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D’après ces observations il paroît constant que l’ostéocolle a été formée par des racines d’arbres, qui, après s’être pourries dans le sable par l’humidité, ont été remplies peu-à-peu d’une terre calcaire, semblable à de la craie ou à de la marne, mêlée de sable, à qui ces racines pourries ont servi de moule. Ce qui constate ce sentiment d’une maniere indubitable ; c’est un fait rapporté par M. Gleditsch. Lorsqu’il s’occupoit à chercher de l’ostéocolle, il vit un pin placé sur un lieu élevé, les eaux avoient en traîné une partie du terrein sablonneux qui couvroit ses racines, dont plusieurs étoient à nud par un côté ; ayant eu la curiosité d’examiner ses racines par le côté où elles étoient encore enfoncées dans le sable, il trouva qu’une de ces racines de la grosseur du bras, & tenant encore au tronc, étoit changée en ostéocolle, & que la partie ligneuse pourrie & changée en terre étoit restée au centre. Ce fait est propre à lever toutes les objections, puisqu’il prouve la pétrification d’une racine ensevelie dans le sable, & qui tenoit encore à l’arbre vivant. D’autres observations ont convaincu M. Gleditsch de plus en plus de cette vérité, il a trouvé des ostéocolles, dans lesquelles la substance ligneuse étoit encore mêlée avec la substance terreuse ou pierreuse.

Toutes ces observations sont confirmées par les expériences que M. Marggraff a faites sur l’ostéocolle ; elles prouvent qu’elle est composée d’une pierre calcaire, d’un sable fin, & de particules de végétaux pourris. Voyez les mémoires de l’académie de Eerlin, année 1748. pag. 35-59.

M. Beurer de Nuremberg a aussi examiné l’ostéocolle avec beaucoup d’attention ; ses observations s’accordent parfaitement avec celles de M. Gleditsch, excepté qu’il soupçonne que cette substance est produite par les racines du peuplier noir, vu qu’il apperçut une branche desséchée de cet arbre & un rameau encore verd adhérent à un peuplier noir, dont la partie supérieure étoit encore du bois, & dont la partie inférieure étoit changée en ostéocolle. Voyez les transact. philosoph. n°. 476.

Les Naturalistes ont donné une infinité de noms différens à cette substance qu’ils connoissoient si peu ; il est à-propos de les rapporter pour pouvoir entendre les différens ouvrages qui en ont parlé ; ils l’ont appellé ostéocolla, ostéites, lapis ossifragus, ossina, ossisana, lapis morochius, hammosteus, enosteos, holosteus, ostéolithus, stelechites, lapis asiaticus, lapis sabulosus, lapis spongiæ, cysteolithus, fossile arborescens. La plûpart de ces dénominations sont fondées sur la ressemblance que cette substance a avec les os, ou sur la prétendue vertu qu’on lui a attribuée de servir à consolider & à faire reprendre les os fracturés ; c’est pour cela qu’on l’appelle aussi pierre des rompus, ou pierre des os rompus. On sent aisément que ces vertus sont imaginaires, cependant l’ostéocolle occupe encore une place dans la boutique des apoticaires d’Allemagne, qui souvent lui substituent du gypse ou du spath.

Osteocolle, on assure que l’ostéocolle est un spécifique pour la génération du cal dans les fractures. Fabrice de Hilden en dit des merveilles dans ses observations de chirurgie. Il prétend que par l’usage intérieur & extérieur de cette pierre, il a obtenu bien plus promptement que d’ordinaire la consolidation des os fracturés. Il a des observations par lesquelles il semble que le cal étoit difforme, parce qu’il se faisoit avec trop de précipitation, comme si la nature avoit porté, par l’opération de cette pierre, une trop grande quantité de sucs osseux à la partie fracturée. L’auteur assure avoir été obligé de s’abstenir de l’usage de l’ostéocolle, & d’employer des moyens pour réprimer le cal, tels que des remedes repercussifs, & une plaque de plomb bien ser-

rée : de-là il conclut qu’on ne peut se servir utilement

de ce secours que pour des vieillards en qui les sucs nourriciers manquent ; mais que sur un jeune homme, tel que celui qui étoit le sujet de son observation, il falloit en user bien modérément. Il y a bien de l’apparence qu’il en a été de ce remede, comme de toutes les nouveautés qu’on accueille d’abord avec enthousiasme contre toute raison, & qu’on abandonne souvent tout à-fait avec aussi peu de fondement, parce qu’il pourroit y avoir un point d’utilité, en-delà & en-deçà duquel on se porte trop communément. (Y)

Ostéocolle, (Mat. méd.) les pharmacologistes ont encore attribué à cette substance pierreuse des qualités spécifiques contre les fleurs blanches & la gonorrhée ; ces vertus sont purement imaginaires : & même quoique l’ostéocolle soit formée en partie d’une certaine quantité de terre soluble par les acides, elle n’est pas même utile à titre d’absorbant, parce que, selon Cartheuser, qui l’appelle avec raison rude, crassum, & ignobile concretum, elle est encore composée d’une autre matiere qui n’est nullement médicamenteuse, savoir de sable. Une petite quantité d’huile empireumatique & de phlegme alkali volatil qu’on en retire par la violence du feu, & quelques foibles vapeurs d’esprit de sel qui s’en élevent par l’application de l’acide vitriolique, peuvent indiquer l’origine végétale de l’ostéocole, mais non pas des vertus médicinales. (b)

OSTÉOGONIE, s. f. (Anat.) la partie de l’Ostéologie qui donne la description de tous les changemens qui arrivent aux os depuis leur commencement jusqu’à leur état de perfection. Ce mot est formé du grec οστεον, os, & γενεσις, génération. Nesbeit human osteogonie, Lond. 1736. 8°.

OSTÉOGRAPHIE, s. f. (Anat.) c’est une partie de l’Ostéologie, qui décrit les os tels qu’ils sont dans leur état de perfection. Le mot est formé du grec οστεον, os, & γραφη, description.

Cheselden osteography, à Lond. 1733, in fol.

Douglas of cheselden’s osteography, Lond. 1735. in-fol.

OSTÉOLOGIE, s. f. (Anat.) la partie de l’Anatomie qui a pour objet la nature & la fabrique des os du corps humain, leur forme, leur disposition, leur articulation, leur usage, &c. Voyez aussi l’article Anatomie.

Ce mot est composé d’οστεον, os, & λογος, discours.

OSTÉOTOMIE, s. f. (Anat.) partie de l’Anatomie qui traite de la dissection des os.

Ce mot est composé de deux mots grecs, οστεον, os, & de τεμνω, je coupe, je disseque.

OSTERLAND, l’ (Géog.) ce mot veut dire le pays oriental. C’est un canton d’Allemagne dans l’électorat de Saxe ; il se termine au N. par le duché de Naumbourg, & par la Misnie, qui le borne aussi à l’E. Il est terminé au S. par le Voigtland, & au N. O. par le duché de Weymar. Altembourg en est la capitale.

OSTERLINS, maison des (Comm.) on appelle à Anvers, ville du Brabant, la maison des osterlins, un vaste & superbe bâtiment composé de quatre grands corps de logis, avec une cour dans le milieu, & une haute tour sur la partie d’entrée, qui servoit autrefois de comptoir aux villes anséatiques du tems qu’elles en avoient dans les principales villes de commerce de l’Europe.

C’étoit dans cette espece de palais que résidoit le directeur ou consul de cette célebre société de marchands, & qu’étoient d’immenses magasins de toute sorte de marchandises, non-seulement du nord où avoit commencé la confédération, mais encore de toutes les parties du monde alors connues, où ces villes fameuses portoient leur commerce.