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PAVESSIER, ou PAVESCHEUR, s. m. (Art mil.) ancienne milice ainsi appellée du pavoi dont elle étoit armée.

PAVEUR, (Maçonnerie.) ouvrier qui emploie le pavé, qui en couvre les grands chemins, les rues, les places publiques, &c.

Les maîtres Paveurs composent à Paris une des communautés des arts & métiers. Leurs premiers statuts leur furent donnés sous le regne de Louis XII. le 10 Mars 1501, par Jacques d’Estonville, garde de la prévôté de cette capitale, sur le vu & les conclusions des gens du roi du châtelet.

Les outils nécessaires aux Paveurs de grand échantillon, sont une pelle, une pince, divers marteaux, entr’autres un marteau à refendre, un autre à paver, un troisieme à fouiller la terre, un épinçoir, une demoiselle & un niveau.

A l’égard des ouvrages du petit échantillon, on y emploie outre quelques-uns des outils précédens, plusieurs outils de maçons, comme la truelle, l’auge, la hachette, le rabot pour corroyer le mortier, l’oiseau pour le porter, & peu d’autres semblables.

Tous ces outils sont décrits & expliqués à leurs propres articles.

Paveur, angle de, (Archit.) c’est la jonction de deux revers de pavé, laquelle forme un ruisseau en ligne diagonale dans l’angle rentrant d’une cour.

PAVIA, s. f. (Botan.) genre de plante que Boerhaave & Linnœus ont ainsi caractérisée. Ses feuilles sont conjuguées, mais disposées de façon que celles de dessous se croisent avec celles de dessus. L’extrémité du pédicule se change en un long calice cylindrique, de même couleur que la fleur, & divisée en six segmens. Il s’éleve du dedans du calice une fleur irréguliere à cinq feuilles, disposée de maniere que ces cinq pétales forment une fleur d’une seule piece, découpée en deux levres ; car les deux pétales supérieures forment le casque ; les deux côtés, la gueule ; & celui de dessous, la barbe. La fleur renferme huit étamines, dont chacune est garnie d’un sommet, & les fleurs sont disposées en épis. L’ovaire qui est au fond du calice pousse un long pistil de figure cylindrique & de couleur rouge, & se change en fruit partagé en trois loges qui renferment des semences sphériques. Boerhaave ne compte qu’une espece de pavia, qui est la pavia americana, castaneæ folio, du P. Plumier.

PAVIE, (Géogr. mod.) ancienne ville d’Italie au duché de Milan, & la capitale du Pavesan, avec un évêché suffragant de Milan. On ne diroit pas aujourd’hui qu’elle a été le séjour de plus de vingt rois, & la capitale de leur royaume. Elle est sur le Tésin, à 7 lieues S. de Milan, 10 N. O. de Plaisance, 25 E. de Gènes. Long. 26. 40. lat. 45. 10.

Pavie est la patrie de quelques hommes de lettres, entr’autres de Boëce, Lanfranc, Cardan (Jérôme), Menochius (Jean-Etienne), & de Guidi (Charles-Alexandre).

Boëce, un des meilleurs écrivains latins de son tems, nâquit au v. siecle, & fut élevé au triste consulat de Rome en 487, 510 & 511. On l’accusa, en 523, de vouloir soustraire cette ville au pouvoir des Goths, par l’assistance des Grecs. Il fut arrêté avec son beau-pere Symmaque, & conduit à Pavie, où il eut la tête tranchée par ordre de Théodoric, l’an 524. Il nous reste de lui les cinq livres sur la consolation de la philosophie, qu’il composa pour adoucir la rigueur de sa prison.

Lanfranc, après avoir étudié à Bologne, devint prieur de l’Abbaye du Bec, ensuite abbé de S. Etienne de Caën, d’où il fut tiré par Guillaume I. pour être placé sur le siege de Cantorbéry, en 1070. Il écrivit contre Berenger, & mourut en 1089.

Cardan, né en 1501, est connu par un grand nom-

bre d’ouvrages recueillis en 1663, en 10 volumes

in-folio. C’est un mélange de sujets où regne beaucoup d’esprit, d’érudition, de vanité, de faux jugemens & d’extravagance. Plein de crédulité à l’Astrologie judiciaire ; on dit qu’il se laissa mourir de faim, pour accomplir son horoscope, le 21 Septembre 1576. Son livre de la subtilité, que Jules Scaliger a si fort dénigré, est le seul ouvrage de Cardan, qui puisse être lu.

Menochius, né en 1576, se fit jésuite en 1593, à 17 ans, & mourut à Rome en 1656, à 80 ans. Il a mis au jour un commentaire sur l’Ecriture-sainte, dont la meilleure édition est celle du P. Tournemine, en 1719, 2 vol. in-fol.

Guidi est mort comblé de biens à Frescati, le 12 Juin 1712, à 63 ans. On a de lui des poésies italiennes très-estimées. (D. J.)

Pavie, (Jardinage.) espece de pêche. Voyez Pêcher.

PAVIER ou PAVOIER, v. n. (Marine.) mettre un tour de drap rouge ou de toile au bord du vaisseau pour cacher les soldats ; & aux hunes, pour cacher ceux qui travaillent aux voiles. C’est une pratique de réjouissance & de combat. Dans les grands vaisseaux on pavie de frise ou d’écarlate.

PAVIERS, s. m. pl. (Marine.) c’est ainsi qu’on nomma quelquefois les bords du vaisseau qui servent de péribole ou de garde-fou.

PAVILLON, s. m. en Anatomie ; c’est l’extrémité de la trompe de Fallope, qui est proche de l’ovaire, elle est évasée comme le pavillon d’un trompette, & bordée d’une espece de frange. Voyez Trompe de Falloppe.

Pavillons, dans l’Art militaire, sont les corps particuliers de casernes destinés au logement des officiers. Ces parties se nomment les pavillons des officiers. Voyez Casernes. (Q)

Pavillon, en terme de guerre, se dit aussi quelquefois d’une tente élevée sur des mâts ou piliers, pour se loger dessous en tems d’été. Voyez Tente. Chambers. (Q)

Pavillon, se dit aussi des drapeaux, des étendarts, ces enseignes, des bannsieres, &c. que les auteurs confondent souvent, & prennent l’un pour l’autre. Voyez Drapeau, Enseigne, Étendart &c.

La mode de porter des pavillons en pointe, comme ils sont aujourd’hui, vient des Arabes mahométans, lorsqu’ils s’emparerent de l’Espagne ; jusqu’alors toutes les couleurs étoient étendues sur des traversiers, comme les bannieres des églises, d’où vient qu’on disoit en latin vexilla quasi vella, un diminutif de vela, voiles.

Tous les pirates, le long des côtes de l’Atlantique & de Barbarie portent des pavillons hexagones, ils sont de gueules, chargés d’un marmot turc, coifé de son turban ; quoique cela soit contraire à leur loi, qui leur défend de faire aucune image d’homme, ayant opinion que ceux qui en font seront tenus au jour du jugement de fournir une ame à ces figures, & qu’à faute de le faire ils seront damnés.

Mais il paroît que ce portrait est celui de Hali Sulficar, gendre de Mahomet, dont les Africains tiennent le parti, lequel ordonna que son portrait seroit représenté sur les drapeaux, se croyant si redoutable aux chrétiens, que le seul aspect de son image les mettroit en fuite : ainsi que nous l’apprend Leunclavius. (Q)

Pavillon, s. m. (Marine.) c’est une banniere, ordinairement d’étamine, qu’on arbore à la pointe des mâts, ou sur le bâton de l’arriere, pour faire connoître la qualité des commandans dans des vaisseaux, & de quelle nation ils sont. Le pavillon est coupé de diverses façons, & chargé d’armes & de couleurs par-