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les hommes naissent pécheurs, comme on le voit dans son commentaire sur S. Matt. dans son homélie xiv. sur S. Luc, dans l’homélie xviij. sur le Lévit. & dans sa réponse à Celse, lib. IV. p. 191. Le lecteur peut consulter là-dessus les notes de Spencer. Dans le dernier ouvrage d’Origène, il cite en faveur de son opinion, le passage de S. Paul aux Romains, ch. v. 14. Mais au lieu qu’il y a dans les exemplaires, & c’est en effet la bonne leçon, qui n’ont point péché à la ressemblance de la transgression d’Adam, Origène a lû qui ont péché à la ressemblance, &c. Au fond, la raison d’Origène étoit, que les ames qui ont existé avant les corps, avoient péché avant que d’être incorporées. Beausobre, Remarques critiques. (D. J.)

Péché volontaire, (Critique sacrée.) ἀμάρτημα ; il semble que ce péché soit celui dans lequel on persévere malgré les remontrances, Hébr. x. 26. Il est beau à un homme, dit l’auteur de l’Ecclésiaste, lorsqu’il est repris de son péché, de se repentir ; car il évitera par ce moyen le péché volontaire, οὕτως γὰρ φεύξε ἑκούσιον ἀμάρτημα, ch. xx. ℣. 7. En effet, celui qui se repent lorsqu’on lui fait connoître sa faute, prouve qu’il a été surpris ; & s’il est véritablement repentant, il évite la rechûte ou le péché volontaire ; puisqu’il n’ignore plus ni la nature de l’action, ni sa propre foiblesse. (D. J.)

PECHECAL, terme de relation, nom que les Indiens donnent aux inondations qui arrivent chez eux dans un certain tems de l’année. Ce sont des débordemens causés par les grandes pluies, & par la fonte des neiges qui sont sur les montagnes. Le plat pays en est couvert, & les rivieres en sont enflées, comme le Nil, lorsqu’il se déborde en Egypte. Cette inondation arrive tous les ans aux Indes pendant les mois de Juillet, Août, Septembre, & Octobre. (D. J.)

PECHEM, s. m. (Mat. med. des anciens.) nom donné par les grecs modernes à la racine qu’Avicenne & Sérapion appellent behem. La description qu’ils en font, leur distinction en pechem rouge & blanc, les vertus qu’ils leur prodiguent, sont celles du behem dans les auteurs arabes. Myrepse qui traite de cette plante, en rapporte les mêmes choses qu’Avicenne, & nommément que le pechem étoit une racine ligneuse, extrèmement ridée sur toute sa surface, à cause de la grande humidité de sa tissure, qui s’exhaloit en la faisant sécher très-promptement. D’ailleurs on voit bien que pechem est formé de behem, en changeant le b en p, ce qui est arrivé fréquemment, & en aspirant h en x ou ch, ce qui n’est pas moins commun. (D. J.)

PÊCHER, s. m. persica, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Ce pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit charnu presque rond, & sillonné dans sa longueur. Ce fruit renferme un noyau qui a sur sa surface de petites fosses assez profondes, & qui renferme une amande oblongue. Ajoutez aux caracteres de ce genre le port de chacune des especes. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Pêcher, persica, (Jardinage.) petit arbre qui est venu très-anciennement de Perse, & que l’on cultive dans tous les climats tempérés de l’Europe, pour l’excellence de son fruit. Il ne s’éleve guere qu’à douze ou quinze piés ; il se garnit de beaucoup de rameaux, qui s’élançant toujours plus d’un côté que de l’autre, dérangent bien-tôt la forme de l’arbre. Son écorce est roussâtre, il fait peu de racines ; ses feuilles sont longues, étroites, & lisses, dentelées, pointues, & placées alternativement sur la branche. Ses fleurs, tantôt grandes, tantôt petites, selon l’espece de pêche, sont aussi d’un rouge plus ou moins foncé. Le fruit qui les remplace est communément rond, assez gros, charnu, & ordinairement couvert

de duvet ; mais il est diversement coloré, soit en-dehors, soit en-dedans, suivant les différentes variétés. La diversité s’étend aussi sur le goût des pêches qui sont excellentes pour la plûpart. Elles renferment un noyau très-dur, sillonné en-dehors, & lisse en-dedans, qui couvre une amande d’un goût amer.

La pêche est le premier, le plus beau, & le meilleur des fruits que l’on cultive dans ce royaume, où depuis un siecle, on a fait la découverte de la plûpart des bonnes especes de cet arbre. C’est par la semence qu’on a obtenu ces excellentes variétés dans les pepinieres des environs de Paris ; & si on s’appliquoit également à semer dans les différentes provinces les noyaux des bonnes especes de pêches qui sont connues, la diversité des terreins procureroit bien d’autres nouveautés dans ce genre.

Le pêcher est très-aisé à multiplier & à élever ; mais sa culture est ce qu’il y a de plus difficile dans le jardinage. Il faut tout l’art du jardinier, & tous ses soins pour conserver cet arbre dans sa force, & le soutenir dans sa beauté. On n’est pas même encore parfaitement d’accord sur la meilleure façon de le conduire : nulle comparaison à faire à cet égard, du pêcher avec les autres arbres fruitiers, que l’on releve, & qu’on répare assez aisément ; au lieu que si l’on a négligé le pêcher, il est presque impossible de le rétablir. Il est d’ailleurs sujet à quantité de maladies auxquelles il est très-difficile de remédier ; en sorte que le plus court moyen est souvent de remplacer par un nouvel arbre celui qui a été négligé, ou qui est languissant.

Il est très-aisé, comme je l’ai dit, de multiplier le pêcher ; ce n’est pourtant pas en semant les noyaux de pêches, qui ne produiroient pour la plûpart que des plans bâtards, dont les fruits seroient dégénérés ; & ce ne seroit que par un pur hasard que l’on obtiendroit par ce moyen quelques bonnes especes de pêches. Mais il est d’usage dans les pepinieres, d’élever cet arbre en le greffant sur le prunier de damas, qui est propre pour les terreins humides, ou sur l’amandier qui convient aux terres légeres. On le greffe aussi quelquefois sur l’abricotier, qui donne de beaux fruits, mais qui n’est pas de durée, & très-rarement sur le sauvageon de pêcher ; parce que, malgré qu’il fasse un bel arbre bien vigoureux, il est trop sujet à la gomme.

Tous les terreins qui sont propres à la vigne, conviennent au pêcher : on peut juger par-là du sol qu’il lui faut. On voit assez communément cet arbre réussir par-tout, au moyen des préparations de terre, par lesquelles on supplée à la sécheresse des lieux élevés, & en exhaussant des parties de terrein dans les endroits bas & humides.

Si le terrein est de bonne qualité, il faudra le faire défoncer de deux à trois piés de profondeur, sur six de largeur ; mais il faudra s’arrêter aussi-tôt que l’on trouvera la glaise ou le tuf ; car il n’y a rien à gagner en les perçant pour y substituer de bonnes terres : en évitant un inconvénient, on se jetteroit dans un plus grand. On ne doit pas même se rebuter à la rencontre du tuf ou de la glaise, s’il y a par-dessous un pié & demi environ d’épaisseur de bonne terre. Dans le cas où le terrein de la surface se trouveroit trop léger, trop sec, trop sablonneux, trop usé, en un mot, de mauvaise qualité, on y fera rapporter des terres neuves de pâturage.

Le succès du pêcher dépend principalement de l’exposition : il faut le midi aux pêches tardives, & le levant suffira pour celles qui sont précoces ; ensuite pour la situation, le milieu des côteaux, ce qu’on appelle mi-côte, est ce qu’il y a de plus avantageux ; après cela, tout le reste de la pente des montagnes ; puis les vallons & tout le plat pays en général ; en-