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trouve parmi les œuvres de saint Ambroise, & qu’on croit être saint Hilaire, diacre de Rome, dit qu’à la vérité saint Paul, en qualité de juif, ne devoit point avoir de penula, parce que ce vêtement n’étoit point à l’usage des Juifs ; mais que comme les habitans de Tarse avoient été admis à l’honneur d’être citoyens romains, ils se servoient aussi du vêtement appellé penula : il ajoute que les habitans de Tarse avoient obtenu ce privilege pour avoir été au-devant des Romains, & leur avoir fait des présens. La bourgeoisie romaine dont saint Paul se glorifie, venoit, selon le même auteur, de ce qu’il étoit bourgeois de Tarse. (D. J.)

PHELYPÆA, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur monopétale, anomale, en masque, divisée en deux lévres, dont la supérieure est droite & partagée en deux parties, & l’inférieure en trois. Le pistil sort du calice ; il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & il devient dans la suite un fruit arrondi qui s’ouvre en deux portions, & qui renferme des semences petites pour l’ordinaire. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

PHEGITES, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs au bois de hêtre pétrifié.

PHENEUS, (Géog. anc.) 1°. Lac ou étang de l’Arcadie. C’étoit dans ce lac que le fleuve Ladon prenoit sa source, selon Pausanias, liv. VIII. ch. xx. Ovide attribue aux eaux du Pheneus une vertu merveilleuse. Si on buvoit de ces eaux la nuit, elles donnoient la mort ; mais on pouvoit en boire le jour sans aucun péril :

Est lacus Arcadiæ, Phenenum dixere priores,
Ambiguis suspectus aquis : quas nocte timeto ;
Nocte nocent potæ, sine noxâ luce bibentur.

2°. Pheneus ou Pheneum, ville du Péloponnese dans l’Arcadie, proche de Nomarus, selon Strabon, liv. VIII. c’est entre ces deux villes que se trouve le rocher d’où coule l’eau du Stix. Virgile, Æneid. lib. VIII. vers. 165. fait entendre que Pheneus fut la demeure d’Evander & celle de ses ancêtres. Plutarque, in Cleomen. & Pausanias, liv. VIII. ch. xiv. font aussi mention de cette ville ; & le premier parle d’une ancienne Phénéon qui avoit été détruite par une inondation. (D. J.)

PHENGITES, (Hist. nat.) nom donné par Agricola & quelques autres naturalistes à un marbre jaune d’une seule couleur.

M. Hill croit que c’étoit un marbre ou un albâtre d’un blanc un peu jaunâtre & transparent, à-peu-près comme de la cire. Il prétend qu’il n’étoit point fort compacte, & que le temple de la Fortune en étoit entierement bâti. Comme ce marbre étoit transparent, le temple étoit éclairé quoiqu’on n’y eût point fait de fenêtres. Selon lui, il se trouvoit en Cappadoce, & il en rencontra encore en Allemagne, en France & en Angleterre, dans la province de Derby. Voyez Hill’s natural history of fossils.

PHENICIE, (Géog. anc.) Phœnicia, province de Syrie, dont les limites n’ont pas toujours été les mêmes. Quelquefois on lui donne l’étendue du nord au midi, depuis Orthosie jusqu’à Péluse ; d’autresfois on la borne du côté du midi au mont Carmel, & à Ptolémaïde. Il est certain qu’anciennement, c’est-à-dire, depuis la conquête de la Palestine par les Hébreux, elle étoit assez bornée, & ne possédoit rien dans le pays des Philistins, qui occupoient presque tout le terrein, depuis le mont Carmel, le long de la Méditerranée, jusqu’aux frontieres de l’Egypte. Elle avoit aussi très-peu d’étendue du côté de la terre, parce que les Israëlites qui occupoient la Galilée, la resserroient sur la Méditerranée. Ainsi lorsqu’on parle de la Phénicie, il faut bien distinguer le tems. Avant que Josué eût fait la conquête de la Palestine, tout

ce pays étoit occupé par les Chananéens fils de Cham, partagés en onze familles, dont la plus puissante étoit celle de Chanaan, fondateur de Sidon, & chef des Chananéens proprement dits, auxquels les Grecs donnent le nom de Phéniciens.

Ils se maintinrent long-tems dans l’indépendance ; mais enfin ils furent assujettis par les rois d’Assyrie & par ceux de Chaldée. Ils obéirent ensuite successivement aux Perses, aux Grecs & aux Romains, & aujourd’hui la Phenicie est soumise aux Othomans, n’ayant point eu de rois de leur nation, ni de forme d’état indépendant depuis trois mille ans ; car les rois que les Assyriens, les Chaldéens, les Perses, les Grecs & les romains y ont quelquefois laissés, étoient tributaires de ces conquérans, & n’exerçoient qu’un pouvoir emprunté.

Les principales villes de Phénicie étoient Sidon, Tyr, Ptolémaïde, Ecdippe, Sarepta, Bérythe, Biblis, Tripoli, Osthosie, Simire, Arade. Les Phéniciens possédoient aussi anciennement quelques villes dans le Liban, & personne n’ignore que Carthage fut une de leurs premieres colonies.

Quelquefois les auteurs grecs comprennent toute la Judée sous le nom de Phénicie. Dans les anciennes notices ecclésiastiques, on distingue la Phénicie de dessus la mer, & la Phénicie du Liban. L’une étoit dans les terres, & l’autre sur le bord de la mer. Hérodote, liv. IV. ch. civ. dit que les Phéniciens habiterent d’abord sur la mer Rouge, & que de-là ils vinrent s’établir sur la Méditerranée entre la Syrie & l’Egypte.

Le nom de Phénicie ne se trouve point dans l’Ecriture, dans les livres écrits en hébreu, mais seulement dans ceux dont l’original est grec, comme les Machabées & les livres du nouveau Testament. L’hébreu dit toujours Chanaan. Moïse fait venir les Phéniciens de Cham, qui peupla l’Egypte & les pays voisins. S. Matthieu qui écrivoit en hébreu ou en syriaque, appelle chananéenne, une femme que S. Marc qui écrivoit en grec, a appellée syro-phénicienne, ou phénicienne de Syrie, pour la distinguer des Phéniciens d’Afrique, ou des Carthaginois.

On dérive le nom de phénicien, ou de palmiers, appellés en grec phéinix, qui sont communs dans la Phénicie ; ou d’un tyrien, nommé Phœnix, dont parle la fable, ou de la mer Rouge, des bords de laquelle on prétend qu’ils étoient venus. Phœnix signifie quelquefois rouge ; d’où vient puniceus & phœniceus color.

On attribue aux Phéniciens plusieurs belles inventions. Par exemple, l’art d’écrire. Le poëte Lucain s’exprime ainsi :

Phœnices primi, famæ si creditur, ausi
Mansuram rudibus vocem signare figuris.

C’est-à-dire : « Les Phéniciens, si l’on en croit la tradition, furent les premiers qui fixerent par des signes durables les accens fugitifs de la parole ». On dit de plus qu’ils ont les premiers inventé la navigation, le trafic, l’Astronomie, les voyages de long cours. Bochart a montré, par un travail incroyable, qu’ils avoient envoyé des colonies, & qu’ils avoient laissé des vestiges de leur langue dans presque toutes les îles & toutes les côtes de la Méditerranée.

Ils ont les premiers habité l’île de Délos. Leur trafic avec les Grecs introduisit chez ce peuple la corruption & le luxe. Leurs colonies porterent dans les lieux où elles s’établirent le culte de Jupiter Ammon, d’Isis, & des déesses-meres. Ils furent les seuls au commencement qui eussent la liberté de trafiquer avec l’Egypte. Dès le regne de Nécos, ils firent le tour de l’Afrique, & en connurent les côtes méridionales. Ils échangerent sur les côtes d’Espagne le