L’Encyclopédie/1re édition/AVANIE

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* AVANIE, outrage, affront, insulte, (Grammaire.) termes relatifs à la nature des procédés d’un homme envers un autre. L’insulte est ordinairement dans le discours ; l’affront dans le refus ; l’outrage & l’avanie dans l’action : mais l’insulte marque de l’étourderie ; l’outrage, de la violence ; & l’avanie, du mépris. Celui qui vit avec des étourdis est exposé à des insultes ; celui qui demande à un indifférent ce qu’on ne doit attendre que d’un ami, mérite presqu’un affront. Il faut éviter les hommes violens si l’on craint d’essuyer des outrages ; & ne s’attaquer jamais à la populace, si l’on est sensible aux avanies.

Avanie (Hist. mod. & Commerce.) ce terme est particulierement usité dans le Levant & dans tous les états du grand-seigneur, pour signifier les présens ou les amendes que les bachas & les doüaniers Turcs exigent des marchands Chrétiens, ou leur font payer injustement & sous de faux prétextes de contravention.

Quand les avanies regardent toute une nation, ce sont les ambassadeurs ou les consuls qui les reglent, & qui ensuite en ordonnent la levée sur les marchands & particuliers de la nation, mais ordinairement de l’avis & avec la participation des principaux d’entr’eux.

Pour les avanies particulieres, chacun s’en tire au meilleur marché qu’il lui est possible, en employant toûjours néanmoins le crédit & l’entremise des ambassadeurs ou des consuls, dont le principal emploi à Constantinople, & dans les échelles de la Méditerranée, est de protéger le commerce & les négocians, & de prévenir ou de faire cesser les avanies. (G)