchaut de feu pour modérer la chaleur, qui feroit jaunir la cire, si elle étoit trop vive. Quand elle l’est à un certain point, on met la plaque le fond dessous, pour l’étouffer & le ralentir ; quand elle est montée à un degré moindre, on met la plaque le fond en-dessus, afin d’empêcher simplement de pousser davantage. Voyez nos Planches du Cirier.

Plaque, en terme d’Epinglier, se dit d’une lame d’étain coupée en rond, un peu repliée sur les bords, & sur laquelle on étend les épingles pour les étamer ou blanchir. Voyez Blanchir. Il faut que les plaques soient de l’étain le plus fin ; elles peuvent servir jusqu’à ce qu’elles soient tombées en lambeaux. Voyez les Planches de l’Epinglier.

Plaques, (Comm. des Indes.) nom que l’on donne à certains morceaux d’or ou d’argent de divers poids & titres, qui ont retenu la figure des vaisseaux dans lesquels ils ont été fondus ; on tire des Indes &