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l’île de Cypre, selon les exemplaires latins de Ptolomée, l. V. c. xiv. Quelques-uns néanmoins portent Pedasium. On croit que c’est Cabo de Griego.

Pedalium est encore une ville de l’Asie mineure sur le Pont-Euxin, près de Sinope, selon Ortelius. (D. J.)

PÉDANÉE, pedaneus, (Jurisprud.) se dit en parlant d’un juge qui rend la justice de plano, c’est-à-dire qui n’a point de siege elevé. Voyez ci-après Juge pédanée. (A)

Pédanée, juge, (Hist. rom.) juge inférieur à Rome qui n’avoit ni tribunal, ni prétoire. On confond ordinairement les juges pédanées des Romains, dont il est fait mention dans le code Justinien, l. III. tit. III. avec les juges des seigneurs, que Loiseau appelle juges sous l’orme ; ce sont pourtant deux caracteres bien différens ; les juges pédanées étoient parmi les Romains des commissaires choisis & nommés par le préteur pour juger les différends des particuliers, lorsqu’il ne s’agissoit pas d’une affaire importante. On les appelloit pédanées, parce qu’ils étoient assis en jugeant sur un simple banc ou siege fort bas, qui ne les distinguoit point de ceux qui sont sur leurs piés ; ainsi on les nommoit pedanei judices. Ils n’avoient ni le caractere, ni le titre de magistrats. Ceux qui étoient revêtus de la magistrature jugeoient sur une espece de trône élevé, & cette maniere de rendre la justice faisoit connoître la différence qu’il y avoit entre le magistrat & le juge pédanée.

Aulu-Gelle a confondu les juges pédanées avec les sénateurs pédaires qui donnoient leur avis sans parler, mais en se rangeant du côté de ceux dont ils suivoient l’opinion. Voyez Pédaire. (D. J.)

PÉDANT, s. m. PÉDANTERIE, s. s. (Gramm. Belles-Lettres.) Un pédant est un homme d’une présomption babillarde, qui fatigue les autres par la parade qu’il fait de son savoir, en quelque genre que ce soit, & par affectation de son style & de ses manieres.

Ce vice de l’esprit est de toute robe ; il y a des pédans dans tous les états, dans toutes les conditions, depuis la pourpre jusqu’à la burre, depuis le cordon bleu jusqu’au moindre bonnet doctoral. Jacques I. étoit un roi pédant.

Il est vrai néanmoins que le défaut de pédanterie est particulierement attaché aux gens de college, qui aiment trop à étaler le bagage de l’antiquité dont ils sont chargés. Cet étalage d’érudition assommante a été si fort ridiculisé, & si souvent reproché aux gens de lettres par les gens du monde, que les François ont pris le parti de dédaigner l’érudition, la Littérature, l’étude des langues savantes, & par conséquent les connoissances que toutes ces choses procurent. On leur a tant répété qu’il faut éviter le pédantisme, & qu’on doit écrire du ton de la bonne compagnie, qu’enfin les auteurs sérieux sont devenus plaisans ; & pour prouver qu’ils fréquentent la bonne compagnie, ils ont écrit des choses & d’un ton de très mauvaise compagnie. (D. J.)

PÉDASE, Pedasa, (Géog. anc.) ville de la Carie, selon Strabon, l. XIII. p. 611. Athénée dit que Cyrus donna cette ville à son ami Pirhareus.

PEDATURA, (Art milit. des anc.) Ce mot dans les antiquités romaines désigne un espace proportionnel d’un certain nombre de piés pour le campement des troupes. Hyginus dit dans son traité de castrametatione : meminerimus itaque ad computationem cohortis equitatæ milliariæ pedaturam ad mille trecentos sexaginta dari debere. Or la pédature étoit un espace qu’on accordoit à une compagnie de troupes des provinces, formée de cavaliers & de fantassins ; mais cet espace n’étoit pas égal à celui d’un corps uniforme d’infanterie du même nombre d’hommes ; il devoit être moins grand, selon Hygin, de 360 piés. Ainsi la

proportion qu’il établit de la différence d’espace qu’on doit donner à un cavalier vis-à-vis d’un fantassin dans la formation d’un camp, est comme deux & de mi est à un. (D. J.)

PEDENA, (Géog. mod.) ancienne petite ville d’Italie en Istrie, à 15 milles des Alpes, avec un evêché suffragant de Gorcie. Elle est entierement dépeuplée, & appartient à la maison d’Autriche. Long. 32. lat. 45. 30. (D. J.)

PEDENCARN, (Hist. nat.) nom d’une pierre que l’on dit être d’un blanc tirant sur le jaune, remplie de petits points luisans, blancs & noirs.

PEDES, (Littér.) Ce mot dans l’architecture navale des Romains, signifie les cordages qui sont aux deux côtés des voiles pour les tourner, les serrer & les lâcher, selon que le vent change, comme le dit Servius sur cet endroit de Virgile :

Unà omnes fecere pedem, pariterque sinistros,
Nunc dextros solvere sinus
.


Et c’est à cela que Catulle fait allusion, lorsqu’il dit :

Sive utrumque Jupiter
Simul secundus incidisset in pedem.


Cette signification vient du grec πόδος, qui signifie la même chose, parce que ces cordages s’attachoient au pié du mât.

Pedibus æquis, dans Cicéron, lib. XVI. épist. 6. signifie les voiles étant également tendues des deux côtes, comme elles sont lorsqu’on a le vent arriere, & c’est ce que Virgile exprime par æquatis velis :

Sensit & æquatis classem procedere velis.

(D. J.)

PEDESTRE, statue, voyez Statue.

PEDEROS, (Bot. anc.) Pline, l. XXII. c. xxxjv. dit que le pederos est une espece d’acanthus, en françois branche-ursine. Cette plante, selon Pausanias, croissoit à l’air aux envirous du temple de Venus à Sicyone, & nulle part ailleurs, ni même dans aucun autre endroit de la Sicyonie. Ses feuilles, ajoute-t-il, sont plus petites que celles du hêtre, plus grandes que celles de l’yeuse, de la même figure que les feuilles de chêne, noirâtres d’un côté, blanches de l’autre, en un mot pour la couleur assez semblables aux feuilles du peuplier blanc. (D. J.)

PÉDIADE, Pediadis (Géog. anc.) contrée d’Asie. Elle faisoit partie de la Bactriane, & le fleuve Oxus la traversoit, selon Polybe, hist. l. X.

PEDIAS, (Géogr. anc.) municipe de l’Attique, dont les habitans étoient nommés Pédiaciens. Aristote politic, c. v. & Plutarque in Solone, en font mention. (D. J.)

PÉDICULAIRE, s. f. pedicularis, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, anomale, en masque, divisée en deux levres : la supérieure a la forme d’un casque, & l’inférieure est divisée en trois parties. Le pistil sort du calice ; il est attaché comme un clou, à la partie postérieure de la fleur, & devient dans la suite un fruit qui s’ouvre en deux parties, & qui se divise en deux loges ; ce fruit renferme des semences oblongues ou applaties & frangées. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

C’est un grand genre de plante, qui dans le système de Tournefort contient trente especes, dont nous décrirons la principale, qu’on nomme en françois pédiculaire des prés, pedicularis pratensis, purpurea. I. R. H. 172, & en anglois the common meadow yellow rattle, and cockscomb.

D’une petite racine blanche, unique, qui pousse seulement de côté quelques rejettons, & qui n’entre pas profondément en terre, part une tige seule pour l’ordinaire, s’élevant à la hauteur d’un pié, épaisse, roide, douce, quarrée, droite, menue, legere, quel-