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Paix, (Iconol. & Monum. antiq.) Chez les Grecs la paix étoit figurée par une déesse qui porte à bras ouverts le dieu Plutus, enfant. Chez les Romains on trouve ordinairement la paix représentée avec un rameau d’olivier, quelquefois avec des aîles, tenant un caducée, & ayant un serpent à ses piés. On lui donne aussi une corne d’abondance. L’olivier est le symbole de la paix. Le caducée est le symbole du négociateur Mercure, pour marquer la négociation qui a procuré la paix. Dans une médaille d’Antonin le Pieux, la paix tient de la main droite une branche d’olivier, & brûle de la gauche des boucliers & des cuirasses. Cette idée n’étoit pas nouvelle, mais elle étoit ingénieuse. (D. J.).

Paix, (Jurisprud.) du latin pacisci. Dans les anciennes ordonnances ce terme est quelquefois pris pour convention. Voyez l’ordonnance de Charles V. du mois de Janvier 1364, tome IV. page 527, & le mot Pacte. (A)

Paix, ou trêve de Dieu, étoit une cessation d’armes, depuis le soir du mercredi de chaque semaine, jusqu’au lundi matin, que les ecclésiastiques & les princes religieux firent observer dans le tems où il étoit permis aux particuliers de tuer le meurtrier de leur parent, ou de se venger par leurs mains en tel autre cas que ce fût. Voyez Faide.

PAK, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) paca, animal quadrupede, qui a environ un pié de longueur, depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue. La tête est grosse ; il a les oreilles petites & pointues, la queue courte & cinq doigts à chaque pié. Le poil est court & rude ; le dessous du corps a une couleur fauve foncée, & le dessous est d’un blanc jaunâtre. Il y a sur les côtés trois bandes étroites & longitudinales d’un blanc jaunâtre. Cet animal se trouve dans la Guyanne & au Brésil. On l’a rapporté au genre du lapin. M. Brisson, reg. anim. Le pak est très bon à manger. Voyez Pison, hist. nat. lib III. (I)

PAKLAKENS, s. m. (draperie étrang.) sorte de draps qui se fabriquent en Angleterre ; ils s’envoient ordinairement en blanc & non teints ; ses pieces sont de trente-sept à trente-huit aunes.

PAL, voyez Milandre.

Pal, s. m. (Charpent.) ou pieux ; c’est une piece de bois longue & taillée en pointe, que l’on fiche en terre pour servir de défense ou de barriere, & pour fermer ou servir de clôture. (D. J.)

Pal, s. m. (Terme de Blason.) piece honorable de l’écu ; c’est la représentation du pal ou pieu posé debout qui comprend toute la hauteur de l’écu, depuis le dessus du chef jusqu’à la pointe. Quand il est seul il doit contenir le tiers de la largeur de l’écu ; quand il est nombre impair, on le rétrécit de façon, que si l’on en met deux, ils comprennent deux cinquiemes de l’écu ; si l’on en met trois, ils comprennent les trois septiemes ; & alors on spécifie le nombre des pieces, aussi-bien que celles dont ils sont accotés & chargés.

Il y a aussi des pals comettés & flamboyans qui sont pointus & en ondes. Les comettés sont mouvans du chef, les flamboyans de la pointe. Les pals dans les armoiries sont des marques de jurisdiction. On appelle un écu palé, quand il est chargé également de pals, de métal & de couleur. Contrepalé se dit lorsque l’écu est coupé, & que les demi pals du chef, quoique d’émaux semblables à ceux de la pointe, sont néanmoins différens en leur rencontre ; ensorte que si le premier du chef est de métal, celui qui lui répond au-dessous, doit être de couleur. On l’appelle palissé, quand il y a des pals aiguisés, dont on fait les palissades pour la défense des places. Ducange croit que ce mot vient de pallea, qui signifioit un tapis, ou une piece d’étoffe de soie ; &

que les anciens appelloient pales les tapisseries qui couvroient les murailles, & disoient paler, pour dire, tapisser. Ménetrier.

PALA, s. m. (Botan. exot.) grand arbre du Malabar, qui porte des siliques à cinq pieces fort étroites, fort longues, & pleines d’un suc laiteux. Son écorce réduite en décoction, passe pour relâcher le ventre. On la prescrit avec du sel & du poivre pour fortifier l’estomac ; mais elle doit plutôt l’enflammer. (D. J.)

PALABRE, s. f. (Commerce) On appelle ainsi sur les côtes d’Afrique, particuliérement à Loango de Boirie, à Melindo & à Cabindo sur celles d’Angola, ce qu’on nomme avanie dans le levant, c’est-à-dire, un présent qu’il faut faire aux petits rois & aux capitaines negres, sur le moindre sujet de plainte qu’ils ont réellement, ou qu’ils feignent d’avoir contre les Européens qui font la traite, sur-tout lorsqu’ils se croient les plus forts. Ces palabres se payent en marchandises, en eau-de-vie & autres choses semblables, suivant la qualité de l’offense, ou plutôt la volonté de ces Barbares. Voyez Avanie, Diction. de commerce. (G)

PALACIOS, (Géog. mod.) ville ou bourg d’Espagne dans l’Andalousie, sur la route de Séville à Cadix. Long. 12. 24. lat. 37. 4. (D. J.)

PALADE, s. f. (Marine) mouvemens des pales des rames, par lequel, en entrant dans l’eau, elles font avancer le bâtiment. Chaque palade ne fait avancer la meilleure de nos galeres que de dix-huit piés.

PALADIN, s. f. (Hist. de la Chevalerie.) On appelloit autrefois paladins, ces fameux chevaliers errans, qui cherchoient des occasions pour signaler leur valeur & leur galanterie. Les combats & l’amour étoient leur unique occupation ; & pour justifier qu’ils n’étoient pas des hommes vulgaires, ils publioient de toutes parts, que leurs maîtresses étoient les plus belles personnes qui fussent au monde, & qu’ils obligeoient ceux qui n’en conviendroient pas volontairement, de l’avouer, ou de perdre la vie.

On dit que cette manie commença dans la cour d’Artus, Roi d’Angleterre, qui recevoit avec beaucoup de politesse & de bonté les chevaliers de son royaume & ceux des pays étrangers, lorsqu’ils s’étoient acquis par leur défi, la réputation de braves & de galans chevaliers. Lancelot étant arrivé à la cour de ce prince, devint amoureux de la reine Genevre, & se déclara son chevalier ; il parcourut toute l’île ; il livra divers combats dont il sortit victorieux, & se rendant ainsi fameux par ses faits guerriers, il publia la beauté de sa maîtresse, & la fit reconnoître pour être infiniment au-dessus de toutes les autres beautés de la terre. Tristan, d’un autre côté, amoureux de la reine Issorte, publioit de même la beauté & les graces de sa maîtresse, avec un défi à tous ceux qui ne le reconnoîtroient pas.

L’amour qui est fondé sur le bonheur attaché au plaisir des sens, sur le charme d’aimer & d’être aimé, & encore sur le desir de plaire aux femmes, se porte plus vers une de ces trois choses, que vers les deux autres, selon les circonstances différentes dans chaque nation & dans chaque siecle. Or dans le tems des combats établis par la loi des Lombards, ce fut, dit M. de Montesquieu, l’esprit de galanterie qui dut prendre des forces. Des paladins, toujours armés dans une partie du monde pleine de châteaux, de forteresses & de brigands, trouvoient de l’honneur à punir l’injustice, & à défendre la foiblesse. De-là encore, dans nos romans, la galanterie fondée sur l’idée de l’amour, jointe à celle de force & de protection. Ainsi naquit la galanterie, lorsqu’on imagina des hommes extraordinaires, qui,