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de toute l’Ionie. Une chose remarquable dans cette fête, c’est que si le taureau destiné à être immolé, venoit à meugler avant le sacrifice, ce mugissement passoit pour être un présage de la faveur spéciale de Neptune. Potter, Archæol. græc. tom. I. pag. 423. (D. J.)

PANIONIUM, (Géog. anc.) ville de l’Ionie, sur le bord de la mer, près d’Ephèse & de Samos. C’est à Panionium que s’assembloient les douze principales villes de l’Asie mineure, auxquelles Smyrne fut ensuite ajoutée, qui faisoit la treizieme. En voici les noms : Ephèse, maintenant Ajasalouk ; Milet, aujourd’hui Palatscha ; Myus & Lebedos, détruites depuis long-tems ; Teos, village nommé Segest ; Colophon & Priene, qui ne paroissent plus ; Phocée, à-présent Palæa Foja ; Erythres, à-présent le village de Gesmé ; Clazomènes, village de Vourla ou de Kelisman ; Chios, Samos & Smyrne, qui retiennent leur ancien nom.

L’assemblée de ces villes d’Ionie s’appelloit aussi panionium, qui est un mot composé de πᾶν, tout, & Ἰονία, Ionie, comme qui diroit assemblée de tous les Ioniens. On y célébroit une fête en l’honneur de Neptune héliconien, & les sacrifices qu’on y faisoit à ce dieu, étoient aussi nommés panionies. Cette fête, & par conséquent l’union des treize villes qu’on vient de nommer, subsistoit encore au tems de l’empereur Trébonianus Gallus, c’est-à-dire, l’an 251 de Jesus-Christ. On a une médaille greque de ce prince, où la fête est représentée par un autel, auprès duquel est le taureau qui doit être immolé, & qui est environné de treize figures qui paroissent tenir chacune un flambeau. (D. J.)

PANIQUE, terreur, (Littérat.) c’est ainsi, dit Pausanias, qu’on appelle ces frayeurs qui n’ont aucun fondement réel, parce qu’on les croit inspirées par le dieu Pan. Brennus ayant fait une irruption dans la Grece à la tête d’une nombreuse armée de Gaulois, la seconde année de la cent-vingtieme olympiade, s’avança jusqu’à Delphes ; les habitans consternés recoururent à l’oracle ; le dieu leur déclara qu’ils n’avoient rien à craindre, & les assura de sa puissante protection. En effet, continue l’historien, on vit tout-à-coup des signes évidens de la vengeance du ciel contre les barbares : le terrein qu’occupoit leur armée, fut agité de violens tremblemens de terre ; des tonnerres & des éclairs continuels, non seulement les effrayoient sans cesse, & les empêchoient d’entendre les ordres de leurs généraux. La foudre tomboit sur leurs têtes, & des exhalaisons enflammées les réduisoient en poudre eux & leurs armes… Mais la nuit leur fut encore plus funeste, car l’horreur des ténébres les agita d’une terreur panique, & leur fit prendre de fausses allarmes. La crainte s’empara de tous leurs sens, & l’épouvante fut si grande, que se divisant en plusieurs pelotons, ils s’entretuoient les uns les autres, croyant se battre contre des Grecs. Cette erreur qui ne pouvoit être qu’un effet de la colere des dieux, dit encore Pausanias, dura jusqu’au jour, & causa à ces barbares une perte de plus de dix mille hommes ; le reste périt en se sauvant. (D. J.)

PANIS, s. m. panicum, (Hist. nat. Botan.) genre de plante qui ne differe du millet que par l’arrangement des fleurs & des semences qui forment des épis fort serrés. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Panis, (Diete.) La semence de cette plante qui est farineuse, a beaucoup d’analogie avec le millet. (Voyez Millet, & l’art. Farine & Farineux.) La farine qu’elle fournit & qui est mangée dans quelques contrées, comme celle du petit-millet, lui est encore inférieure en beauté. Au rapport de Clusius, on cultive cette plante en Bohème & dans quelques

autres provinces d’Allemagne, en Hongrie, &c. où elle fournit un mauvais pain, & des bouillies aux habitans de la campagne ; mais ce n’est là qu’une ressource pour les pays malheureux où on ne peut avoir mieux. (b)

PANIUM, (Géog. anc.) promontoire d’Europe, sur la côte du Bosphore de Thrace, parallele, selon Pierre Gilles, aux îles Cyanées. Ortelius dit qu’on le nomme aujourd’hui vulgairement Phanorion. Il y a aussi une caverne de Syrie, qui porte le nom de Panium. Elle est située dans la montagne Panéus, près la source du Jourdain ; c’est-là qu’Hérode le Grand fit bâtir un temple de marbre blanc en l’honneur d’Auguste, selon le récit de Josephe, antiq. jud. liv. V. chap. xiij. (D. J.)

PANMACHION, s. m. (Art. gymn.) πανμάχιον, nom donné par quelques auteurs à l’exercice du pancrace. Ils ont appellé en conséquence les combattans, πανμάχοι. Potter, Archæol. græc. l. II. c. xxij. tome I. p. 444. (D. J.)

PANAIRE, s. m. (Soierie.) instrument du métier d’étoffe de soie. C’est une peau de bazanne qui couvre l’envers de l’étoffe. Le panaire sert à garantir l’étoffe à mesure qu’on la roule sur l’ensuple de devant le métier ; il est de veau sans couleur, plié en double ; on l’attache à chaque bout avec une ficelle, à l’un desquels pend un contrepoids afin que l’ouvrier puisse le lever quand il veut.

PANNE, s. f. (Architect.) c’est dans un bâtiment une piece de bois, qui portée sur les tasseaux & chantignoles des forces d’un comble, sert à en soutenir les chevrons. Il y a des pannes qui s’assemblent dans les forces, lorsque les fermes sont doubles. On nomme panne de brisis celle qui est au droit du brisis d’un comble à la mansarde. Voyez Panne de brisis. Les pannes sont appellées templa par Vitruve.

Panne, (Blanchiss.) c’est, en Anjou, une espece de cuvier de bois, dont on se sert pour lessiver les toiles que l’on veut mettre au blanchiment.

Panne, terme de Chaircutier, graisse de porc qui n’est ni battue ni fondue, mais que l’on bat, & que l’on fond quand on veut faire du sain-doux.

Panne, (Charpenterie.) piece de bois, de six ou sept pouces en quarré, entre deux jambes de force, & entre le faîte & l’entablement, sur laquelle posent les bouts des chevrons qui ne pourroient pas être assez longs, pour aller du haut du toît jusqu’en-bas ; ou assez forts, pour soutenir les lattes & l’ardoise, ou les tuiles.

Comme les pannes sont des pieces de bois posées horisontalement le long des demi-toîts, ensorte que les chevrons supérieurs & inférieurs s’appuient sur elles, chacun par une de leurs extrémités, elles doivent s’opposer à l’effort que fait le toît pour perdre sa rectitude & se fléchir. Mais le plus souvent elles s’y opposent inutilement, & d’autant moins qu’elles tendent elles-mêmes à se fléchir par leur propre poids. Aussi est-il très-commun de voir des toîts qui se démentent & se courbent, d’où s’ensuit la ruine du faîte, & tout ce qu’il est aisé d’imaginer d’inconvénient.

On pourroit faire les pannes plus fortes & d’un plus gros équarrissage ; mais ce remede seroit cher, & chargeroit beaucoup le toît ; il y auroit peut-être encore d’autres remedes que nous obmettons, pour en venir à celui qu’a proposé M. Couplet.

Il faut, selon lui, faire ensorte que la panne ait peu à travailler, que même elle ne travaille point du tout, auquel cas on pourroit absolument s’en passer ; & ce ne sera plus qu’une sûreté de surcroît, qui par conséquent pourra être aussi petite & coûter aussi peu qu’on voudra.

Cela se trouvera, si le toît est composé de deux parties distinctes qui soient parfaitement en équilibre,