Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nahar-Malek, ou Nahar-Mélik, (Géog.) c’est-à-dire fleuve du roi, c’est proprement le bras de l’Euphrate, que les anciens ont appellé Fossa-regia, & Basilicus fluvius.

NAHARUALI, (Géog. anc.) ancien peuple de la Germanie. Tacite, de mor. Germ. fait entendre qu’il habitoit entre la Ouarte & la Vistule, où il avoit un bois sacré. Il ajoûte que le prêtre étoit vétu en femme, & que la divinité qu’on adoroit dans ce bois s’appelloit Alcé.

NAHARUAN, (Géog.) ancienne ville de l’Irac-Arabi, sur un bras de l’Euphrate, à 2 lieues de Coufah. Long. 63. 12. lat. 31. 25.

NAHASE, s. m. (Chron.) nom du dernier mois de l’année des Ethiopiens : il commence le 26 Juillet du calendrier Julien.

NAHER, s. m. (Hist. mod.) noble indien. Les habitans du Malabar se divisent en castes ou tribus qu’on appelle des nambouris, des bramines, & des nahers. Les nembouris sont prêtres, les bramines philosophes, les nahers nobles. Ceux-ci portent seuls les armes ; le commerce leur est interdit ; ils se dégradent en le faisant. Dans ces trois castes on peut s’approcher, se parler, se toucher sans se laver ; mais on se croit souillé par l’attouchement le plus léger de quelqu’un qui n’en est pas.

NAJAC, (Géog.) petite ville de France en Rouergue, diocèse de Rhodez, élection de Ville-Franche. Elle est située sur la riviere d’Avéirou, à 6 lieues au nord d’Albi. Long. 19. 45. lat. 43. 55. (D. J.)

NAIADES, s. m. pl. (Mythologie.) espece de nymphes ou divinités payennes, que l’on croyoit présider aux fontaines & aux rivieres. Voyez Nymphe & Dieu. Ce mot dérive du grec ναω, je coule, ou de ναιω, je séjourne.

Strabon dit que les naïades étoient des prêtresses de Bacchus.

Nonnus prétend que les naïades étoient meres des satyres ; on les peint assez ordinairement appuyées sur une urne qui verse de l’eau, ou tenant un coquillage à la main. On leur offroit en sacrifice des chevres & des agneaux avec des libations de vin, de miel, & d’huile ; plus souvent on se contentoit de mettre sur leurs autels du lait, des fruits & des fleurs ; mais ce n’étoit que des divinités champêtres, dont le culte ne s’étendoit pas jusqu’aux villes. On distinguoit les naïades en naïades potamides & en naïades limnades ; celles-ci étoient les nymphes des étangs ou des marais du mot λιμνη, un étang, un lac ; les potamides étoient celles des fleuves & des rivieres, leur nom étant dérivé de ποταμος, fleuve. (G)

NAJAS-NAIDE, (Hist. nat. Botan.) nom donné par Linnæus au genre de plante appellé par Vaillant & Micheli fluvialis : voici ses caracteres. Il produit des fleurs mâles & femelles distinctes. Le calice particulier des fleurs mâles est d’une seule feuille de forme cylindrique tronquée à la base, s’appetissant vers le sommet, & dont la levre est divisée en deux segmens opposés, panchés en arriere. La fleur mâle est composée d’un seul pétale, qui est un tuyau de la longueur du calice, partagé en quatre quartiers ; il n’y a aucune étamine, mais le milieu de la fleur produit une bossette droite & oblongue. La fleur femelle n’a ni calice ni pétale, mais seulement un pistil, dont le germe ovoïde se termine en un style délié ; les stigmates sont simples, le fruit est une capsule ovale contenant une seule graine de même figure. Linnæi gen. plant. 443. (D. J.)

NAIF. Voyez l’article Naiveté.

NAIKS ou NAIGS, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom sous lequel on désigne dans quelques parties de l’Indostan les nobles ou premiers officiers de

l’état ; c’est la même chose que naïres. Voyez cet article.

NAIM, (Géog. sacrée.) ville de la Palestine, peu éloignée de Capharnaüm, & où Jesus-Christ ressuscita le fils d’une veuve, dans le tems qu’on le portoit en terre. Luc, chap. vij. V 11. Naïm étoit entre Eudor & Thœbor, à 12 stades de ce dernier endroit. (D. J.)

NAIMA, (Géog.) village d’Afrique au royaume de Tripoli, dans la province de Macellata, sur la côte. Je ne parle de ce village que parce qu’il est le tombeau des Philènes, ces deux illustres freres, qui s’immolerent pour leur patrie, & à qui les Carthaginois avoient consacré des autels. Naïma est donc la petite ville que les anciens appellerent Phileni vicus.

NAIN, s. m. (Physique.) on nomme nain, quelqu’un qui est de taille excessivement petite ; ce siecle m’offre, pour former cet article, deux exemples vivans de nains, tous deux à-peu-près de même âge, & tous deux fort différens de figure, d’esprit, & de caractere. L’un est le nain de S. M. le roi Stanislas, & l’autre est à la suite de madame la comtesse de Humiecska, grande porte-glaive de la couronne de Pologne.

Je commence par le nain de S. M. le roi de Pologne, duc de Lorraine. Il se nomme Nicolas Ferry ; il est né le 19 Novembre 1741 ; sa mere alors âgée de 35 ans a eu trois enfans dont il est l’aîné. Malgré toutes les apparences ordinaires, elle ne pouvoit se persuader d’être grosse, lorsqu’elle le fut de cet enfant ; cependant au bout de neuf mois elle le mit au monde, après avoir souffert les douleurs de l’accouchement pendant deux fois vingt-quatre heures ; il étoit long dans sa naissance, d’environ neuf pouces, & pesoit environ quinze onces. Un sabot à moitié rempli de laine lui servit, dit-on, de berceau pendant quelque tems, car c’est le fils d’une paysanne des montagnes de Vosges.

Le 25 Juillet 1746, M. Kast, médecin de la reine duchesse de Lorraine le mesura, & le pesa avec grande attention ; il pesoit étant nud neuf livres sept onces. Depuis ce tems-là il a porté sa croissance jusqu’à environ trente-six pouces. Il a eu la petite vérole à l’âge de trois mois ; son visage n’étoit point laid dans son enfance, mais il a bien changé depuis.

Bébé, c’est le nom qu’on lui donne à la cour du roi Stanislas, Bébé, dis-je, qui est présentement, (en 1760) dans sa 20e année, paroît avoir déjà le dos courbé par la vieillesse ; son teint est flétri ; une de ses épaules est plus grosse que l’autre ; son nez aquilin est devenu difforme, son esprit ne s’est point formé, & on n’a jamais pu lui apprendre à lire.

Le nain de madame Humiecska, nommé M. Borwilasky, gentilhomme polonois, est bien différent de celui du roi Stanislas ; & ce jeune gentilhomme peut être regardé comme un être fort singulier dans la nature.

Il a aujourd’hui (1760) 22 ans ; sa hauteur est de vingt-huit pouces ; il est bien formé dans sa taille ; sa tête est bien proportionnée ; ses yeux sont assez beaux ; sa physionomie est douce, ses genoux, ses jambes, & ses piés sont dans toutes les proportions naturelles : on assure qu’il est en pleine puberté.

Il ne boit que de l’eau, mange peu, dort bien, resiste à la fatigue, & jouit en un mot d’une bonne santé.

Il joint à des manieres gracieuses des réparties spirituelles ; sa mémoire est bonne ; son jugement est sain, son cœur est sensible & capable d’attachement.

Le pere & la mere de M. Borwilasky sont d’une taille fort au-dessus de la médiocre ; ils ont six en-