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tems, afin d’appliquer ensuite à l’homme le même calcul proportionnel. Graaf ayant percé le duodenum d’un dogue, insinua une petite phiole dans le canal pancréatique, expérience très-difficile, & dans huit heures, il y coula une once entiere de liqueur. Schuyl en eut deux onces en trois heures, & Nuck trois onces en vingt-quatre heures ; mais les expériences faites sur des bêtes ne décident de rien, parce que le bas-ventre étant ouvert, les muscles abdominaux ne compriment plus les parties internes, les visceres n’ont plus leur même jeu, les vaisseaux excréteurs sont resserrés par le froid ; en un mot, toute l’économie est troublée par les tourmens de l’animal.

On a donc formé un autre calcul tiré de la grosseur du pancréas de l’homme, relativement aux autres glandes salivaires, qui toutes ensemble sont moins considérables que lui, & cependant suffisent à une secrétion d’environ 12 onces en 24 heures. Il faut en même tems mettre en ligne de compte 1° l’agitation & les secousses que le diaphragme, le ventricule & les muscles du bas-ventre doivent causer au pancréas à cause de leur situation & de leurs mouvemens continuels, au lieu que les glandes salivaires ne sont soumises qu’à la foible action des muscles de la respiration & de la déglutition, qui ne sont pas toujours en jeu : 2° Ajouter au calcul le produit des vapeurs chaudes du bas-ventre, de même que le diametre du canal excrétoire du pancréas, qui a communément près d’une ligne dans l’état sain. Il résultera de ces considérations qu’il se doit faire une plus abondante secrétion dans le pancréas, que dans les glandes salivaires réunies toute proportion gardée, de sorte que cette secrétion pourroit bien aller à 20 onces en 24 heures.

Mais que devient cette lymphe ? En effet, de 20 onces de suc pancréatique il n’en sort pas deux dragmes par les selles dans l’état naturel, comme le prouvent les excrémens qui sont secs quand on se porte bien ; il faut donc que cette quantité soit reprise ou dans les veines lactées qui charient toujours une humeur lymphatique, ou dans les veines mésenteriques ; & comme le chemin de la circulation est ici très-court par les arteres, cette humeur sera repompée plusieurs fois en peu d’heures, reportée au cœur, séparée de l’artere cœliaque, & coulera de nouveau dans le duodenum.

De cette abondance du suc pancréatique dans l’état naturel, & de la nécessité dont il est pour la digestion & l’élaboration du chyle, il s’ensuit qu’il peut causer des dérangemens, s’il péche en défaut de qualité ou de quantité. En effet, s’il est trop abondant, les tuyaux excrétoires ne permettant point à la liqueur pancréatique de sortir, les vaisseaux seront plus remplis dans le reste du pancréas, lequel, par cette plénitude, deviendra susceptible d’inflammation. D’un autre côté si le suc pancréatique peche en défaut de quantité, le duodenum ne recevra point la liqueur qui lui est nécessaire pour délayer le chyle, & pour précipiter les excrémens. De plus, la bile sera trop âcre, & pourra causer des diarrhées & des especes de dissenteries. Enfin, si ce suc séjourne trop dans le pancréas, il tendra à s’alkaliser comme toutes les liqueurs du corps humain. (D. J.)

Pancréatico-duodenale, en Anatomie, nom d’une artere qui le distribue au pancréas & au duodenum, & qui vient de la grande gastrique. Haller, Icon. anat. fas. II. Voyez Pancréas gastrique, &c.

PANDA, s. f. (Mythol.) déesse qui procure la liberté des chemins. Tatius voulant se rendre maître du capitole, invoqua la divinité qui pouvoit lui en ouvrir la route : lorsqu’il y fut arrivé, il rendit graces à cette divinité ; & ne sachant quel nom lui donner, il l’honora sous celui de Panda. Elle devint la pro-

tectrice des voyageurs. La déesse de la paix fut aussi

appellée Panda, parce qu’elle ouvroit les portes des villes, que la guerre tenoit fermées : cependant Varron croit que Panda n’est qu’un surnom de Cérès, qui vient à pane dando, celle qui donne le pain aux hommes.

PANDÆA, (Géog. anc.) contrée de l’Inde en-deçà du Gange. Les femmes y avoient la souveraineté depuis qu’Hercule avoit donné ce pays à sa fille Pandée, qui y étoit née, selon Arrien, in Indicis, p. 321. Ptolomée place quatre villes dans cette contrée. (D. J.)

PANDALÉON, s. m. (Pharm.) est parmi les Médecins modernes la même chose qu’un électuaire solide, sinon qu’il reste entier ; car le sucre ayant bouilli comme il faut, on le laisse durcir. En l’enfermant dans une boîte, le malade en prend un morceau comme un lambitif. Cette espece de sucre ne differe des bâtons & des tablettes que par sa figure. Blanchard.

Ce remede est semblable à un gâteau qui prend la forme de la boîte dans laquelle il est contenu ; il est composé de poudres, de conserves pectorales, de l’orange, de sucre ; on le donne dans le même dessein que le looch. Morelli.

Il paroît qu’on peut faire de ces tablettes plus épaisses que les ordinaires de nos boutiques, dans le dessein de remplir un nombre infini d’indications. Voyez Tablettes & Médicamens.

PANDATARIE, (Géog. anc.) île d’Italie dans la mer Tyrrhène, selon Pline, l. III. c. vj. Strabon, l. V. C’étoit autrefois un lieu d’exil où Auguste fit renfermer sa fille Julie. Agrippine y fut aussi reléguée par Tibere, & y mourut. D. Mattheo Egitio prétend que cette île se nomme aujourd’hui Ventotene. (D. J.)

PANDECTES, s. f. pl. (Jurisprud.) est un nom que Justinien a donné au corps du Digeste, pour exprimer que cette collection renferme toutes les questions controversées, & les décisions, & tout ce qui avoit été extrait des livres des Jurisconsultes. Voyez le titre premier du Digeste, §. 1, à la fin & au mot Digest. (A)

Pandectes florentines, sont une édition du Digeste faite à Florence sur un manuscrit célebre & ancien qui est dans cette ville.

Cette édition nous a appris plusieurs choses qui rendent inutile une bonne partie de ce qu’avoient écrit les anciens interprétes. Voyez ce qui en a été dit au mot Digeste de l’hist. de la Jurisprudence Romaine, par M. Terrasson. (A)

PANDÉMIE, (Mythol.) surnom de Vénus qui signifie la populaire, ou la déesse après laquelle tout le monde court.

PANDÉMON, (Antiq. Greq.) πάνδημον ; c’étoit la même fête que les Athenées. Elle avoit pris ce nom du grand concours de peuple qui se rassembloit pour la célébrer. Potter, Archæol. græc. l. II. c. xx. tom. I. p. 422. (D. J.)

PANDICULATION, s. f. (Médecine.) Pandiculation dans un sens général, c’est un violent mouvement des solides qui accompagne ordinairement l’action du bâillement, & qu’on appelle aussi autrement extension. Voyez Baillement.

Pandiculation, se dit aussi dans un sens plus particulier, de cette inquiétude, de cette extension & malaise, qui accompagne ordinairement le frisson d’une fievre intermittente. Voyez Fievre intermittente.

On suppose qu’il provient d’une dilatation convulsive des muscles, par laquelle la nature tâche de rejetter quelque chose qui la gêne.

PANDIE, s. f. (Antiq. Greq.) πανδια, fête des Athéniens en l’honneur de Jupiter. Vous trouverez