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que souvent les pilum avoient renversé ses premiers rangs.

Cet usage du pilum se trouve démontré dans les commentaires de César, & sur-tout dans le récit de la bataille de Pharsale. « Il n’y avoit, dit-il, entre les deux armées qu’autant d’espace qu’il en falloit pour le choc. Mais Pompée avoit commandé à ses gens de tenir ferme sans s’ébranler, espérant par-là de faire perdre les rangs & l’haleine aux nôtres, & rompant leur effort, rendre le pilum inutile.... Lorsque les soldats de César virent que les autres ne bougeoient point, il s’arrêterent d’eux mêmes au milieu de la carriere ; & après avoir un peu repris haleine, ils lancerent le pilum en courant, puis ils mirent l’épée à la main, selon l’ordre de César. Ceux de Pompée les reçurent fort bien, car ils soutinrent le choc sans branler, & mirent aussi l’épée à la main après avoir lancé leur pilum ».

La pesanteur du pilum ne permettoit pas de le lancer ou darder de loin. On laissoit les velites fatiguer l’ennemi par leurs javelots, avant que l’action fût générale. Les hastaires & les princes ne se servoient du pilum que quand l’ennemi étoit assez proche. De-là ce proverbe de Végece, pour indiquer la proximité des armées, ad pila & spatas ventum est ; l’affaire en est venue jusqu’aux piles.

La pique des triaires, propre pour le combat de main & celui de pié ferme, étoit plus longue, moins grosse, & par conséquent plus aisée à manier que le pilum, dont on ne faisoit plus de cas lorsque le combat étoit engagé ; les hastaires même & les princes étoient obligés de jetter leur pilum sans en faire usage, quand l’ennemi étoit trop près. César raconte qu’ayant tout-d’un-coup les ennemis sur le corps, au point même de n’avoir pas assez d’espace pour lancer les piles, les soldats furent contraints de les jetter à terre pour se servir de l’épée. Les triaires armés de la pique, attendoient souvent de pié ferme le choc de l’infanterie, comme celui de la cavalerie. Suivant Tite-Live, ils ne quittoient point la pique dans la mêlée ; ils meurtrissoient, dit-il, les visages des Latins avec leurs piques dont la pointe avoit été émoussée dans le combat. On pourroit regarder les triaires comme les piquiers d’autrefois ; il y avoit pourtant des occasions où ils abandonnoient la pique pour se servir de l’épée, qui étoit l’arme dans laquelle les Romains mettoient leur principale confiance.

M. le maréchal de Saxe, qui avoit conçu le projet de mettre l’infanterie sur le pié des légions, propose pour les soldats des armes de longueur, ou des piques mêlées avec les armes à feu, comme des armes équivalentes aux pilums ; mais on ne peut douter que l’arme romaine n’ait été tout-à-fait différente de la pique de ce général, quant à la forme & au service. Mémoires militaires par M. Guischardt. (Q)

PILUMNE, s. m. (Mytholog. rom.) dieu qui passoit pour l’inventeur de l’art de broyer ou moudre le blé.

PIMAR, PIEUMART, GRAND PIC NOIR, picus maximus niger, s. m. (Hist. nat. Ornit.) oiseau qui pese dix onces & demie ; il a un pié cinq pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & deux piés trois pouces d’envergure ; le bec est fort triangulaire, & long de deux pouces & demi, les narines ont leurs ouvertures arrondies & couvertes de poils. Cet oiseau est entierement noir, à l’exception du sommet de la tête, qui a une belle couleur rouge qui s’étend jusqu’aux narines. Il y a dix-neuf grandes plumes dans chaque aîle ; la premiere n’a pas plus de longueur que celle du second rang. La queue n’est composée que de dix plumes : les extérieures sont très-courtes ; les autres ont successivement plus de longueur jusqu’à celles du milieu, qui sont plus longues, & qui ont jusqu’à sept

pouces ; toutes, excepté la premiere de chaque côté, sont pointues, roides & courbées en-dessous. Cet oiseau se soutient par le moyen de ses plumes, en grimpant le long des arbres ; il a deux doigts dirigés en avant, & deux en arriere. Les ongles sont très grands, à l’exception de celui du plus petit doigt de derriere, qui est très-court. Willughbi, Ornit. Voyez Oiseau.

PIMBERAH, (Hist. nat.) C’est ainsi qu’on nomme dans l’île de Ceylan un serpent qui est de la grosseur d’un homme, & d’une longueur proportionnée ; il vit du bétail & des bêtes sauvages, & quelquefois il avale un chevreuil tout entier ; il se cache dans les routes où il doit passer, & le tue d’un coup d’une espece de cheville ou d’os dont sa queue est armée.

PIMENT, s. m. (Botan.) On appelle aussi cette plante botrys vulgaire ; mais elle est connue des Botanistes sous le nom de chenopodium ambrosioides, folio sinuato, I. R. H. Rai. histor. 196.

Sa racine est petite, blanche, perpendiculaire, garnie de peu de fibres. Sa tige est haute de 9 à 12 pouces, cylindrique, ferme, droite, velue, divisée depuis le bas en plusieurs petits rameaux chargés de feuilles alternes. Ses feuilles sont découpées profondément des deux côtés, comme celles du chêne, traversées de grandes veines rouges lorsqu’elles commencent à paroître, ensuite pâles. Ses fleurs sont petites, gluantes, portées en grand nombre au haut des tiges & des rameaux, disposées en un long bouquet & comme en épi.

De l’aisselle de chaque petite feuille s’élevent de petits rameaux chargés de petites fleurs & de graines ; ces petits rameaux en se divisant se partagent toujours en deux, & chaque angle est garni d’une petite fleur sans pédicule. A la naissance des petits rameaux les fleurs sont sans pétales, composées de plusieurs étamines qui s’élevent d’un calice verd, découpé en plusieurs quartiers. Il succede à chaque fleur une graine semblable à celle de la moutarde, mais beaucoup plus petite, & renfermée dans une capsule qui étoit le calice de la fleur.

Toute cette plante est aromatique & d’une odeur forte, mais qui n’est pas désagréable, d’une saveur un peu âcre, aromatique, & enduite d’un mucilage résineux qui tache les mains quand on la cueille. Elle vient d’elle-même dans les pays chauds, en Languedoc, en Provence le long des ruisseaux & des fontaines, dans les lieux arides & sablonneux ; elle croît aisément dans nos jardins, & elle est toute d’usage. Les Médecins la recommandent beaucoup dans les fluxions de sérosités qui se jettent sur le poumon, dans la toux catarreuse, l’asthme humide, & l’orthopnée qui vient de la même cause. (D. J.)

Piment, (Botan.) plante du genre que les Botanistes appellent capsicum : celle-ci en est une espece, autrement nommée poivre d’Inde, poivre du Brésil, poivre de Guinée. Voyez sa description sous le mot Poivre de Guinée, Botan.

Piment de la Jamaïque, (Hist. nat. des drog. exot.) c’est l’arbre qui donne le poivre de la Jamaïque ; ou on entend aussi par piment les poivres même de cet arbre. Voyez Poivre de la Jamaïque.

Piment royal, gale, genre de plante dont les piés qui fleurissent ne grainent pas, & dont les piés qui grainent ne fleurissent point ; ceux qui fleurissent portent des chatons composés de petites feuilles disposées sur un pivot, creusées ordinairement en bassin, & coupées à quatre pointes ; parmi ces feuilles naissent les étamines chargées chacune d’un sommet. Les fruits naissent sur des piés différens de ceux-ci, & ces fruits sont des grappes chargées de semences. Tournefort, mém. de l’acad. royale des Scienc. anné. 1706. Voyez Plante.

Piment, (Botan.) voyez Corail de jardin.