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Voici les caracteres : sa fleur est composée de quatre pétales, disposés presque en forme de croix. Il s’éleve du calice un pistil qui se change en un fruit découpé à son sommet, & qui a la figure d’un bouclier renversé ; ce fruit est rempli de semences oblongues.

Cette plante est très-commune à la Jamaïque, aux Barbades, & dans les autres îles des Indes occidentales, où elle croit abondamment dans tous les taillis. Comme elle conserve long-tems sa verdure, elle attire les bestiaux ; mais elle donne à leur lait une odeur forte, desagréable, approchante de celle de l’ail sauvage.

Le P. Plumier ayant découvert cette plante en Amérique, lui donna le nom de petivere pour honorer la mémoire de cet apothicaire & fameux botaniste anglois. On ne connoît qu’une seule espece de cette plante nommée, par le P. Plumier, petiveria solani foliis, loculis spinosis. (D. J.)

PÉTONCLE, s. m. (Conchyliolog.) pétongle dans quelques côtes de France, en latin pectunculus, en anglois cockles. Coquille bivalve, de la famille des peignes. Voyez Peigne.

Lister cependant distingue le pétoncle de peigne ; le pétoncle, dit il, n’a point d’oreille, mais comme il y a divers pétoncles qui en ont, sa distinction ne me paroît pas juste. Voyez cependant son système sur ce sujet au mot Coquille.

Le pétoncle est recherché pour le coquillage qui est un des meilleurs de la mer, soit qu’on le mange cuit, soit qu’on le mange crud ; c’est aussi, je crois, de ce coquillage que parle Horace, quand il dit que « Tarente, séjour de la mollesse, se vante d’avoir les » pétoncles » les plus délicats.

Pectinibus patulis jactat se molle Tarentum.

Sat. 4. l. II.

Le pecten de Tarente est celui que les Italiens appellent romia, qui a deux coquilles cannelées & ouvragées. La coquille du pétoncle est composée de deux pieces ; le ligament à ressort qui les assemble & qui sert à les ouvrir est du côté du sommet. Quelques pétoncles n’ont point d’oreilles, d’autres en ont une, & d’autres deux ; il y en a qui en différens endroits sont armés de petites pointes. La variété est aussi très-grande dans la couleur de ces sortes de coquilles ; les unes sont entierement blanches, d’autres rouges, d’autres brunes, & d’autres tirent sur le violet. Enfin on en voit où toutes ces couleurs sont diversement combinées.

Le poisson de cette coquille est un des fileurs de la mer, ayant la puissance de filer, c’est-à-dire de former des fils comme la moule, mais ils sont beaucoup plus courts & plus grossiers ; on n’en peut tirer aucun usage, ils ne servent qu’à fixer le coquillage à tout corps qui est voisin, soit que ce soit une pierre, un morceau de corail, ou quelque coquille.

Tous ses fils partent, comme ceux des moules, d’un tronc commun ; ils sortent de la coquille dans les pétoncles qui n’ont qu’une oreille un peu au-dessous de cette oreille. Pour prouver qu’il est libre à ce coquillage de s’attacher quand il lui plaît avec ses fils, il suffit de dire que souvent, après une tempête, on en trouve dans des endroits où l’on n’en trouvoit pas les jours précédens, & que ces coquilles qu’on trouve sont souvent attachées à de grosses pierres immobiles.

On prouve de reste que ces coquillages forment leurs fils de la même maniere que les moules forment les leurs, en remarquant qu’ils ont une filiere assez semblable à celle de la moule, quoiqu’elle soit plus courte, & qu’elle ait un canal plus large ; aussi le poisson du pétoncle file des fils plus courts & plus gros que la moule. (D. J.)

PÉ-TONG, (Hist. nat. Minéral.) les jésuites, mis-

sionnaires à la Chine, disent que l’on trouve dans la province de Yun-Nan une espece de métal, appellé pé-tong par les Chinois ; on ne nous apprend rien sur ce métal, sinon qu’il est blanc à son intérieur, ainsi qu’à son extérieur, & que d’ailleurs il a beaucoup de rapport avec le cuivre ordinaire. Peut-être cette substance n’est-elle qu’une pyrite arsénicale dont la couleur est blanche, mais elle n’a aucune des propriétés du cuivre.

PETORRITUM, s. m. (Antiq. rom.) char des anciens Romains à quatre roues. On veut que son nom soit grec œblien, πέτορες, quatre, & qu’il passa des Phocéens de Marseille à Rome, mais il y a phis d’apparence qu’il est purement gaulois ; peten-ridom signifie encore aujourd’hui la même chose en flamand.

PÉTOVIO, (Géog. anc.) on écrit ce nom fort diversement, savoir Petevio, Petavio, Petobio, Pætovium, Pætevio & Pætovio, ville de la haute Pannonie, selon Tacite, hist. l. III. c. j. il dit que la treizieme région avoit son quartier d’hiver à Pétovio. La position que l’itinéraire d’Antonin & la table de Peutinger donnent à cette place fait juger que c’est aujourd’hui la ville de Pétaw sur la Drave. (D. J.)

PETRA, (Géog. anc.) ce mot en grec & en latin, veut dire une roche, un rocher ou une pierre. On l’a appliqué à différens lieux, à cause de leur situation sur un rocher, ou parce qu’ils étoient environnés de rochers, ou parce qu’ils avoient quelque autre rapport à un ou plusieurs rochers.

1°. Petra, ville capitale de l’Arabie Pétrée, autrefois capitale de ce qu’on appelloit l’ancienne Palestine. Strabon, lib. XVI. dit qu’elle étoit la métropole des Nabathéens ; qu’elle étoit située dans une plaine arrosée de fontaines, & toute environnée de rochers : enfin que les Minéens & les Gerréens débitoient leurs parfums aux habitans. Pline, lib VI. c. xxviij. en parle à-peu-près de même, mais le géographe de Nubie, nubicus, climat. III. part. V. assure que la plupart des maisons de Petra étoient creusées dans le roc.

2°. Petra, lieu de l’Elide. Pausanias, l. VI. c. xxiv. le place au voisinage de la ville Elis, & dit que le sépulare de Pyrrhon, fils de Pistocrate, étoit dans ce lieu.

3°. Petra, rocher habité dans la Sogdiane. Quinte-Curse, lib. VII. c. xj. dit qu’Arimazes le défendoit avec trente mille hommes armés.

4°. Petra, ville de la Colchide au pays des Laziens. Cet endroit, dit Procope, n’étoit autrefois qu’un village sans nom, sur le bord du Pont-Euxin ; mais il devint une ville considérable sous l’empereur Justinien qui le fortifia & l’emplifia.

5°. Petra, lieu élevé proche de Dyrrachium ; cet endroit, suivant César, formoit une baie médiocre, où les vaisseaux étoient à l’abri de certains vents.

6°. Petra, ville de Sicile, nommée par Silius Italicus Petræa. Le nom des habitans étoit Petrini.

7°. Petra, ville de la Pierie, selon Tite-Live, lib. XXXIX. c. xxvj.

8°. Petra, ville de la Médie, selon le même Tite-Live, l. XL. c. xxij.

9°. Petra Achabron, ville de la Galilée supérieure, selon Josephe, de bel. l. II. c. xxv.

10°. Petra divisa, nom que donne le premier livre des Rois, c. xxiij. v. 28. au rocher, ou à la montagne du désert de Mahon.

11°. Petra incisa, lieu de Phénicie, au voisinage de l’ancienne Tyr ; il étoit entre Capharnaum & Dora, deux villes maritimes. (D. J.)

Petra, (Géog. mod.) ville de l’île de Mételin, qui n’étoit plus qu’un méchant village avec un port, du tems de Tournefort ; le capitaine Hugues Creveliers avoit pillé cette ville en 1676, & en avoit emporté de grandes richesses.