Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soit pour mériter la même croyance. Horace, l. III. ode 4. le dit.

. . . . . . Qui Lycia tenet.
Dumeta, natalem que silvam,
Delius & patareus Apollo.

On ne consultoit l’oracle de Patare que dans les six mois de l’hiver : durant les six mois de l’été l’oracle étoit à Delphes. C’est ce que Virgile explique dans l’Eneide, l. IV. v. 143.

. . . Ubi hibernam Lyciam, Xantique fluenta
Deserit, ac Delum maternam invisit Apollo.

La ville de Patare étoit située dans la peninsule, qu’Etienne le géographe appelle la Chersonèse des Lyciens. C’étoit, selon Tite-Live, liv. XXXVII. c. xvij. & l. XXXVIII. c. xix. une ville maritime qui avoit un port. Ptolomée Philadelphe après avoir accru Patare, la nomma Arsinoé, du nom de sa femme, mais cette ville ne laissa pas que de conserver toujours son ancien nom, sous lequel elle fut plus connue que sous celui d’Arsinoé. Elle devint avec le tems un evèché suffragant de Myre.

Acésée, brodeur de Patare, s’immortalisa par son adresse à l’aiguille. C’est lui qui fit le voile nommé πέπλον pour la Minerve d’Athenes ; c’est encore lui qui fit l’ouvrage de ce genre que les Delphiens consacrerent à Apollon, & l’on ecrivit dessus que Minerve elle-même par sa faveur divine avoit dirigé le travail de l’ouvrier, & avoit conduit ses mains. (D. J.)

PATARINS, Paterins, ou Patrins, s. m. (Hist. ecclésiast.) hérétiques qui s’éleverent dans le xij. siecle, & suivoient une partie des erreurs des Vaudois & des Henriciens. Ils soutenoient que Lucifer avoit créé toutes les choses visibles : que le mariage est un adultere ; que ce fut une illusion que Moïse vit un buisson ardent, & diverses autres impostures qui furent condamnées en 1170 dans le concile général de Latran, sous Alexandre III. avec les erreurs des Cathares, & de divers autres hérétiques. On tire leur nom du mot latin pati, qui veut dire souffrir, parce qu’ils affectoient de tout souffrir avec patience, & se vantoient encore d’être envoyés dans le monde pour consoler les affligés : ce qui fut cause qu’on les appella les consolés ou consolateurs en Lombardie, & les bonshommes en Allemagne. Baronius, A. C. 1179. Sponde, A. C. 1198. n. 28. Sander. har. 147.

PATAVINITÉ, s. f. (Belles-Lettres.) Chez les critiques, c’est une faute qu’on reproche à Tite-Live, & qu’il a tirée de Padoue sa patrie, qu’on appelloit autrefois Patavium. Asinius Pollion, comme nous l’apprend Quintilien, a taxé Tite-Live de patavinité. Les critiques se sont donné des peines infinies pour découvrir en quoi consistoit cette patavinité.

Paul Beni, professeur d’Eloquence dans l’universié de Padoue, croit que ce mot doit s’entendre du penchant que cet historien avoit pour le parti de Pompée. Mais Pollio lui auroit-il reproché un penchant dont il n’étoit pas exempt lui-même ? Pignorius pense que la patavinité consiste en ce que Tite-Live a retenu l’orthographe vicieuse de ses compatriotes de Padoue, qui écrivoient sibe & quase pour sibi & quasi : ce qu’il prouve par plusieurs anciennes inscriptions.

Le P. Rapin regarde la patavinité comme une mauvaise prononciation qui choquoit les oreilles délicates de ceux qui étoient à la cour d’Auguste, & qui sentoit la province.

Morhof croit que c’étoit une certaine tournure de style, & quelques phrases particulieres aux Padouans. Tout ce que nous en savons de certain, c’est que c’étoit une faute de langage reprochée à Tite-Live, mais non un défaut de sentiment ou de mœurs. Très-probablement c’est une de ces délicatesses qui

sont perdues dans une langue morte. M. Balzac ne pouvoit pas mieux rendre son radoteur ridicule, qu’en supposant qu’il se glorifioit d’avoir découvert ce que c’étoit que la patavinité reprochée à Tite-Live par Pollion.

Dan. Georg. Mothof a fait un traité intitulé, de patavinitate liviana, imprimé à Kiel en 1685, ou il explique doctement l’urbanité & la péregrinité de la langue latine.

Pollion, dit M. Rollin, prétendoit découvrir dans le style de Tite-Live de la patavinité, c’est-à-dire apparemment quelques termes ou quelques tours qui sentoient la province. Il se peut faire qu’un homme né & élevé à Padoue eût conservé, s’il est permis de parler ainsi, un goût de terroir, & qu’il n’eût pas toute cette finesse, cette delicatesse de l’urbanité romaine, qui ne se communiquoit pas à des etrangers aussi facilement que le droit de bourgeoisie ; mais c’est ce que nous ne pouvons pas appercevoir ni sentir. Hist. anc. tom. XII. p. 300.

PATAY, (Géog. mod.) petite ville ruinée de France, dans la Beauce, au diocèse de Chartres, élection de Châteaudun. Les Anglois y furent défaits en 1429, & Talbot prisonnier. Long. 19. 18. lat. 48. 5. (D. J.)

PATE, s. f. (Boulanger.) farine pétrie & préparée pour faire du pain. La farine pétrie dont on fait le pain est ordinairement levée ou avec du levain de pâte, si c’est du gros pain, ou quelquefois avec de la mousse ou écume de biere, si c’est du pain léger & mollet.

Avant de pétrir la pâte, on prépare le levain, c’est-à-dire, qu’on met un morceau de pâte aigrie & réservée à cet usage, ou une partie de levûre de biere dans une petite partie de la farine qu’on veut pétrir ; & qu’après avoir pétris ensemble avec de l’eau chaude, on laisse fermenter.

Cette premiere pâte suffisamment levée, se mêle avec le reste de la farine en la délayant de même avec de l’eau chaude, qu’on met en moindre ou plus grande quantité, suivant la température de l’air, moins si le tems est doux, plus s’il est froid.

La pâte réduite à une certaine consistance qui se regle suivant que le pain doit être ferme ou léger, on la coupe avec le coupe-pâte ; on la pese à la balance ; si ce sont des boulangers qui petrissent, on la tourne sur le tour, & on la dresse sur la table à coucher ; ou on la laisse jusqu’à ce qu’elle soit assez levée, & propre à mettre au four.

On pétrit ordinairement la farine, & on la réduit en pâte avec les mains, en la repliant plusieurs fois, & en la foulant avec les points fermés ; ce qui se fait dans des pétrins, ou des bacquets.

Quelquefois pour certaines sortes de pain, lorsqu’elle est en consistence de bonne pâte, on la pétrit encore avec les piés dans un sac. Dans cette maniere de pétrir, au lieu de replier la pâte, on la coupe avec le coupe-pâte, & l’on en met les morceaux les uns sur les autres. Dictionnaire du Minage. Voyez l’article Pain. (D. J.)

Pate batarde ou ferme, (chez les Boulangers.) est une pâte que l’on a bassinée avec ou lait ou de l’eau, pour faire le gros pain. On l’appelle ferme, parce qu’on l’a pétri plus dure, & avec moins d’eau que la pâte molle. On fait du pain de pâte ferme d’une, de deux, de trois, de quatre, de six, de huit, & de douze livres. Il est défendu aux Boulangers d’en faire & d’en exposer dans leur boutique, de cinq, de sept, de neuf, de dix, & de onze livres.

Pate molle, c’est en Boulangerie, une pâte légere & délicate, dont on fait le pain mollet. Pour la rendre telle, quand on a acquis une certaine consistance, on la coupe avec les mains, c’est-à-dire, on la sépare en lambeaux que l’on jette les uns sur les