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Outre le pas de camp, il y en a trois autres, que l’ordonnance du 6 Mai 1755 a établis pour les mouvemens des troupes. Ces pas sont le petit pas, qui est d’un pié mesuré d’un talon à l’autre ; le pas ordinaire, qui est de deux piés, & le pas redoublé, qui se fait une fois plus vîte que les précédens.

Le petit pas & le pas ordinaire doivent se faire chacun dans l’intervalle d’une seconde, pendant laquelle on peut prononcer distinctement un, deux. Dans ce même tems on fait deux pas redoublés.

Le petit pas, l’ordinaire & le redoublé, peuvent être directs ou obliques. Ils sont directs lorsque la troupe marche directement devant elle, & obliques lorsque les soldats s’avancent par le côté.

Le petit pas rend la marche grave & majestueuse ; l’ordinaire la rend propre à durer longtems ; à l’égard du pas redoublé, il convient lorsqu’il faut tomber avec vivacité sur l’ennemi ; comme il se fait avec une fois plus de vîtesse que les autres, on ne peut s’en servir que pour parcourir un espace trop court, pour fatiguer les troupes & les mettre hors d’haleine.

Les soldats doivent être exercés à exécuter ensemble ces différens pas, de la même maniere que si toutes les parties de la troupe ou du bataillon n’avoient qu’un seul & même mouvement. Le bruit des instrumens peut servir très-utilement à faire acquérir cette justesse & cette précision aux soldats ; mais les fréquens exercices peuvent aussi y suppléer. Thucydide dit que dans la bataille de Mantinée, gagnée par Agis sur les habitans de cette ville, les Lacédémoniens s’avancerent posément au son de la flute, dont il y avoit plusieurs entremêlées dans les bataillons, non pour chanter l’hymne du combat, mais pour marcher d’un pas égal & comme en cadence, de peur de rompre les rangs, comme il arrive d’ordinaire aux grandes armées. (q)

Pas, terme de Manege, est une certaine maniere dont un cheval peut se mouvoir & avancer. Voyez Cheval.

Il y a trois sortes de pas naturels au cheval, savoir le pas proprement dit, ou le marcher, le trot, & le galop ; quelques-uns y ajoutent l’amble, parce que ce dernier pas est naturel à quelques chevaux. Voyez Trot, Galop, Amble, &c.

A l’égard des pas artificiels. Voyez Airs.

Les chevaux qui mêlent leurs pas, c’est-à-dire par exemple le marcher & l’amble, &c. sont rarement bons ; leur défaut vient d’un tempérament bouillant & inquiet, & quelquefois aussi d’une foiblesse de reins ou de jambes.

Pas se dit plus particulierement de l’espece de marcher tranquille, où un cheval leve en même tems les jambes diamétralement opposées, une devant & l’autre derriere, ce qui est le mouvement du trot. Voyez Trot.

Pas, s. m. pl. (Architect.) petites entailles, par embrevement, faites sur les plate-formes d’un comble, pour recevoir les piés des chevrons. (D. J.)

Pas d’une porte, (Architect.) c’est précisément la pierre qu’on met au-bas d’une porte entre ses tableaux, & qui differe du seuil, en ce qu’elle avance au-delà du nud du mur en maniere de marche.

Pas, (Arpentage.) mesure dont on se sert pour arpenter les terres ; le pas d’arpentage à la Martinique est de trois piés & demi de la mesure de Paris ; à la Guadeloupe & aux autres îles Antilles françoises il n’est que de trois piés.

Pas, terme de Carrier, signifie chaque tour que le gros cable fait sur l’arbre de la roue d’une carriere ; ainsi lorsque les carriers d’en-bas crient à ceux d’en-haut de lâcher un pas pour débrider, ils veulent faire entendre qu’il faut lâcher un tour de roue pour débrider la pierre qui a été mal bridée, & la brider plus surement. (D. J.)

Pas, (Charpenterie.) est un embrevement dans les sablieres & plateformes pour recevoir le pié des chevrons.

Pas, en terme de Danse, se dit des différentes manieres d’y conduire ses pas en marchant, en sautant & en pirouettant : voici les noms des principaux pas de danse.

Le pas se prend en général pour une composition faite sur un air ; ainsi on dit il a fait un beau pas sur une telle chacone, sur une telle gigue. Au propre c’est un mouvement d’un pié d’un lieu à un autre, ce qui se fait en cinq manieres, quand on porte également les deux piés ou en-avant, ou en-arriere, ou de côté.

Le pas droit est un pas qui se fait en ligne droite.

Le pas grave ou ouvert, se dit lorsqu’on écarte en marchant un pié de l’autre en décrivant un demi-cercle.

Le pas battu, est lorsqu’on passe une des jambes par-dessus l’autre, ou par-dessous, avant que de poser le pié à terre, ou qu’on bat d’une cuisse contre l’autre.

Le pas tourné est lorsqu’on fait un tour des jambes, ou qu’on décrit un cercle entier avec le pié en-avant ou en-arriere ; il s’appelle aussi tour de jambes.

Le pas tortillé est lorsqu’on fait mouvoir un pié sur une ligne parallele à celui qui est posé à terre, & qu’en le posant à terre on le remet à angle droit ; ou autrement, c’est lorsqu’en partant on met la pointe du pié en-dedans, & en le posant on la remet en-dehors ; il se fait de la hanche.

On appelle pas avec mouvement, ceux que l’on fait avec les plis des genoux.

Le pas relevé ou neuf, se fait lorsqu’après avoir plié au milieu du pas, on se releve en le finissant.

Pas balancé, ou balancement, se fait lorsqu’on se jette à droite avec mouvement sur la pointe du pié, pour faire ensuite un coupé ; on l’appelle demi-coupé.

Pas coupé, c’est lorsqu’après avoir fait un pas avec mouvement, on en fait un autre plus lent, de quelque maniere qu’il soit.

Pas dérobé, est lorsque les deux piés se meuvent en même tems dans un sens opposé.

Pas glissé, est lorsqu’on fait un pas plus grand qu’il ne doit être naturellement ; car sa grandeur naturelle & déterminée est la largeur des épaules.

Pas chassé, ou simplement chassé, c’est lorsqu’on plie avant que de mouvoir le pié.

Pas tombé, se dit lorsqu’on ne plie qu’après avoir posé le pié qu’on a mu.

Les pas mignardés se font quand le mouvement des piés suit les dimensions qui sont sur les notes de musique, comme lorsqu’on étend les cinq minimes blanches en dix minimes noires.

Il y a aussi des pas qu’on appelle pas de courante, de bourrée, de menuet, de gavotte, de branle, de canarie, de traquenart, de bocane, de sissonne, de ballet, &c. danser les cinq pas.

Les pirouettes, les sauts, les cabrioles, les demi-cabrioles & fleurets sont mis au rang des pas, Voyez-les à leur ordre.

Pas de menuet, (Danse.) ce pas est composé de quatre autres, qui par leur liaison n’en font qu’un ; il a trois mouvemens & un pas marché sur la pointe du pié. Le premier mouvement est un demi-coupé du pié droit & un du gauche. Le second est un pas marché du pié droit sur la pointe, & les jambes étendues. Le troisieme enfin, est qu’à la fin de ce pas, on laisse poser doucement le talon droit à terre pour laisser plier le genoux, qui par ce mouvement fait lever la jambe gauche qui se passe en-avant, en faisant un demi-coupé échappé ; ce troisieme mouvement fait le quatrieme pas du menuet : mais comme ce pas demande trop de force dans le