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hormis qu’il y a des dents des deux côtés. Les uns & les autres sont ordinairement de buis ou d’ivoire.

Peigne, (Lainage.) sorte d’instrument en forme de grande carde de fer, dont les dents sont longues, droites & fort pointues par le bout. On s’en sert dans les manufactures de lainage à peigner la laine destinée pour faire la chaîne de certaines étoffes. C’est cette laine ainsi peignée que l’on appelle ordinairement estaim. On se sert aussi de peignes dans quelques autres manufactures, pour peigner diverses sortes de matieres, comme bourre de soie, chanvre, &c. Ces sortes de peignes sont en quelque maniere semblables à ceux qui sont d’usage pour la laine, mais ils sont plus petits. (D. J.)

Peigne, instrument à l’usage du marbreur. C’est une barre de bois plate dans laquelle sont enfoncés des fils de fer d’environ deux doigts de longueur. Le peigne sert à mêler les couleurs qui nagent à la superficie de l’eau gommée dans le bacquet.

Les marbreurs se servent de trois différentes sortes de peignes, savoir le peigne au commun, le peigne à l’Allemagne, & le peigne à frison. Le peigne au commun est celui dont on se sert pour le papier marbré ordinaire, c’est-à-dire, pour celui qui n’est que veiné ; il a cinq ou six rangs de dents.

Le peigne à l’Allemagne sert pour le papier marbré qui imite celui que l’on fabrique en Allemagne. Ce peigne n’a qu’une rangée de dents.

Le peigne à frisons est celui dont on se sert pour marbrer le papier dont les relieurs font usage pour la relieure des livres. On l’appelle peigne à frisons, parce que ses dents sont placées alternativement l’une d’un côté, l’autre de l’autre, de maniere que le marbreur en tournant le poignet, arrange les couleurs en cercles ou frisons. Ce peigne n’a qu’une seule rangée de dents, qui en forme deux par leur situation oblique qui en tourne les pointes les unes d’un côté, les autres de l’autre. Voyez l’article Marbreur & les Planches.

Peignes, les Maréchaux appellent ainsi des gratelles farineuses qui viennent aux panerons du cheval, & qui y font hérisser le poil sur la couronne.

Peigne de corne, instrument dont les Palefreniers se servent pour peigner les crins & la queue des chevaux.

Peigne, (Ruban.) à l’usage de ce métier ; il y en a de quantité de sortes : il faut, avant de les détailler, parler de la maniere dont on les fabrique. Ils sont faits de canne de Provence, qui est proprement le roseau ; mais celui de ce pays est le seul propre à cet usage. La canne est d’abord coupée entre ses nœuds, & forme de longueurs, puis elle est refendue avec une serpette ; ces refentes se font à plusieurs reprises, pour parvenir à la rendre assez étroite pour l’usage auquel on la destine : ces différens éclats sont étirés sur les rasoirs des poupées ; ces poupées de figure cylindrique, qui portent sur l’établi, doivent être à leur base comme à leur sommet, ce qui leur donne plus d’assiette, & les empêche de varier sur l’établi. Elles sont de bois tourné, & ont au centre de leur base une queue qui passe dans des trous percés à l’établi ; la face supérieure qui est très-unie, porte au centre une lame d’acier très-tranchante, en forme de rasoir, qui y est fichée debout : à côté de ce rasoir est aussi fichée une piece de fer plate non tranchante, qui est aussi debout comme le rasoir, & qui l’approche de très-près en lui présentant une de ses faces plates ; cette piece est placée de façon qu’il n’y a entr’elle & le rasoir que la place nécessaire pour passer une dent ou éclat de canne ; cette piece de fer dirige le passage de la dent contre le rasoir, & par conséquent ne doit laisser entr’elle & lui que la distance proportionnée à l’épaisseur que l’on veut donner à la dent ; il y a donc de ces poupées dont les fers sont en plus grande, d’autres en plus petite distance, puisqu’il y a

des dents plus ou moins épaisses : il y a encore de ces poupées dont il faut que les deux pieces dont on parle, soient fort écartées, puisqu’il faut que la dent passe entr’elles à plat pour en unir les bords ; la dent, par cette opération, est mise à 2 lignes de largeur environ ; cet étirage se fait en plaçant la dent (qui est encore de toute la longueur que les nœuds de la canne l’ont permis), entre les deux fers de la poupée, tenant la dent avec la main droite, pendant que la gauche posée de l’autre côté des fers, ne fait que la tenir en respect. Il faut observer que c’est le côté intérieur de la canne qui passe sur le rasoir, puisqu’on ne touche jamais à son côté extérieur & poli. Cette dent est déchargée par ce moyen de tout son bois & n’en est presque plus que l’écorce. Après ce premier passage sur le rasoir, la dent est retournée bout pour bout pour repasser encore contre le rasoir ; car le bout tenu par la main droite n’a pu y passer : ceci bien entendu, il faut parler du fil qui servira à la construction du peigne. Ce sont plusieurs brins de fil unis ensemble, en telle quantité qu’on le juge à propos, puisque c’est de cette grosseur que dépend l’éloignement plus ou moins grand des dents, suivant la nécessité ; ainsi il est de conséquence de savoir proportionner cette grosseur. Ces fils ainsi unis & tortillés ensemble sont graissés avec de la poix, & sont de très grande longueur, l’opération que l’on verra en son lieu en employant beaucoup : ces fils sont ensuite mis en paquets pour attendre l’usage. Il en faut de bien des grosseurs différentes, ayant aussi quantité de grosseurs de peignes, ainsi qu’il en sera parlé. Il faut à-présent faire connoître les jumelles. Ce sont de petites tringles de bois d’hêtre, larges de 5 à 6 lignes sur une ligne d’épaisseur, & de 4 piés, 4 piés & demi de long ; on n’en fait point de plus longues, leur foiblesse ne le permettant pas. S’il s’agissoit d’avoir des peignes plus longs, puisqu’on en fait qui ont 6 piés & plus, on en joint plusieurs ensemble par le moyen de la colle forte ; ces tringles si minces ont un côté de leur épaisseur qui est plat, & c’est celui-ci qui formera le dedans ; l’autre côté est arrondi autant que cette épaisseur peut le permettre, de sorte que les extrémités en sont presqu’aiguës. Lorsqu’on veut faire un peigne d’une longueur donnée, il faut quatre de ces jumelles unies deux-à-deux, mais plus longues que la longueur déterminée ; on en verra dans peu la nécessité. Deux de ces jumelles sont unies ensemble & de leurs côtés plats, au moyen de petites échancrures aux bouts, & d’une ligature. On les place sur la piece de fer plate fixée invariablement sur la poupée qui entre dans les trous de l’établi, l’autre bout est attaché de même & placé sur une piece de fer reçue dans la machoire portée par une vis qui passe par le trou de la poupée, qui se place elle-même à volonté dans différens trous de l’établi, suivant la longueur dont on a besoin ; ces quatre jumelles sont tendues roides & égales par le moyen de la noix. On ne doit point craindre qu’elles cassent par la grande tension où elles ont besoin d’être pour acquérir plus de rectitude, pourvu que le tirage soit direct & égal. Ceci étant ainsi disposé, on mesure avec l’instrument appellé compartissoir, pour voir si la distance est la même, ce qui se fait en conduisant cet instrument dans l’espace que laissent entr’elles les jumelles ; si le peigne est d’une grande longueur, on y laisse ce compartissoir lié légerement aux jumelles à une distance convenable, pour laisser la jouissance à l’ouvrier : lorsqu’on en approche de trop près par le travail, on le recule, & toujours de même ; par-là on conserve l’égalité de l’ouverture que la trop grande longueur pourroit faire varier ; on voit qu’il faut avoir différens compartissoirs, suivant les différentes hauteurs des peignes, car c’est lui qui donne cette hauteur. Si l’ouvrier a plusieurs peignes à faire de petite ou de