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prépuce. Pour cet effet, il ne faut point tirer la peau vers le gland ; car par la section on mettroit une partie des corps caverneux à découvert : il faut au contraire retirer la peau de la verge vers le pubis, avant de couper.

Feu M. de la Peyronie a corrigé l’ancien bistouri herniaire pour cette opération. Voyez Bistouri herniaire. L’usage des ciseaux doit autant qu’il est possible être proscrit de la chirurgie opératoire. L’incision du prépuce se fait bien plus facilement avec un bistouri qui coule le long d’une sonde cannelée qu’on a introduite préliminairement entre le prépuce & le gland.

Le premier appareil de l’opération du phimosis consiste à arrêter le sang avec de la charpie seche. Les plaies qui en résultent suppurent les jours suivans ; & l’on dirige les soins pour en obtenir la cicatrice le plûtôt qu’il est possible. Voyez Plaie, Ulcere. (Y)

PHINTHIA, (Géog. anc.) 1°. ville de Sicile, que l’on juge avoir été dans l’endroit où est aujourd’hui Liata, & où l’on découvre un grand nombre d’antiquités. 2°. Phimhia est encore une fontaine de Sicile : Pline raconte d’après Appien, mais sans en rien croire, que tout ce qui y étoit jetté surnageoit. Elle étoit apparemment au voisinage de la ville Phinthia.

PHINTONIS, insula, (Géog. anc.) ile de la mer Mediterranée, entre la Sardaigne & l’ile de Coëse, selon Pline. l. III. c. vij. & Ptolomée, l. III. c. iij. Les uns croient que c’est aujourd’hui l’île de Figo, isola di Figo, & d’autres la prennent pour isola Rossa. (D. J.)

PHIOLE, s. f. (Gramm.) c’est une petite bouteille de verre mince. Voyez. Ce mot est formé du grec φιάλη, qui signifie la même chose.

Phiole élémentaire, (Phys.) vase dans lequel on met divers solides & liquides, dont chacun se place selon sa différente gravité spécifique, de maniere que le tout représente les quatre élémens ainsi nommés vulgairement ; savoir, la terre, l’eau, l’air & le feu.

Il y a différentes manieres de faire la phiole des quatre élémens ; voici une des meilleures. Prenez de l’émail noir grossierement cassé, qui ira au fond du vaisseau de verre, & il représentera la terre. Pour l’eau, avez du tartre calciné, ou des cendres gravelées ; laissez-les à l’humidité, & prenez la dissolution qui s’en fera, & sur-tout celle qui sera la plus claire : mêlez-y un peu d’azur de roche, pour y donner la couleur d’eau de mer. Pour l’air, il faut avoir de l’eau-de-vie la plus subtile, que l’on teindra en bleu céleste avec un peu de tournesol. Enfin pour représenter le feu, prenez de l’huile de lin, ou de l’huile de térébenthine qui se fait ainsi. Distillez de la térébenthine au bain-marie, l’eau & l’huile monteront ensemble également blanches & transparentes, cependant l’huile surnagera. Il la faut séparer avec un entonnoir de verre ; ensuite teignez-la en couleur de feu, avec de l’orcanette & du safran. Si vous la distillez au sable dans une cornue, il viendra de la térébenthine restée au fonds de l’alembic, une huile épaisse & rouge, qui est un très-excellent baume. Toutes ces matieres sont tellement différentes en poids & en figures, que quand on les brouille par quelque violente agitation, on voit à la vérité pour un peu de tems un vrai cahos, & une confusion telle, qu’on s’imagineroit que tous les petits corps de ces liqueurs sont pêle-mêle, sans aucun rang ; mais à peine a-t-on cessé d’agiter ces substances, qu’on voit chacune retourner en son lieu naturel, & tous les corpuscules d’un même ordre s’unir pour composer un volume séparé absolument des autres. Cette expérience fait donc voir, comment les corpuscules les plus légers cedent aux plus pesans, & passent réciproquement entre les pores les uns des autres, pour aller pren-

dre leur place naturelle. La différente figure empêche tellement que les corps qu’on mêle ne se confondent, & que quelqu’inséparables qu’ils paroissent les uns des autres dans le mêlange qu’on en fait, ils ne laissent pas de se démêler ; de maniere que si on met de l’eau dans du vin, on peut en retirer l’eau assez facilement. Il ne faut qu’avoir une tasse faite d’un tronc de lierre, on y verse le vin & l’eau mêlés ; à peine sont-ils dedans, que l’eau passe, se filtre au-travers des pores de la tasse, & laisse le vin qui ne peut passer, parce que la figure de ses corpuscules n’a point de proportion avec les interstices qui sont dans le bois de lierre ; c’est ainsi enfin qu’il y a des fleuves qui conservent leur cours, & même la douceur de leurs eaux durant plusieurs lieues, après être entres dans la mer. Article de M. Formey.

PHISIQUE, s. f. Voyez Physique.

PHLAGUSA, (Géog. anc.) ville de la Chersonèse, voisine de la ville de Troye, où l’on voyoit le tombeau de Protesilaüs ; cette ville avoit un port nommé Crater, selon Hygin. (D. J.)

PHLÉBOTOMIE, s. f. en Medecine & en Chirurgie, c’est ce que l’on appelle saignée, c’est-à-dire l’art ou l’opération de tirer du sang. Voyez Sang.

Ce mot est composé du grec φλὲψ, & τέμνειν, couper.

La phlébotomie est une espece d’évacuation de la plus grande importance en Médecine ; sur ce que nous allons dire, on peut prendre une idée de ses effets, avec la raison de ses usages.

Il est évident que le sang poussé hors du cœur, en frappant sur le sang qui le précéde, & le chassant en avant, lui communique une partie de son propre mouvement ; & qu’ainsi ce mouvement en est rallenti d’autant ; par conséquent si l’on tire du sang de la veine basilique du bras droit, celui qui lui succede, ou celui qui est porté par l’artere axillaire ou la sous-claviere droite, sera moins embarrasse dans son mouvement qu’il ne l’étoit auparavant que cette veine fût ouverte ; car une partie du sang étant ôtée par l’ouverture de cette veine, il en reste une moindre quantité dans la veine axillaire, ou bien il y a moins de sang contenu entre l’extrémité la plus éloignée de l’artere axillaire & le cœur, qu’il n’y en avoit auparavant ; c’est pourquoi en faisant sortir le sang par la veine, ce qui en reste dans l’artere sera moins embarrassé dans son mouvement qu’avant cette ouverture. Voyez Pouls.

Ainsi le sang de cette artere qui communique avec la veine qui est ouverte, coulera avec plus de vitesse après cette ouverture qu’il ne faisoit auparavant ; par conséquent, lorsque le sang sort par la veine du bras, celui qui est poussé du cœur dans l’aorte, trouve moins de résistance dans le tronc ascendant que dans le tronc descendant, il coulera donc plus vite dans l’ascendant que dans le descendant ; & par conséquent aussi, il trouvera moins de résistance dans l’artere sous claviere droite, que dans la gauche.

Enfin il paroît de-là, qu’après avoir tiré du sang d’une veine du bras droit, celui qui reste dans l’artere axillaire droite coulera avec une plus grande vîtesse dans l’artere de ce bras qui lui est contigu, que par l’artere thorachique ou la scapulaire droite, qui lui est aussi contiguë ; parce que quand on ne suppose pas que le sang est tire de quelque veine correspondante à l’artere thorachique, ou dans laquelle cette artere se décharge, il y a à proportion un plus grand obstacle au mouvement du sang dans l’artere thorachique, que dans celle du bras ; mais comme la vîtesse du sang dans l’artere sous-claviere ou dans l’axillaire droite, est plus grande que dans la gauche ; la vîtesse dans l’artere thorachique droite sera aussi plus grande que dans l’artere thorachique gauche