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Gaules sur la Loire, & la capitale des Arverni, Auvergniacs, selon Strabon, liv. IV. p. 191. Lucain, Pharsale, liv. I. vers. 419. parle aussi de cette ville : on croit communément que c’est l’Augusto-Nemetum de Ptolomée, liv. II. ch. vij.

NEMOURS, (Géog.) ville de l’île de France dans le Gatinois, avec titre de duché. Elle est sur le Loing, à 4 lieues de Fontainebleau, 18 de Paris. Long. 20. 20. lat. 48. 15.

Son nom latin est Nemus : on la nomma anciennement Nemox & Nemoux, & de ce dernier mot on a fait le nom moderne Nemours. Le nom de Nemus lui avoit été donné, parce qu’elle étoit située dans la forêt de Bièvre ou de Fontainebleau : aujourd’hui que l’on a coupé une partie de cette forêt, Nemours se trouve entre la même forêt, & celle de Montargis. Elle est entre deux collines, dans l’endroit où étoit la ville de Grex du tems de César. Elle a commencé par un château, qu’on appelloit Nemus ; & elle se forma peu-à-peu, quand la terre eut été erigée en duché. Il y a dans cette petite ville un bailliage royal établi par François I. en 1524. Il est régi par la coutume de Larris, rédigée en 1531.

Nemours a eu autrefois ses seigneurs particuliers, qui se nommoient simplement chevaliers ; & ce fut d’eux que le roi Philippe le Hardi, fils de S. Louis, l’acquit vers l’an 1272. Louis XII. donna Nemours à Gaston de Foix, & l’érigea en duché-pairie, l’an 1507, la premiere érection que Charles VI. en avoit faite ayant été supprimée. Enfin Louis XIV. donna ce duché à son frere Philippe ; & de-là vient qu’il est possédé aujourd’hui par M. le duc d’Orléans.

François Hédelin, connu sous le nom d’abbé d’Aubignac, étoit de Nemours. Après avoir exercé quelque tems la profession d’avocat, il embrassa l’état ecclésiastique, & s’étant attaché au cardinal de Richelieu, il prit parti contre Corneille, & devint précepteur du neveu du Cardinal. Il gagna les bonnes graces de son éminence & de son éleve. Son Térence justifié est tombé dans l’oubli. Sa pratique du théâtre est encore lue ; mais, dit M. de Voltaire, il prouva par sa tragédie de Zénobie, que les connoissances ne donnent pas les talens. Il mourut à Nemours, en 1676, à 72 ans. (D. J.)

NEN, (Hist. mod.) c’est ainsi qu’on nomme dans le royaume de Siam de jeunes enfans, que leurs parens consacrent au service des talapoins ou prêtres, & qui demeurent auprès d’eux dans leurs couvens, & vieillissent dans cet état. Ils ont des écoles où ils vont prendre les leçons des moines leurs maîtres ; ils reçoivent les aumônes pour eux, parce qu’il ne leur est pas permis de toucher de l’argent. Enfin, les nens arrachent les mauvaises herbes du jardin du couvent, ce que les talapoins ne pourroient faire eux-mêmes sans pécher.

NENIES, s. f. (Hist. anc.) chants lugubres qu’on avoit accoutumé de faire aux funérailles, ainsi nommés de la déesse Nænia, qui présidoit à ces sortes de lamentations. On croit que ces chants étoient les louanges de la personne qui venoit de mourir, mises en vers & chantées d’un son triste, avec un accompagnement de flûtes, par des femmes gagées à cet effet, & que l’on appelloit præficæ. Il falloit qu’elles eussent un protocole & des lieux communs applicables, suivant l’âge, le sexe, la condition des personnes ; & comme tout cela se réduisoit le plus souvent à des puérilités & des bagatelles, on emploie ce mot en latin pour signifier des niaiseries. Ceux qui ont attribué l’origine des nénies à Simonides, ont pris ce mot dans un sens trop étendu, & l’ont confondu avec l’élégie, genre noble, sérieux & délicat, dont on attribue l’invention à ce poëte. Ovide fait venir le mot de nénies du grec νείατον, dernier, parce que ces chants étoient les derniers qu’on faisoit en l’hon-

neur du mort. Mais Acron prétend que ce mot nænia

fut inventé pour exprimer, par sa prosodie longue & traînante, le son triste & dolent, soit des chanteuses, soit des flûtes qui servoient non-seulement à accompagner les voix, mais encore à marquer les tems ou les pleureuses publiques devoient se frapper la poitrine en cadence.

Ce mot vient du grec νηνία, sur quoi Scaliger observe qu’il devroit s’écrire en latin nenia & non nænia. Guichard remarque qu’on entendoit autrefois par nænia une espece de chant dont les nourrices se servoient pour bercer & pour endormir les enfans ; & il conjecture que ce mot pourroit venir de l’hébreu nin, enfant.

La déesse Nænia, qui présidoit aux funérailles, étoit particulierement honorée à celles des vieillards. On ne commençoit à l’invoquer que lorsque le malade entroit à l’agonie. Elle avoit un petit temple hors des murs de Rome.

NÉNUPHAR, nymphæa, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleurs en rose, composée de plusieurs petales disposés en rond. Le pistil sort du calice & devient dans la suite un fruit rond ou conique, qui est divisé en plusieurs loges, & qui renferme des semences le plus souvent oblongues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Nous ne connoissons en Europe que deux especes de ce genre de plante aquatique, le nénuphar à fleur blanche, & le nénuphar à fleur jaune.

Le nénuphar à fleur blanche, nymphæa alba major, I. R. H. 260, a la racine vivace, longue, grosse comme le bras, garnie de nœuds de couleur brune en dehors, blanche en-dedans, charnue, fongueuse, empreinte de beaucoup de suc visqueux, attachée au fond de l’eau dans la terre par plusieurs fibres ; elle pousse des feuilles grandes, larges, la plûpart orbiculaires, échancrées en cœur ou en fer à cheval, épaisses, charnues, nageant sur la surface de l’eau, veineuses, d’un verd blanchâtre sur le dos, d’un verd brun en dessous, ayant chacun deux petites oreilles obtuses, d’un goût herbeux assez fade : ces feuilles sont soutenues par des queues longues, grosses comme le doigt d’un enfant, cylindriques, rougeâtres, tendres, succulentes, fongueuses.

Ses fleurs sont grandes, grosses, larges quand elles sont épanouies, à plusieurs pétales disposés en rose, belles, blanches comme celles du lis, presque sans odeur ; elles sont renfermées dans un calice ordinairement à cinq pétales blanchâtres, rangés en rose & à fleurons : leur milieu est occupé par des étamines nombreuses qui partent de la jointure circulaire & extérieure de l’ovaire & du placenta.

Lorsque la fleur est passée, il paroît un fruit sphérique ressemblant à une tête de pavot, partagé dans sa longueur en plusieurs loges remplies de semences oblongues, noirâtres, luisantes, un peu plus grandes que du millet.

Cette plante est toute d’usage en Médecine ; il paroît qu’elle est d’une nature nitreuse, parégorique, apéritive & raffraîchissante. On ne la cultive point dans les jardins ; elle croît naturellement dans les marais, dans les eaux croupissantes, ou dans les ruisseaux qui coulent lentement, & dans les grandes pieces d’eau ; elle fleurit en Mai & en Juin, quelquefois jusqu’en automne. Ray pense que le nénuphar du Brésil à fleur blanche, décrit par Margrave, ne fait pas une espece différente du nôtre.

Le nénuphar à fleur jaune, nymphæa lutea major, I. R. H. 261, ne differe presque du blanc que par la fleur, qui est jaune & plus petite.

Quant aux nymphæa étrangers, des savans éclairés dans la Botanique, & la connoissance des monumens antiques, ont découvert que la plante qu’on voit sur quelques médailles d’Egypte, n’est autre