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les plumes des perroquets dans les endroits où ils savent qu’en la place des vertes, ils peuvent en faire venir de rouges ou de jaunes, & qu’ils frottent les chairs qu’ils ont mises à découvert avec du sang de grenouille. Si un plus long séjour, ou moins d’occupations, eussent permis à M. de la Condamine de faire tapirer devant lui des perroquets, nous saurions mieux ce que nous devons penser de la recette de sang de grenouille. Tout ce que font les Indiens se réduit peut-être à faire paroître plûtôt des plumes que la mue eût fait paroître plus tard ; le sang de grenouille ne tient vraissemblablement lieu que de baume aux petites plaies qu’ils ont faites aux perroquets.

Les Indiens connoissent, dit-on, les perroquets propres à être tapirés ; n’est-ce point qu’ils ont une connoissance semblable par rapport aux perroquets, à celle que nous aurions par rapport à nos poules, dont la couleur du plumage change après chaque mue ? On achete cependant moins les perroquets tapirés, quand on sait qu’ils l’ont été ; aussi les Indiens se gardent-ils bien de les annoncer pour tels. N’est-ce point encore parce que le changement auquel l’art a eu quelque part, est l’effet d’une opération équivalente à la mue, & que l’expérience a appris que les plumes rouges ou jaunes qui tomboient à la mue suivante, n’étoient pas toujours remplacées par des plumes de même couleur. Ainsi les plumes blanches de nos coqs & poules ne sont d’ordinaire remplacées par des plumes de même couleur qu’au bout de plusieurs années. (D. J.)

Perroquet, poisson de mer auquel Rondelet a donné le nom de perroquet, parce qu’il est de différentes couleurs : il a le dos noir ; le ventre & les côtés du corps sont jaunes, & la nageoire du dos est verte. Ce poisson a plusieurs traits verds qui s’étendent depuis les ouies jusqu’à la queue : au reste il ressemble au tourd, dont il est une espece particuliere. Voyez Tourd. Rondelet, hist. nat. des poissons, I. part. liv VI. chap. vj. Voyez Poisson.

Perroquet, (Marine.) c’est le mât le plus élevé du vaisseau ; il y en a un arboré sur le grand mât de hune ; un autre sur le mât de hune d’avant, ou de miséne ; un sur le mât de beaupré, & l’autre sur le mât d’artimon. Voyez Mat.

Perroquets volans ; ce sont deux perroquets que l’on met & que l’on ôte facilement, & que l’on amene étant sur le pont du vaisseau.

Perroquets en banniere, mettre les perroquets en banniere, c’est lâcher les écoutes des voiles de perroquet, ensorte qu’on les laisse voltiger au gré du vent ; cela se pratique lorsqu’on peut donner de jour quelques signaux dont on est convenu. Voyez Banniere.

Perroquets d’hiver ; ce sont des perroquets qui sont plus petits que ceux que l’on porte d’ordinaire dans les belles saisons. Voyez la position des perroquets, Pl. I. fig. 2. & fig. 1.

PERRUCHE, s. f. (Ornithol.) nom qu’on donne à la plus petite espece du genre des perroquets à longue queue.

On distingue différentes sortes de perruches : 1°. la perruche commune, qui est verte, rouge & jaunâtre ; c’est la premiere espece du genre des psittacus qu’on ait vû en Europe, & elle étoit bien connue des anciens ; 2°. la perruche qui est toute verte sans aucun mélange ; 3°. la perruche rouge & jaune ; 4°. la perruche rouge, jaune & à crête ; 5°. la perruche rouge avec les aîles colorées de noir & de jaune.

Outre ces especes de perruches, Margrave en a décrit sept autres especes particulieres au Brésil, où on les nomme tuia putejuba, tuitirica, jeudaia, tuicte, tuipara, anaca & quijubatui. Il parle encore de deux autres especes de perruches fort curieuses, mais qui n’ont point de nom particulier ; l’une est de la grosseur d’une hirondelle, toute jaune, à bec noir & à très-longue

queue ; l’autre est de la grosseur d’un étourneau, d’un jaune foncé sur le dos, d’un jaune pâle sur le ventre, & à queue plus courte. On voit des perruches à la Guadeloupe à plumes rouges sur la tête, & à bec tout blanc : enfin c’est un genre d’oiseau extrèmement diversifié. Les perruches s’apprivoisent aisément, deviennent familieres, aiment la compagnie, & parlent presque toujours ; il y en a cependant quelques-unes qui ne disent mot. (D. J.)

PERRUQUE, s. f. (Art méch.) coëffure de tête, faite avec des cheveux étrangers, qui imitent & remplacent les cheveux naturels. L’usage & l’art de faire des perruques est très-moderne ; ils n’ont pas plus de 120 ans. Avant ce tems, l’on se couvroit la tête avec de grandes calottes, comme les portent encore aujourd’hui les comédiens qui jouent les rôles à manteau, ou ceux qui font les paysans. On y cousoit des cheveux doubles, tout droits ; car on ne savoit pas tresser, & l’on frisoit ces cheveux au fer comme on les frise aujourd’hui sur la tête.

Le premier qui porta perruque fut un abbé, nommé la Riviere. On travailloit alors sur un coussin, semblable à celui des ouvrieres en dentelle. Cet ouvrage étoit beaucoup plus facile, parce que ce que l’on place aujourd’hui au-bas d’un petit bonnet, étoit alors au-dessus de la tête. Les perruques étoient si garnies & si longues, qu’elles pesoient assez communément jusqu’à deux livres. Les belles étoient blondes ; c’étoit la couleur la plus recherchée. Les cheveux d’un beau blond cendré, forts, & de la longueur de ceux qu’on place au-bas des perruques, valoient jusqu’à 50 ou 60, & même 80 livres l’once, & les perruques se vendoient jusqu’à mille écus. Celui qui coëffoit Louis XIV. de ces énormes perruques que nous lui voyons dans ses portraits, s’appelloit Binette. Il disoit qu’il dépouilleroit les têtes de tous ses sujets pour couvrir celle du souverain. En même tems un nommé Ervais inventa le crêpe qui joint mieux, qui s’arrange plus aisément, & qui fait paroître les perruques bien garnies, quoiqu’elles soient légeres & peu chargées de cheveux. Nous expliquerons ailleurs comment on crêpe des cheveux plats. Voici maintenant ce qu’il y a à observer sur le choix des cheveux.

1°. Il ne faut point que ce soient des cheveux d’enfant ; il est rare qu’ils soient forts au dessous de 15 ou de 20 ans : les blonds sur-tout les ont d’une qualité plus fine & plus filasseuse, & plus sujets à roussir quand on les emploie ; aussi ne s’en sert-on guere.

2°. Les cheveux châtains sont ordinairement les meilleurs ; des enfans mêmes les ont forts. Il y a trois sortes de châtain ; le châtain, le châtain clair, & le châtain brun.

3°. Les cheveux noirs forment aussi trois nuances différentes : il y a le noir, le petit noir, & le noir jais, couleur que l’on peut porter sans poudre, mais très-difficile à trouver.

4°. Il y a des cheveux grisâtres d’une infinité de tons différens. Ceux que nous appellons gris de maure ont été noirs jais, mais ils sont devenus au quart blancs. Le gris sale est la couleur de cheveux des personnes brunes ; ils passent de même au quart blancs. Le blanc fond jaune est la couleur des cheveux blonds qui ont blanchi. Il faut que ces cheveux soient à moitié blancs pour qu’on s’en apperçoive, le blanc ressortant moins du blond que du noir & du châtain.

5°. Dans la variété des cheveux blancs, celle dont les Perruquiers font le plus de cas est le blanc agate. Ce sont ordinairement les personnes les plus noires qui ont les cheveux de cette couleur, lorsqu’ils ont entierement blanchi.

Le blanc perle est la couleur des cheveux des châtains, lorsqu’ils sont devenus tous blancs ; les cheveux blancs de lait ont été blonds ou roux, ils ont pris cette nuance avec le tems, souvent l’extrémité