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Un billet payable en lettres ou billets de change, ou en autre papier, est celui qui doit être acquitté en bonnes lettres ou billets de change, ou tel autre papier désigné dans le billet & dans le tems qui y est marqué.

On dit qu’une obligation, une promesse, une assignation, un mandement, &c. est payable, pour exprimer que le tems ou terme du payement est échu, & qu’on peut l’aller recevoir. Dictionnaire de Commerce.

PAYAMOGO, (Géog. mod.) place fortifiée d’Espagne dans l’Andalousie, sur les frontieres du Portugal, à quatre lieues sud de Moura. Long. 10. 34. lat. 38. 2. (D. J.)

PAYAS, s. m. pl. (Comm. du Levant.) soies blanches ou cotons filés qu’on tire particulierement d’Alep.

PAYASSES, (Géog. mod.) petite ville de Turquie dans la Caramanie, sur le golfe d’Alexandrette, à quatre lieues de cette ville. Long. 55. 6. lat. 35. 30.

PAYCO Herva, (Botan, exot.) c’est une espece de plantain du Pérou. Monard prétend que sa poudre prise dans du vin appaise les douleurs néphrétiques qui proviennent de flatuosités. (D. J.)

PAYE, s. f. (Gramm. & Art milit.) ce que l’état donne au soldat par jour pour le prix de son service.

Paye de la milice romaine. (Art militaire des Romains.) solde en argent que la république donnoit par jour à chaque soldat, cavalier ou centurion romain.

L’Histoire nous apprend que jusqu’à l’an de Rome 347, tous les citoyens romains avoient été à la guerre à leurs dépens ; il falloit que chacun tirât de son petit héritage de quoi subsister, tant en campagne que pendant le quartier d’hiver ; & souvent quand la campagne duroit trop long-tems, les terres, sur-tout celles des pauvres plébéiens, demeuroient en friche. De-là étoient venus les emprunts, les usures multipliées par les intérêts, & ensuite les plaintes & les séditions du peuple. Le sénat, pour prévenir ces désordres, ordonna de lui-même & sans qu’il en fût sollicité par les tribuns, que par la suite les soldats seroient payés des deniers du public ; & que pour fournir à cette dépense, il se feroit une nouvelle imposition dont aucun citoyen ne seroit exempt. Trois ans après, l’an de Rome 350, on assigna une solde particuliere pour les gens de cheval, & ce fut la premiere fois que la cavalerie commença à être payée des deniers publics. A l’égard des alliés, ils étoient obligés de servir sans solde, mais on leur fournissoit le blé & l’orge gratis.

La paye d’un fantassin étoit deux oboles par jour, c’est-à-dire trois sols romains, selon l’estimation de Juste-Lipse. Les centurions avoient double solde, & les cavaliers recevoient une drachme valant 10 sols romains. Les troupes sur cette paye étoient obligées de se nourrir & de se fournir d’habits, en forte, dit Polybe, que si les soldats recevoient quelque chose du questeur, on ne manquoit pas de leur rabatre sur leur paye. Dans la suite, environ l’an 600 de Rome, C. Sempronius Gracchus pendant son tribunat, fit une loi par laquelle on fournit aux troupes des habits sur le trésor public. Jules-César qui avoit besoin de soldats pour ses vûes ambitieuses, leur fit de nouvelles faveurs. Enfin Auguste porta la solde des fantassins à un denier, & donna le triple aux cavaliers. Tirons une réflexion de ce détail.

Un soldat romain avoit donc un denier par jour sous Auguste, c’est-à-dire sept sols & demi d’Angleterre. Les empereurs avoient communément vingt-cinq légions à leur solde, ce qui, à raison de cinq mille hommes par légion, fait cent vingt-cinq mille hommes. De cette maniere la paye des soldats romains n’excédoit pas la somme de 16 cent mille livres sterlings. Cependant le parlement d’Angleterre dans

la guerre de 1700, accordoit communément deux millions 500 mille livres sterlings pour la solde de ses troupes, ce qui fait 200 mille livres sterlings au-delà de la dépense de Rome. Il est vrai que les officiers romains recevoient une très-petite paye, puisque celle du centurion étoit seulement le double de la paye d’un soldat, qui d’ailleurs étoit obligé de se fournir d’habits, d’armes & tentes, objets qui diminuoient considérablement les autres charges de l’armée : tant ce puissant gouvernement dépensoit peu en ce genre, & tant son joug sur le monde entier étoit facile à supporter ! Cette réflexion nous semble d’autant plus vraie, que l’argent après la conquête de l’Egypte paroit avoir été à Rome en aussi grande abondance qu’il peut l’être à-présent dans les royaumes les plus riches de l’Europe. (D. J.)

Paye, s. f. (Poids.) poids dont la pesanteur est du double du clain ; on évalue le clain à douze grains de ris : ainsi la paye pese 24 grains.

Paye, (Monnoie.) monnoie courante à Ormus dans le Sein Persique. Elle vaut dix besorch ou liards du pays, qui sont de petites especes de monnoies d’étain ; quatre pays font le sourdis.

PAYELLE, s. f. (Ustencile de Salines.) grande chaudiere dont on se sert en Flandres pour le raffinage du sel. Elles sont plates, de 12 à 15 piés en carré, & d’un pié de profondeur. Le sel gris qu’on y raffine y perd beaucoup de son acrimonie, mais rien du tout de son grain.

PAYEMENT, s. m. (Commerce.) c’est la décharge d’une dette, ou en payant en argent, ou par lettres de change, &c. Voyez Dette, &c.

Prompt payement, c’est un terme vulgaire en Angleterre & à Amsterdam, dont on fait usage quand un débiteur acquitte ce qu’il doit avant l’expiration du terme accordé par le créancier.

L’excomte ordinaire pour un prompt payement sur la plupart des marchandises, est de un par cent. Voyez Excompte, Déduction, &c.

Payement se dit aussi du tems qu’un débiteur a obtenu de ses créanciers pour les payer plus facilement : on dit en ce sens qu’il doit les satisfaire en quatre payemens égaux, de six mois en six mois, dont le premier commencera tel jour.

Payment signifie encore certains termes fixes & arrêtés, dans lesquels les marchands négocians & banquiers doivent acquitter leurs dettes, ou renouveller leurs billets.

Il y a à Lyon quatre payemens de la sorte ; savoir, le payement des Rois, qui commence au premier Mars, & dure tout le mois ; le payement de Pâque, qui commence le 1 Juin & dure tout le mois ; le payement d’Août, qui commence le 1 Septembre & dure tout le mois ; & le payement de Toussaint, qui commence au premier Décembre & dure tout le mois. Quoiqu’à Paris, Bordeaux, Rouen, Tours, Reims, & autres villes commerçantes du royaume, il n’y ait pas de payemens reglés, cependant elles se conforment assez à l’usage de Lyon, de faire les payemens de trois mois en trois mois. Voyez sur la police de ces payemens, le diction. de Commerce.

PAYEN, s. m. (Théolog.) adorateur des faux dieux ; ou l’appelle autrement gentil ou idolâtre.

Baronius fait venir le mot paganus de pagi, villages, parce que quand les Chrétiens commencerent à devenir les maîtres des villes, les Payens furent obligés par les édits de Constantin & de ses enfans, de se retirer dans les villages. Saumaise prétend que ce mot vient de pagus, qu’il suppose signifier originairement la même chose que gens, c’est-à-dire nation ; c’est pour cela, selon lui, que nous disons indifféremment payens ou gentils. Voyez Gentils.

M. l’abbé Fleury donne au mot payen une autre origine : il remarque que lorsque l’empereur Cons-