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gium, nommé éryngium maritimum, par C. B. P. 386, I. R. H.

Ses racines sont très-longues, éparses de tous côtés, de la grosseur du doigt ou du pouce, noueuses par intervalle, blanchâtres, douces & agréables, un peu odorantes. Ses feuilles sont très-nombreuses, portées sur de longues queues, quelquefois larges d’une palme, arrondies, presque semblables à celles de la mauve, mais anguleuses à leur bord, & garnies tout autour d’épines dures, épaisses, bleuâtres, d’un goût aromatique. Sa tige est épaisse, haute d’une coudée, fort branchue, un peu rougeâtre à sa partie inférieure, & portant à son sommet des petites têtes sphériques & épineuses, presque de la grosseur d’une noix, entourées ordinairement à leur base de 6 petites feuilles épineuses, de couleur d’un beau bleu, aussi-bien que les têtes : ces fleurs sont semblables à celles du chardon-roland, & blanchâtres. Cette plante est très-fréquente sur les côtes septentrionales & méridionales. (D. J.)

Panicaut de mer, (Mat. med.) quoique les racines du panicaut de mer soient peu en usage dans ce pays, cependant plusieurs personnes les préferent à celles du panicaut vulgaire ou chardon-roland. Outre les vertus qu’elles ont de commun avec cette derniere plante, J. Rai les croit utiles contre la peste & contre la contagion de l’air, prises le matin à jeun, confites au sucre. Il dit de plus qu’elles sont utiles aux personnes maigres & desséchées, & qu’elles guérissent la vérole. Geoffroi, Mat. med. Voilà bien les Botanistes. (b)

PANICULE, (Anat.) Voyez Pannicule.

PANIER, s. m. (terme génériq.) vaisseau d’osier propre à contenir plusieurs choses, comme diverses marchandises, des fruits, des légumes, du poisson, &c. il se dit aussi de la chose qui y est contenue : un panier de pommes, un panier de cerises, pour dire un panier plein de ces fruits ; ce qu’on nomme aussi une panerée.

Les paniers, suivant leurs usages, sont faits de différentes matieres, & de différentes façons, & ont des formes & des noms qui leur sont propres.

Il y en a à claire-voie, & d’autres pleins, la plupart d’osier ou avec son écorce, ou sans son écorce ; quelques-uns de châtaignier refendu & plats, les uns ronds, les autres longs ; ceux-ci quarrés, plusieurs profonds, d’autres très-plats : enfin il y en a à fond pointu, à fond rond, à fond applati à anse, sans anses, ou avec deux anses ; de fort grands & de très-petits.

Les paniers dont les marchands Merciers se servent pour emballer plusieurs de leurs marchandises, les Epiciers quelques drogues, & les Chapeliers leurs chapeaux, s’appellent des mannes & des mannetes : on appelle aussi manne, le panier quarré que les marchandes de petit-métier portent devant elles.

On nomme dans le négoce des fruits, des cueilloirs, des noguets, des verveux, trois sortes de paniers qu’on y emploie. Le noguet sert aussi aux laitieres à porter sur leur tête la crême & le lait caillé qu’elles vendent en été.

La torquette, le maniveau, & une sorte de panier en forme de mannequin, ou comme on disoit autrefois de mannequis, servent dans le commerce du poisson de mer frais.

Le corbillon est le panier des oublieux.

L’inventaire celui des regratieres & petites marchandes, qui portent & crient leurs marchandises par les rues de Paris.

Enfin on appelle des desserts, ces paniers ou corbeilles d’osier fin qu’on employoit autrefois à servir sur table les fruits frais ou confits, & autres ouvrages de sucre, inventés par ces domestiques confiseurs, que

dans les grandes maisons on nomme des officiers.

Tous les différens paniers qui ont des noms particuliers, & qui sont de quelque usage dans le commerce, sont expliqués à leurs propres articles.

Quelques artisans se servent de paniers pour porter ou leurs outils, ou leurs ouvrages. Les Serruriers ne vont jamais sans le leur, & les Boulangers de petits pains de Paris, en ont de très-grands à claire-voie, dans lesquels les garçons portent les petits pains dont ils fournissent les tables délicates de la ville. On appelle aussi paniers ou corbeilles, des paniers ronds & plats, dans lesquels les mêmes boulangers dressent leurs grands pains. Savary. (D. J.)

Panier de Minerve, (Littérat. grecq. & rom.) calathus Minervæ, comme disoient les Latins. Les Poëtes n’ont pas moins célébré le panier de Minerve, que sa quenouille. C’étoit-là, disent-ils, que la déesse mettoit les pelotons de laine qu’elle avoit filés de ses mains immortelles. Virgile, parlant de Camille reine des Volsques, dit :

Non illa colo, calathisve Mineræ,
Fæmineas assueta manus.

Cette espece de panier que Pline, lib. XXI. chap. v. compare à la fleur de lys, dont les feuilles vont en s’évasant à mesure qu’elles s’élevent, & qui étoit fait ordinairement de jonc, ou de bois fort léger, servoit aux ouvrieres à mettre leurs laines, & il étoit spécialement consacré à Minerve déesse des arts, sous la protection de qui les Troyens se croyoient destinés à les cultiver dans une profonde paix.

Panier, (Hist. mod.) bureau de la chancellerie d’Angleterre, qui répond au fisc des romains. Voyez Chancellerie & Fisc.

Clerc du panier, qu’on appelle aussi quelquefois garde du panier, est un officier de la chancellerie qui reçoit tous les deniers que l’on paye au roi pour les sceaux des chartres, lettres patentes, commissions & écrits ou ordres. Il accompagne le garde des sceaux dans les tems que se sont les paiemens, & il a la garde de toutes les expéditions scellées qu’il reçoit, aujourd’hui dans un sac, mais qui se mettoient autrefois dans un panier, d’où vient l’étymologie de cette charge. Il y a aussi un contrôleur du panier. Voyez Contrôleur.

Panier a ouvrage, les paniers à ouvrage ne sont pas nouveaux. Les dames romaines en avoient comme les nôtres ; elles y tenoient leurs fuseaux, leur cannevas, leurs laines : mais leurs paniers n’étoient que d’osier, on les appelloit qualum, mot dérivé du grec καλαθος, calathus, panier de Minerve. Voyez Panier de Minerve.

Horace dit à Néobule :

Tibi qualum Cythereæ puer ales aufert.

« le fils de Cythérée nous a fait perdre le goût de vos toiles & de votre tapisserie ». Nous ne manquons pas de Néobules. (D. J.)

Panier, (Mineralogie.) c’est ainsi qu’on nomme dans les mines de charbon de terre de France, un baquet oval, garni de cercles de fer, & de quatre chaînes avec leurs boucles, dont on se sert pour tirer le charbon de terre du fond de la mine.

Panier, (Architec.) morceau de sculpture, différent de la corbeille, en ce qu’il est plus étroit & plus haut, & qui étant rempli de fleurs & de fruits, sert d’amortissement sur les colonnes ou les piliers de la clôture d’un jardin. Les termes, les persans, les caryatides, voyez ces mots, & autres figures propres à soutenir quelque chose, portent de ces paniers. On voit dans la cour du palais della Valle à Rome, deux satyres antiques de marbre, d’une singuliere beauté, qui portent aussi de ces paniers remplis de fruits. Le mot panier vient du latin panis, pain, ou de pana-