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pagne les mines de S. Chaumont en Lyonnois, crut botaniser dans un nouveau monde en voyant des empreintes de plantes dont les analogues ne croissent point en France, mais sont propres aux climats les plus chauds des Indes orientales & de l’Amérique ; la plûpart de ces empreintes sont des fougeres & des capillaires. Le célebre M. de Leibnitz avoit déjà été très-surpris de trouver des empreintes de plantes exotiques sur des ardoises d’Allemagne. Au reste, M. de Jussieu a remarqué que les feuilles empreintes dans les pierres de S. Chaumont étoient toujours étendues comme si elles eussent été collées à dessein, ce qui prouve, selon lui, qu’elles y ont été apportées par de l’eau. Un autre phenomene digne de remarque, c’est que les deux lames de ces pierres ont l’empreinte de la même face de ces feuilles, l’une en creux, l’autre en relief, Voyez les mém. de l’acad. royale des Sciences, année 1718.

M. de Jussieu cherche à expliquer ces phénomenes par le séjour de la mer sur quelques parties de notre globe, où ses eaux ont porté des plantes qu’elles avoient apportées d’autres pays éloignés ; mais il paroît que l’on ne peut guere expliquer ce phénomene étrange, qu’en supposant que les pays que nous habitons, ont produit anciennement des plantes très différentes de celles qu’ils nous offrent maintenant, & que les révolutions générales que notre globe a éprouvées depuis, ont changé notre climat & ses productions. Voyez l’article Fossiles & Terre, révolution de la. (—)

PHYTOLOGIE, s. f. discours sur les plantes, ou une description de leurs formes, de leurs especes, de leurs propriétés, &c. Voyez Plante.

Ce mot est composé du grec φύτον, plante, & λόγος discours, de λέγω, je décris, je raconte.

PHYTOTYPOLITES, (Hist. nat.) les Naturalistes se servent de ce mot pour désigner les végétaux dont on trouve des empreintes sur des pierres ou sur d’autres substances du regne minéral.

PHYXIEN, adj. (Mythol.) φύξιος, de φεύγω, je me sauve, je me réfugie ; épithete qu’on donnoit à Jupiter chez les Grecs, parce qu’il étoit censé le protecteur de ceux qui se réfugioient dans les lieux où on l’honoroit.

PI

PIABUCU, s. m. (Ichthyol.) nom d’un poisson d’Amérique, que les habitans mangent en plusieurs endroits ; c’est un petit poisson de trois ou quatre pouces de long, & d’un ou deux de large, tout couvert d’écailles argentines, olivâtres sur le dos, avec des nageoires toutes blanches : ce petit poisson est si gourmand du sang humain, que si un homme qui se baigne a quelque part sur le corps une blessure ou une écorchure, ce poisson fait ses efforts pour en venir sucer le sang ; c’est du moins ce que dit Marggrave dans son hist. nat. du Brésil. (D. J.)

PIACHES, s. m. (Hist. mod. culte.) nom sous lequel les Indiens de la côte de Cumana en Amérique désignoient leurs prêtres. Ils étoient non-seulement les ministres de la religion, mais encore ils exerçoient la Médecine, & ils aidoient les Caciques de leurs conseils dans toutes leurs entreprises. Pour être admis dans l’ordre des piaches, il falloit passer par une espece de noviciat, qui consistoit à errer pendant deux ans dans les forêts, ou ils persuadoient au peuple qu’ils recevoient des instructions de certains esprits qui prenoient une forme humaine pour leur enseigner leurs devoirs & les dogmes de leur religion. Leurs principales divinités étoient le soleil & la lune, qu’ils assuroient être le mari & la femme. Ils regardoient les éclairs & le tonnerre comme des signes sensibles de la colere du soleil. Pendant les éclipses,

on se privoit de toute nourriture ; les femmes se tiroient du sang & s’égratignoient les bras, parce qu’elles croioient que la lune étoit en querelle avec son mari. Les prêtres montroient au peuple une croix, semblable à celle de S. André, que l’on regardoit comme préservatif contre les fantômes. La médecine qu’exerçoient les piaches consistoit à donner aux malades quelques herbes & racines, à les frotter avec le sang & la graisse des animaux, & pour les douleurs ils scarifioient la partie affligée, & la suçoient long-tems pour en tirer les humeurs. Ces prêtres se mêloient aussi de prédire, & il s’est trouvé des Espagnols assez ignorans pour ajouter foi à leurs prédictions. Les piaches, ainsi que bien d’autres prêtres, savoient mettre à profit les erreurs des peuples, & se faisoient payer chérement leurs services. Ils tenoient le premier rang dans les festins ou ils s’enivroient sans difficulté. Ils n’avoient aucune idée d’une vie à venir. On bruloit les corps des grands un an après leur mort, & les échos passoient pour les réponses des ombres.

PIACULUM, s. m. (Ant. rom.) sacrifice expiatoire. Piacula, chez les Latins sont ce que les Grecs appelloient ϰαθάρματα, les purgations dont on se servoit pour expier ceux qui avoient commis les crimes ; ce mot signifioit aussi les parfums, δυμίαματα, qu’on employoit pour délivrer ceux qui étoient possédés de quelque démon. Horace, Epit. premiere, liv. I. fait un bel usage de ce terme au figuré, pour désigner les remedes de la philosophie propre à purger l’ame de ses vices (D. J.)

PIADENA, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, aujourd’hui bourgade dans le Crémonese, sur les confins du Mantouan.

Cette bourgade est le lieu de la naissance de Barthélemi Platine dans le xv. siecle. Il donna les vies des papes jusqu’à Paul II. Cet ouvrage est écrit d’un style passable, avec beaucoup de liberté, mais non d’exactitude ; il a été traduit en françois, en italien & en allemand. Platine a composé plusieurs autres livres, & toutes ses œuvres réunies ont été imprimées à Louvain en 1572, & à Cologne en 1574, in-fol. (D. J.)

PIAFFER, v. n. (Maréchallerie.) se dit d’un cheval qui, en marchant, leve les jambes de devant fort haut, & les replace presque au même endroit avec précipitation. Les chevaux qui piaffent, de même que ceux qui sont instruits au passege, sont les plus propres pour les carrousels & pour les occasions d’éclat.

PIAFFEUR, s. m. (Maréchallerie.) on appelle ainsi un cheval qui piaffe. Voyez Piaffer.

PIAIE, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom que les sauvages qui habitent l’île de Cayenne donnent à un mauvais génie, qu’ils regardent comme l’auteur de tous les maux. Ces mêmes sauvages donnent encore le nom de piaies ou de piayes à leurs prêtres, qui sont en même tems leurs sorciers & leurs médecins. Avant que d’être aggrégés à ce corps, celui qui s’y destine passe par des épreuves si rudes, que peu de gens pourroient devenir médecins à ce prix. Lorsque le récipiendaire a reçu pendant dix années les instrumens d’un ancien piaie, dont il est en même tems le valet, on lui fait observer un jeûne si rigoureux, qu’il en est totalement exténué ; alors les anciens piaies s’assemblent dans une cabane, & apprennent au novice le principal mystere de leur art, qui consiste à évoquer les puissances de l’enfer ; après quoi on le fait danser jusqu’à ce qu’il perde connoissance ; on le fait revenir en lui mettant des colliers & des ceintures remplis de fourmis noires, qui le piquent très-vivement ; après cela, pour l’accoutumer aux remedes, on lui fait avaler un grand verre de jus de tabac, ce qui lui cause des évacuations très-