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faut que je n’ajoute sans honneur, pour n’être pas piqué de cette curiosité, la plus agréable, la plus belle, la plus digne d’un honnête homme ». C’est Pline le jeune qui fait cette réflexion dans une de ses lettres.

Un grand homme, philosophe stoïcien, natif de Padoue, & qui vivoit peu de tems après Tite-Live, est Pœtus Thrasea qui écrivit la vie de Caton d’Utique. Cet homme d’une probité austere & intrépide, osa défendre en plein sénat le préteur Sosianus accusé de lese-majesté, & que Neron vouloit perdre. La liberté de Thrasea sauva le préteur : mais Neron fit périr le philosophe ; & sa femme Arria, à l’exemple de sa mere, voulut mourir avec son mari. Elle ne céda à ses instantes prieres, que lorsqu’il lui représenta vivement le devoir qu’elle devoit remplir d’élever Fannia leur fille commune. Il faut lire Tacite, Annal. lib. XIII. cap. lxix. lib. XIV. cap. xij. lib. XV. cap. xx. & xxiij. lib. XVI. cap. xxj. xxij. xxiv. xxxiij. xxxv. Les tableaux de Trhasea sont de la plus grande beauté.

On peut consulter sur Padoue moderne, & les gens de lettres qu’elle a produits, outre Thomasini, Riccoboni, de Gymnasio patavino. Scardeoni, de illust. patav. Patavii, 1560, in-4°. & ses origin. di Padoua. Angelo Portenari, della felicita di Padua. Cortusio, de novit. Pad. Orsato (Sertorio) istoria di Padoua, & ses monumenta patavina. Orsato étoit né lui-même à Padoue en 1617. Il est connu par son commentaire de notis Romanorum, ouvrage rare, fort estimé, & qui se trouve dans le trésor des antiquités romaines de Grævius. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PADOUIR, vieux terme de droit coutumier, qui signifie mener ses bestiaux paître dans des landes, ou pâturages communs.

PADRI, s. m. (Botan. exot.) arbre à siliques du Malabar. Sa fleur est pentapétaloïdale ; ses siliques sont longues, étroites, quarrées & recourbées. La décoction de ses feuilles s’emploie dans les tensions du bas-ventre : son suc mêlé avec celui de limon, est un remede qu’on donne dans les maladies aiguës.

PADRON, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne dans la Galice, à l’embouchure de l’Ulla, à 4 lieues de Compostelle. Long. 9. 18. lat. 42. 40. (D. J.)

PADOUAN, s. m. (Art numismat.) est le nom que les antiquaires donnent aux médailles modernes faites à l’imitation de l’antique, c’est-à-dire, aux médailles modernes qui semblent frappées au coin de l’antique, & avoir tous les caracteres de l’antiquité. Voyez Médailles.

Ce mot vient d’un célebre peintre italien, qui réussissoit si bien dans la fabrique de ces sortes de médailles, que les plus habiles avoient beaucoup de peine à les distinguer des médailles antiques. Ce peintre fut appellé le Padouan, du nom de Padoue sa ville natale ; son vrai nom étoit Giovanni Carino, ou, selon d’autres, Levis Lee. Il fleurissoit dans le xvij. siecle. Gosher Rink prétend qu’il avoit un associé dans la fabrique de ses médailles, qui s’appelloit Alexander Bassianus. Son fils Octavien, quoique né à Rome, fut aussi appellé le Padouan.

Padouan s’appliqua principalement aux médailles frappées sur les matrices de l’ancien Padouan, & que l’on conserve encore. Cependant on s’en sert en général pour désigner toutes les médailles d’une espece semblable à celles-là.

Le pere Jobert observe qu’en Italie le Padouan, le Parmesan & Carteron en Hollande, ont eu le talent d’imiter parfaitement l’antique. Le Parmesan s’appelloit Laurentius Parmesanus. Il y a eu aussi un autre italien qui a excellé dans ce genre, savoir Valerius Bellus Vincentinus ; mais ses médailles ne sont pas si

communes que celles des autres. Voyez Monnoie & Monnoyage.

PADUS, (Géog. anc.) nom latin du Pô, fleuve d’Italie. Les anciens le nomment premierement Eridanus. Lucain lib. IV. v. 427. lui donne le nom de Padus, dans ce vers :

Sic Venetus, stagnante Pado, fusoque Britannus
Navigat Oceano.

PÆAN, s. m. (Littérat.) παίαν, c’est-à-dire, hymne, cantique en l’honneur des dieux ou des grands hommes. Thucydide donne seulement ce nom aux hymnes que les Grecs chantoient après une victoire en l’honneur d’Apollon, ou pour détourner quelque malheur ; & cette idée est aussi fort juste : ensuite on nomma pæans, pæanes, les cantiques qui étoient chantés par de jeunes gens à la gloire de Minerve dans les panathénées. Il paroît par Zosime, qu’entre les chants séculaires, il devoit y avoir des cantiques & des pæans ; ces deux pieces ne differoient que par le style, qui devoit être plus relevé & plus pompeux dans la seconde que dans la premiere.

Le nom de pæan tire son origine d’une aventure qu’Athenée nous a conservée, sur le rapport de Cléarque de Soles, disciple d’Aristote. Il dit que Latone étant partie de l’île d’Eubée avec ses deux enfans Apollon & Diane, passa auprès de l’antre où se retiroit le serpent Pithon ; le monstre étant sorti pour les assaillir, Latone prit Diane entre ses bras, & cria à Apollon ἰὲ παιάν, frappe, mon fils. En même tems les nymphes de la contrée étant accourues, pour encourager le jeune dieu, crierent, à l’imitation de Latone, ἰὲ παιέοων, ce qui servit insensiblement de refrain à toutes les hymnes qu’on fit en l’honneur d’Apollon.

Dans la suite on fit de ses pæans ou cantiques pour le dieu Mars ; & on les chantoit au son de la flûte en marchant au combat. Il y en a divers exemples dans Thucydide & dans Xénophon ; sur quoi le scholiaste du premier observe qu’au commencement d’une action, l’on invoquoit dans ces pæans le dieu Mars ; au lieu qu’après la victoire, Apollon devenoit le seul objet du cantique. Suidas dit la même chose ; mais enfin les pæans ne furent plus renfermés dans l’invocation de ces deux divinités : ils s’étendirent à celle de quantité d’autres ; & dans Xénophon les Lacédémoniens entonnent un pæan à l’honneur de Neptune.

On fit même des pæans pour illustrer les grands hommes. On en composa un où l’on célébroit les grandes actions du lacédémonien Lysandre, & qu’on chantoit à Samos. On en fit un autre qui rouloit sur les louanges de Cratère le macédonien, & qu’on chantoit à Delphes au son de la lyre. Aristote honora d’un pareil cantique l’eunuque Hermias d’Atarne son ami ; & fut, dit-on, mis en justice pour avoir prodigué à un mortel un honneur qu’on ne croyoit dû qu’aux dieux. Ce pæan nous reste encore aujourd’hui, & Jules César Scaliger ne le trouve point inférieur aux odes de Pindare ; mais Athénée qui nous a conservé ce cantique d’Aristote, ne tombe point d’accord que ce soit un véritable pæan, parce que l’exclamation ἰὲ παιάν, qui devroit le caractériser, dit-il, ne s’y rencontre en nul endroit ; au lieu qu’elle ne manque point, selon lui, dans les pæans composés en l’honneur d’Agémon corinthien, de Ptolomée fils de Lagus roi d’Egypte, d’Antigone & de Démétrius Poliorcete. Nous sommes redevables au même Athénée de la conservation d’un autre pæan adressé par le poëte Ariphron sicyonien à Hygiée, ou la déesse de la santé. (D. J.)

PÆANITES, ou PÆONITES, (Hist. nat.) pierre connue des anciens, & entierement ignorée des modernes. On ne nous en apprend rien, sinon qu’elle facilitoit les accouchemens. Il paroît que c’est la mê-