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Plutarque dans la vie de Marcellus, donne une autre origine au mot ovatio ; il prétend que les Romains l’ont tiré du latin ovis, parce que, dit-il, ceux à qui l’on accordoit le petit triomphe, n’immoloient à Jupiter qu’une brebis ; tandis que ceux qui avoient les honneurs du grand triomphe, sacrifioient un taureau. Cette étymologie de Plutarque est la plus généralement approuvée.

Quoi qu’il en soit, Posthumius Tubertus fut le premier consul pour lequel on établit, vers l’an 325 de Rome, ce nouveau genre de triomphe qu’on appella ovation ; on le lui décerna pour la victoire qu’il remporta sur les Sabins. Le sénat voulut mettre quelque distinction entre lui & son collegue, qui eut les honneurs du grand triomphe, pour lui faire sentir le mauvais succès de sa premiere entreprise. Dans la suite, on n’accorda que l’ovation, à ceux qui avoient remporté la victoire sans grande perte de la part des ennemis, sans terminer la guerre, ou qui n’avoient défait que des rebelles, des esclaves, des pyrates, en un mot, des ennemis de peu de conséquence pour la république.

Enfin on décerna quelquefois l’ovation à ceux qui n’étant chargés d’aucune magistrature, ni d’aucun commandement en chef, rendoient à l’état des services importans. Nous trouvons, par exemple, qu’un particulier obtint cet honneur l’an de Rome 800. Je parle d’Aulus Plautius qui, sous les auspices de Claude, réduisit en province la partie méridionale de la Grande-Bretagne. L’empereur lui fit décerner le petit triomphe, vint au-devant de lui le jour qu’il entra dans Rome, l’accompagna pendant la cérémonie, & lui donna toujours la main. Il me semble qu’on ne connoît point d’ovation postérieure à celle de Plautius. (D. J.)

OU-AYCOU, s. m. morceau d’étoffe de coton, de 8 à 10 pouces de largeur, sur 4 à 5 de hauteur, très-proprement travaillé, & brodé de petits grains d’émail, de dents de poisson, de morceaux de corail, & de petits cocos noirs, & bordé d’une frange brune.

Le ou-aycou sert aux femmes caraybes pour couvrir leurs parties naturelles, au moyen de deux petites cordes de coton, attachées aux deux coins d’en-haut de cette piece, & passées autour des reins en forme de ceinture : quelques-uns le nomment camisa ; mais ce mot est espagnol.

OUAYNE l’, (Géog.) petite riviere de France dans le Puisaye. Elle a sa source à un bourg du même nom, qui est situé dans l’élection de Gien ; & elle tombe dans le Loin au N. E. de Montargis. (D. J.)

OUBLI, s. m. (Gramm.) terme relatif à la mémoire. Tomber dans l’oubli, c’est passer de la mémoire des hommes. Ce sont les hommes de génie qui envient les grandes actions à l’oubli. Il y eut, dit Horace, des héros avant le regne d’Agamemnon ; mais leurs noms sont tombés dans l’oubli ; une nuit éternelle ensévelit leurs actions ; on ignore leurs travaux ; on ne les regrette point ; on ne donne point de larmes à leurs malheurs, parce qu’il ne s’est point trouvé un homme inspiré des dieux, qui les ait chantés. Le poëte, au défaut d’un héros, peut chanter les dieux, la nature, & celle que son cœur adore, & s’immortaliser lui-même. Les autres hommes au contraire ne tiennent l’immortalité que de lui. Comparaison de la gloire qui s’acquiert par les lettres, & de celle qui s’acquiert par tout autre moyen ; beau sujet de discours académique, où l’on n’auroit pas de peine à faire entrer l’éloge du fondateur de l’académie, du Roi, du cardinal de Richelieu, des gens de lettres, des académiciens, de tous les hommes illustres qui ont été honorés de ce titre ; où l’homme lettré ne perdroit rien de son importance,

pesé dans la balance avec le grand politique, le grand capitaine, le grand monarque ; & où il ne seroit pas difficile de prouver qu’une belle ode est bien une chose aussi rare, aussi grande, aussi précieuse, qu’une bataille gagnée.

OUBLIE, terme de Pâtissier, sorte de pâte deliée & légere, mêlée de sucre, d’œufs, & quelquefois de miel, qui se cuit entre deux fers.

Il y a trois especes d’oublies ; les grandes oublies, qui sont celles que les Pâtissiers ou leurs garçons vont crier la nuit dans Paris, à commencer le jour de S. Michel ; elles s’appellent autrement oublies plates. Les oublies de supplications, ce sont les gauffres ; & les oublies qu’on nomme d’étriers, ce sont les petits métiers.

Les Pâtissiers sont qualifiés dans leurs statuts, maîtres de l’art de pâtissier & oublayeur ; & sont obligés de faire chef-d’œuvre d’oublayerie aussi bien que de pâtisserie. On appelle une main d’oublies, cinq oublies ; c’est ordinairement à la main que se jouent les oublies. On joue quelquefois tout le coffin ou corbillon. Savary. (D. J.)

Oublie, (Jurisprud.) droit d’oublie, redevance seigneuriale qui consistoit autrefois en une certaine quantité de pains ronds & plats. On donna aussi le nom d’oublie à toute rédevance en général, soit en grain, volaille, ou autre chose. Voyez ci-devant Obliage. (A)

OUBLIER, v. act. (Gramm.) perdre la mémoire ; on oublie une langue qu’on a apprise ; on oublie quelquefois ses amis dans l’absence ou dans le besoin ; on oublie une injure ; on n’oublie rien pour pallier ses torts ; on oublie de faire une visite utile ; on oublie le respect qu’on doit à un magistrat ; on s’oublie quand on perd de vûe ce qu’on est ; l’homme s’oublie dans le plaisir ; il y a des occasions où il ne faut pas s’oublier, &c. D’où l’on voit combien de formes diverses le besoin fait prendre à ces expressions, & combien la langue est pauvre, comparée à la nature & à l’entendement.

OUBLIETTE, s. f. (Hist. mod.) lieu ou cachot dans certaines prisons de France, où l’on renfermoit autrefois ceux qui étoient condamnés à une prison perpétuelle. On l’appelloit ainsi, parce que ceux qui y étoient renfermés, étant retranchés de la société, en étoient ou devoient être entierement oubliés. Bonfons dans ses antiquités de Paris, parlant d’Hugues Aubriot, prevôt de cette ville, qui fut condamné à cette peine, dit « qu’il fut prêché & mîtré publiquement au parvis Notre-Dame, & qu’après cela, il fut condamné à être en l’oubliette, au pain & à l’eau ».

OUCHE l’, (Géog.) en latin moderne Uticensis pagus ; pays de France dans la haute Normandie, au diocèse d’Evreux. Il comprend les territoires de Conches, de Breteuil & de l’Aigle, & s’étend jusqu’à la forêt d’Ouche. Le territoire produit des grains, du bois à brûler, & quelques mines de fer. (D. J.)

Ouche l’, (Géog.) en latin Oscarus ; riviere de France en Bourgogne. Elle traverse le Dijonnois, passe à Dijon, & se jette dans la Saone. Elle a autrefois donné le nom de pagus Oscarensis au pays où elle coule. (D. J.)

OUD, s. m. terme de Calendrier, nom d’un des douze mois, d’un des douze signes, d’une des douze années du cycle duodénaire, chez les Turcs orientaux, & chez quelques peuples Tartares. (D. J.)

OUDAN, s. m. terme de Calendrier, onzieme mois de l’année des Arméniens de Guelfa, fauxbourg d’Ispahan ; leur année commençant au mois d’Octobre, l’oudan répond à-peu-près à notre mois d’Août.

OUDAZOU, (Géog.) ville du Japon, dont nous