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& qu’on a depuis abandonnés : les pieces du grand Rousseau en style marotique sont pleines d’archaïsmes. Ce mot vient du grec ἀρχαιος, ancien, auquel en ajoutant la terminaison ισμος, qui est le symbole de l’imitation, on a ἀρχαισμος, qui veut dire antiquorum imitatio.

Le néologisme, envisagé comme le pendant de l’archaïsme, est une figure par laquelle on introduit un terme, un tour, ou une association de termes dont on n’a pas encore fait usage jusques-là ; ce qui ne doit se faire que par un principe réel ou très-apparent de nécessité, & avec toute la retenue & la discrétion possibles. Rien ne seroit plus dangereux que de passer les bornes ; la figure est sur les frontieres, pour ainsi dire, du vice, & ce vice même ne change pas de nom ; il-n’y a que l’abus qui en fait la différence.

NÉOLOGUE, s. m. celui qui affecte un langage nouveau, des expressions bisarres, des tours recherchés, des figures extraordinaires. Voyez Néologique & Néologisme. (B. E. R. M.)

NÉOMAGUS, (Géog. anc.) ce mot hybride est composé du grec & du gaulois, & a été donné à diverses villes ou bourgs de France, des Pays-bas, d’Allemagne, même en Angleterre à la ville de Chichester, & à d’autres.

En effet, 1°. Néomagus, ou Noviomagus dans Ptolomée, est une ville des Regni, peuples de l’ile d’Albion. Cambden croit que c’est aujourd’hui Woodcôte, & diverses raisons appuyent ce sentiment, qui a le suffrage de M. Gale.

2°. Néomagus, ou Noviomagus Batavorum, est une ancienne ville de la seconde Germanie, sous la rive gauche du Wahal, à l’extrémité de la Gaule. On ne doute point que ce ne soit aujourd’hui Nimègue, capitale de la Gueldre hollandoise. (D. J.)

NÉOMÉNIASTE, (Antiq. grecq.) Νεομηνιαστος ; on appelloir chez les Grecs néoméniastes, ceux qui célébroient la fête des néoménies, ou de chaque mois lunaire.

NÉOMÉNIE, s. f. (Chronol.) c’est le jour de la nouvelle lune. Les néoménies sont d’un usage indispensable dans le calcul du calendrier des Juifs, qui leur donnent le nom de tolad.

NÉOMÉNIES, (Antiq. & Litt.) en grec Νεομηνια, ou Νουμήνια, c’est-à-dire nouvelle lune, de νέος, nouveau, & μηνη, lune, fête qui se célébroit chez les anciens à chaque nouvelle lune.

Le desir d’avoir des mois heureux, introduisit la fête des néoménies chez tous les peuples du monde. Les Egyptiens pratiquerent cet usage long-tems avant la promulgation de la loi de Moïse ; il fut prescrit aux Hébreux ; il passa de l’Orient chez les Grecs, chez les Romains, ensuite chez les premiers chrétiens avec les abus qui s’étoient glissés dans cette fête, ce qui la fit condamner par saint Paul, mais il en reste encore quelques vestiges parmi nous.

La néoménie étoit un jour solemnel chez les Juifs, buccinate in neomeniâ tubâ, Ps. Ixxx. V 4. Sonnez de la trompette au premier jour du mois. Les Hébreux avoient une vénération particuliere pour le premier de la lune. Ils le célébroient avec des sacrifices au nom de la nation, & chaque particulier en offroit aussi de dévotion. C’étoit au sanhédrin à déterminer le jour de la nouvelle lune, parce qu’il étoit de sa jurisdiction de fixer les jours de fête. Les juges de ce tribunal envoyoient ordinairement deux hommes pour découvrir la lune ; & sur leur rapport ils faisoient publier que le mois étoit commencé ce jour-là. Cette publication se faisoit au son des trompettes, qui étoit accompagné du sacrifice solemnel ; il n’étoit cependant pas défendu de travailler ou de vaquer à ses affaires, excepté à la néoménie du commencement de l’année civile au mois de Tizri, Ce

jour étoit sacré & solemnel, & il n’étoit permis de faire aucune œuvre servile. 2. Paral. ij. 4. judic. vij. 6. Os. ij. 11. Col. ij. 16.

Les Egyptiens célébroient aussi les néoménies avec beaucoup d’appareil ; on sait que tous les mois de leur année étoient représentés par des symboles, & que le premier jour de chaque mois ils conduisoient les animaux qui répondoient aux signes célestes dans lesquels le soleil & la lune alloient entrer.

Les Grecs solemnisoient les néoménies au commencement de chaque mois lunaire en l’honneur de tous les dieux, mais particulierement d’Apollon, nommé Néoménius, parce que tous les astres empruntent leur lumiere du soleil. On trouvera dans Potter, Archæol. tom. I. pag. 416. les détails des cérémonies de cette fête.

Elle passa des Grecs chez les Romains avec l’idée du culte qui y étoit attaché. Ils appellerent calendes ce que les Grecs appelloient néoménies. Au commencement de chaque mois ils faisoient des prieres & des sacrifices aux dieux en reconnoissance de leurs bienfaits, & la religion obligeoit les femmes de se baigner ; mais les calendes de Mars étoient les plus solemnelles, parce que ce mois ouvroit l’année des Romains. (D. J.)

NEON, (Géog. anc.) ville de Grece, dans la Phocide, auprès du Parnasse. Hérodote, Pausanias, & Etienne le géographe en parlent.

NÉONTICHOS, nom commun, 1°. à une ville de l’Eolide, selon Pline ; 2°. à une ville de la Phocide selon Ortélius ; 3°. à une ville de Thrace sur la Propontide ; 4°. à une ville de la Carie.

NÉOPHYTES, s. m. pl. (Hist. eclesiast.) se disoit dans la primitive Eglise, des nouveaux chrétiens, ou des payens nouvellement convertis à la foi. Voyez Cathécumene.

Ce mot signifie nouvelle plante ; il vient du grec νεος, nouveau, & φυω, je produis, comme qui diroit nouvellement né ; le baptême que les Néophytes recevoient étoit regardé comme une nouvelle naissance. Voyez Baptême.

On ne découvroit point aux Néophytes les mysteres de la religion. Voyez Mystere.

Le mot de Néophytes s’applique aussi aux proselytes que font les missionnaires chez les infideles Les néophytes du Japon, sur la fin du xvj. & au commencement du xvij. siecle, ont montré, dit-on, un courage & une fermété de foi dignes des premiers siecles de l’Eglise.

Néophyte étoit aussi en usage autrefois pour signifier de nouveaux prêtres, ou ceux qu’on admettoit aux ordres sacrés ; comme aussi les novices dans les monasteres. Voyez Novice.

Saint Paul ne veut pas qu’on éleve les Néophytes aux ordres sacrés, de peur que l’orgueil n’ébranle leur vertu mal affermie. On a pourtant dans l’Histoire ecclesiastique quelques exemples du contraire, comme la promotion de saint Ambroise à l’épiscopat, mais ils sont rares.

NÉOPTOLÉMÉES, s. f. (Antiq. greq.) Νεοπτολεμεια, fête annuelle célébrée par les habitans de Delphes avec beaucoup de pompe, en mémoire de Néoptolème fils d’Achille, qui périt dans son entreprise de piller le temple d’Apollon, à dessein de venger la mort de son pere, dont ce dieu avoit été cause au siege de Troye. Les Delphiens ayant tué Néoptolème dans le temple même, ils crurent devoir fonder une fête à sa gloire, & honorer ce prince comme un héros. Potter, Archæol. græq. tom. I pag. 417.

NÉORITIDE, (Géog. anc.) pays d’Asie au-delà du Caucase, dans l’intérieur des terres. Alexandre, après avoir jetté sur les bords de l’Océan les fondemens d’une nouvelle Alexandrie, entra par diffé-