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des pareres donnés sur toutes ces sortes de questions. M. Savary des Brulons, son fils, & auteur de la plus grande partie du Dictionnaire de Commerce, a donné en 1715 une nouvelle édition de cet ouvrage avec trente-neuf pareres nouveaux sur diverses questions. Voyez le Dictionnaire de Commerce, au mot Parere.

PARERGA, s. m. (Architect.) c’est un terme dont on se sert quelquefois en Architecture, pour signifier des additions ou supplémens faits à l’ouvrage principal, qui lui servent d’ornement.

On s’en sert aussi quelquefois en Peinture, pour exprimer de petits morceaux ou compartimens, places sur les côtés ou dans les angles du tableau principal.

PARERMENEUTES ou FAUX INTERPRETES, s. m. pl. (Théol.) hérétiques qui s’éleverent dans le septieme siecle, & qui interprétoient l’Ecriture selon leur sens, se moquant de l’explication de l’Eglise & des docteurs orthodoxes. S. Jean de Damas, voyez Pratéole, Sandere, her. 127.

PARESSE, s. f. (Morale.) nonchalance qui empêche l’homme de travailler, de vaquer à ses affaires, & de remplir ses devoirs.

Un poëte anglois a peint cette reine du monde comme une indolente divinité :

A careless deity
No probleme puzzle his lethargick brain :
But dull oblivion guards his peaceful bed,
And lazy fogs bedew his gracious head.
Thus at full length, the pamper’d monarch lay,
Fatt’ning in case, and slumb’ring life away.

De tous nos défauts, celui dont nous tombons le plus aisément d’accord, c’est de la paresse ; parce que nous nous persuadons qu’elle tient à toutes les vertus paisibles ; & que, sans détruire les autres, elle en suspend seulement les fonctions. De-là vient qu’elle regne souverainement dans ce qu’on appelle le beau monde ; & si quelquefois on trouble son empire, c’est plutôt pour chasser l’ennui, que par goût pour l’occupation.

L’esprit contracte aussi facilement l’habitude de la paresse que le corps. Un homme qui ne va jamais qu’en voiture, est bien-tôt hors d’état de se servir de ses jambes. Comme il faut lui donner la main pour qu’il marche, de même il faut aider l’autre à penser, & même l’y forcer ; sans cela, l’homme craignant l’application, soupire vainement après la science qui est pour lui une plante succulente, mais dont il n’a pas le courage d’exprimer le suc. L’esprit ne devient actif que par l’exercice ; s’il s’y porte avec ardeur, il trouve celui des forces & des ressources, qu’il ne connoissoit pas auparavant.

Au surplus la paresse de l’esprit & du corps, est un vice que les hommes surmontent bien quelquefois, mais qu’ils n’étouffent jamais. Peut-être est-ce un bonheur pour la société que ce vice ne puisse pas être déraciné. Bien des gens croient que lui seul a empêché plus de mauvaises actions, que toutes les vertus réunies ensemble. (D. J.)

Paresse, Fainéantise, (Synon.) La paresse est un moindre vice que la fainéantise. Celle-là semble avoir la source dans le tempérament, & celle-ci dans le caractere de l’ame. La premiere s’applique à l’action de l’esprit comme à celle du corps ; la seconde ne convient qu’à cette derniere sorte d’action. Le paresseux craint la peine & la fatigue, il est lent dans ses opérations, & fait traîner l’ouvrage. Le fainéant aime à être desœuvré, il hait l’occupation, & fuit le travail. Girard. (D. J.)

PARESSEUX, adj. (Gramm.) qui ne se porte qu’à regret à remplir ses devoirs. On dit aussi un ven-

tre paresseux, une nature paresseuse. Voyez l’article

Paresse.

Paresseux, tardigradus, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) Pl. IV. fig. 3. & Pl. V. fig. 2. animal quadrupede, long d’environ deux piés ; il a la queue très courte, les jambes de devant plus longues que celles de derriere, & seulement trois doigts à chaque pié, avec des ongles forts & un peu recourbés. Le poil est fort épais, varié de brun & de blanc, & entierement blanc sur la face de cet animal. Les oreilles n’ont point de conque, on ne voit à l’extérieur que l’orifice du canal auditif. Il n’a ni dents incisives, ni canines, mais seulement des molaires. Le paresseux se trouve au Bresil, dans la Guyane, & aux Indes orientales. Il y a dans l’île de Ceylan un autre animal auquel on a aussi donné le nom de paresseux : il n’a que deux doigts aux piés de devant, & trois à ceux de derriere ; ses oreilles sont plates & appliquées contre la tête ; le poil est épais & de couleur incarnate foncée par-dessus le dos, & d’un cendré clair par-dessous le ventre : cet animal n’a point de queue. Regn. anim. par M. Brisson.

Pison rapporte que le paresseux marche si lentement, qu’en quinze jours entiers à-peine pourroit-il aller aussi loin que l’on pourroit jetter une pierre. Il met environ deux jours à monter sur un arbre, ou à descendre ; on ne peut hâter sa démarche ni par des menaces, ni par des coups de fouet ou de bâton. Le museau de cet animal est toujours sale & couvert de salive ; il se traîne sur son ventre sans jamais s’élever sur ses jambes ; il saisit fortement avec ses ongles, & il dort suspendu aux arbres ; on le trouve ordinairement sur leur sommet ; il vit de feuilles sans boire. Hist. nat. Gulielmi Pisonis, lib. V. chap. xxiij. (I)

Paresseux, (Maréchallerie.) un cheval paresseux, est celui qui ralentit toujours son allure, & qu’il faut avertir incessamment.

PARETONIUM, (Hist. nat.) nom donné par les anciens naturalistes à une argille très-blanche, lisse & pesante, douce au toucher, friable ou facile à écraser entre les doigts, sans les colorer ; elle ne s’attache que légerement à la langue, & se dissout aisément dans la bouche ; elle est fort visqueuse lorsqu’elle a été mouillée. Il se trouve de la terre de cette espece en Angleterre, dans la principauté de Galles, ainsi qu’en Normandie. Elle seroit très-propre à faire de la porcelaine. Voyez Emmanuel Mendez d’Acosta, natural history of fossils.

Pline a cru que cette substance se formoit de l’écume de la mer congelée & devenue solide, parce qu’on la trouvoit sur les rivages d’Egypte, & de l’île de Crete. Il y a lieu de croire que la mer en baignant des couches de cette terre, la porte sur ces côtes.

PARÉTUVIER, s. m. (Botan. exot.) c’est un des principaux arbres qui naissent communément dans les Indes occidentales. On le trouve par-tout dans les îles de l’Amérique, & même dans la terre-ferme. Il croît dans les lieux marécageux, sur le rivage de la mer, & le long des rivieres & des torrens qui entrent dans la mer. La principale espece est le parétuvier noir, que les Indiens appellent guaparaiba, nom que Pison lui a conservé. Cet arbre s’éleve à vingt piés de hauteur ; ses feuilles sont semblables aux grandes feuilles du poirier, mais plus longues & plus épaisses. Ses fleurs sont petites, contenues dans des calices oblongs ; il leur succede, après qu’elles sont tombées des siliques ressemblantes en-dehors, au bâton de casse, mais plus courtes, de couleur obscure, remplies d’une pulpe blanche, semblable à la moëlle des os, & d’un goût amer. Les rameaux de cet arbre, après s’être élevés, se courbent jusqu’à terre, où ils prennent racine, s’enlacent les unes dans les autres, se soutiennent, & occupent un grand terrein. (D. J.)