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Piment, (Diete & Mat. med.) poivre d’Inde ou de Guinée, corail de jardin.

Cette plante croît naturellement en Guinée & dans le Brésil. On la cultive en abondance dans les pays chauds, comme en Espagne, en Portugal, & dans les provinces méridionales du royaume. Les fruits ou gousses de cette plante ont une saveur âcre & brûlante, sur-tout dans leur état de maturité, c’est-à-dire lorsqu’elles sont devenues rouges. On rapporte cependant que les Indiens les mangent dans ce dernier état sans aucune préparation ; ce qui est peu vraissemblable, du moins si ces fruits ont dans ces climats la même âcreté que dans le nôtre : car on ne sauroit mâcher un instant un morceau de notre piment, même avant la maturité, sans se mettre la bouche en feu : nulle habitude ne paroît capable de faire un aliment innocent d’une matiere aussi active. Les habitans des pays de l’Europe où on cultive le piment, en cueillent les gousses lorsqu’elles sont encore vertes, & qu’elles n’ont pas acquis tout leur accroissement. Dans cet état elles sont encore très-âcres, & fort ameres, mais d’autant moins qu’elles sont moins avancées. Les moins âcres ne sont point encore mangeables sans préparation, & peut-être même sont-elles naturellement dangereuses ; car le piment est de la classe des morelles, dont la plupart des especes sont venéneuses (voyez Morelle), & dont le correctif est l’acide, comme nous l’avons aussi observé à cet article.

Quoi qu’il en soit, on prépare les gousses vertes de piment pour l’usage de la table, en les faisant macerer pendant un mois au moins dans de fort vinaigre, après les avoir ouvertes par une ou plusieurs incisions profondes.

On les mange communément en salade avec l’huile & le sel, après en avoir séparé par une forte expression, le plus de vinaigre qu’il est possible. On a coutume d’y ajouter du persil & de l’ail hachés : c’est-là un mets fort appétissant, point mal-sain, & fort usité dans les provinces méridionales du royaume, mais seulement parmi les paysans, les gens du peuple, & les sujets les plus vigoureux & les plus exercés de tout état, tels que les chasseurs, &c. Le piment est très-peu alimenteux ; il ne sert, comme on parle vulgairement, qu’à faire manger le pain. Il convient très fort aux personnes dont nous venons de parler, aux gens forts & vigoureux, & sur-tout dans les climats chauds, & pendant les plus grandes chaleurs, comme résistant efficacement au relâchement, à l’affaissement, à la lassitude que le grand chaud procure (voyez Climat, Med.) ; les sujets délicats ne sauroient s’en accommoder, le piment les mettroit en feu ; il irriteroit d’une maniere dangereuse les estomacs sensibles.

On ne se sert point du piment à titre de remede ; on pourroit cependant en espérer de très-bons effets contre les digestions languissantes, l’état de l’estomac vraiment relâché, perdu : il paroît très-capable de réveiller puissamment le jeu de cet organe. (b)

Piment, s. m. (Hist. des mod.) sorte de liqueur dont on faisoit autrefois usage en France, ainsi que du clairet & de l’hypocras. Les statuts de Clugni nous apprennent ce que c’étoit que le piment. Statutum est ut ab omnis mellis, ac specierum (épices) cum vino confectione, quod vulgari nomine pigmentum vocatur, fratres abstineant. C’étoit donc un breuvage composé de vin, de miel & d’épices. Dans les festins de la chevalerie, les écuyers servoient les épices, les dragées, le clairet, l’hypocras, le vin cuit, le piment, & les autres boissons qui terminoient toujours les festins, & que l’on prenoit encore en se mettant au lit ; ce que l’on appelloit le vin du coucher. (D. J.)

PIMENTADE, s. f. terme de relation, nom d’une sauce dont les Insulaires se servent pour toutes sortes

de mets. Elle tire ce nom du piment des îles, parce qu’il en fait la principale partie. On l’écrase dans de suc de manioc qu’on fait bouillir, ou dans de la saumure avec de petits citrons verds. La pimentade ne sert pas seulement pour éguiser les sauces, on l’emploie aussi à laver les negres que l’on a écorchés à coups de fouet. C’est un double mal qu’on leur cause, dans l’idée d’empêcher la gangrene des plaies qu’on leur a faites par une premiere inhumanité.

PIMIENTA, s. f. (Botan.) nom que donnent les Anglois au poivrier de la Jamaïque. Voyez Poivre de la Jamaïque. (D. J.)

PIMPILENI ou PEPELI, s. m. (Hist. nat.) noms qu’on donne à Bengale au poivre-long. Voyez Poivre.

PIMPINICHI, (Botan. exot.) petit arbre des Indes qui a la figure d’un pommier, & dont parle Monard dans son Hist. des simples de l’Amérique. On fait à cet arbrisseau des incisions par lesquelles il répand un suc visqueux, blanc & laiteux. Ce suc est un violent purgatif dont on se sert pour évacuer la bile & les sérosités : on en met dix ou douze gouttes dans un verre de vin ; & si l’opération est trop violente, on l’arrête en prenant quelque liqueur adoucissante.

PIMPLA, (Géog. anc.) Pimpleius ou Pimpleus ; montagne de Bœotie voisine de l’Hélicon, & consacrée aussi-bien que ce mont célebre aux divines muses ; ce qui fait qu’Horace, lib. I. ode xxvj. en s’adressant à sa muse, l’appelle Pimplea dulcis ; & c’est ce qui fait dire à Catulle, carm. 103. Pimpleum scandere montem. Ce n’est donc point d’une fontaine de Macédoine, comme l’a cru Festus, mais du mont Pimpla, que les Muses ont été surnommées Pimpléides. Je suis toujours confondu de voir les Bœotiens décriés pour les peuples les plus grossiers de toute la Grece, tandis que c’est en Bœotie que se trouvent les lieux où la Mythologie place le séjour des Muses. C’est en Bœotie qu’étoient les fontaines d’Aganipe, d’Aréthuse, de Dircé & d’Hippocrene, tant chantées dans les écrits des poëtes. Les Turcs ignorent tout cela ; à peine savent-ils que leur Livadie renferme l’Etolie, la Doride, la Phocide, l’Attique, & la Bœotie des anciens.

PIMPLÉES, (Littérat.) ou Pimpléides ou Pimpléiades, surnom des Muses. Strabon dit que Pimplée étoit le nom d’une ville, d’une fontaine & d’une montagne de Macédoine. Les Thraces le transporterent à une fontaine de Bœotie, qu’ils consacrerent aux Muses ; & de-là elles furent nommées Pimplées par les Poëtes. (D. J.)

PIMPLENOSE, (Hist. nat. Botan.) c’est le nom que les Anglois donnent à un fruit des Indes orientales de la grosseur du citron, dont l’écorce est épaisse, tendre & remplie d’inégalités : ce mot signifie nez bourgeonné. Cette écorce renferme une grande quantité de graines de la grosseur d’un grain d’orge & remplis de jus ; le goût en est très-agréable, sur-tout celui du fruit qui croît dans l’île de Sumatra.

PIMPOU, s. m. (Hist. mod.) tribunal de la Chine où les affaires qui concernent les troupes sont portées.

PIMPRENELLE, s. f. (Hist. nat. Botan.) pimpinella ; genre de plante à fleur monopétale, en forme de rosette, & divisée jusqu’au centre en quatre parties. Cette fleur a plusieurs étamines, ou un pistil frangé. Le calice devient dans la suite un fruit, le plus souvent quadrangulaire & pointu aux deux bouts, qui a tantôt une seule capsule, & tantôt deux, & qui renferme des semences presque toujours oblongues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort établit douze especes de ce genre de plante. La plus commune est celle qui est nommée pimpinella sanguisorba, minor, hirsuta & levis, par C. B. P. 160. & dans les I. R. H. 157. en anglois, the common pimpernell, called Burnet saxifrage.