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suis d’avis qu’il vaudroit mieux leur prêter l’oreille que notre confiance ».

Ces trois vers de Pacuve contiennent une réflexion digne des siecles éclairés. Cependant comme les maladies de l’esprit ne se guérissent guere parmi les hommes, l’Astrologie, & l’art de prédire par les objets vus dans l’eau, succederent chez les Chrétiens aux extispices, c’est-à-dire, aux divinations par les entrailles des victimes & à l’Ornithomancie.

Je voudrois bien n’avoir pas à reprocher à Montagne un discours pitoyable, où, selon lui, de toutes les prédictions, les plus certaines étoient celles qui se tiroient du vol des oiseaux. « Nous n’avons rien, dit-il, de si admirable : cette regle, cet ordre du branler de leurs aîles dont on tire des conséquences des choses futures, il faut bien qu’il soit conduit par quelque excellent moyen à cette noble opération ; car l’attribuer à une ordonnance naturelle, ce seroit une idée évidemment fausse ».

Il est plaisant de voir un pyrrhonien, qui se joue de l’histoire, traiter d’idée évidemment fausse, celle des Physiciens de tous les âges. Montagne devoit bien être physicien autant que Virgile, qui n’attribue qu’à la diversité de l’air les changemens réglés du mouvement de leurs aîles, dont on peut tirer quelques conjectures pour la pluie & le tems serein ; Montagne, dis-je, devoit connoître aussi-bien que moi, ces beaux vers des Géorgiques.


Non equidem credo quia sit divinitus in illis
Ingenium, aut rerum fato prudentia major ;
Verùm ubi tempestas & cœli mobilis humor
Mutavere vias, & Jupiter humidus austris
Densat, erant quæ rara modo, & quæ densa relaxat ;
Vertuntur species animorum, ut corpora motus
Nunc hos, nunc alios : dùm nubila ventus agebat,
Concipiam, hinc ille avium concentus in agris,
Et lætæ pecudes, & ovantes gutture corvi.

Enfin, si Montagne n’a pas cru un mot de ce qu’il disoit, il est inexcusable de s’être joué ainsi de ses lecteurs, en leur inspirant de fausses & de puériles opinions. (D. J.)

ORNITHOPODE, (Botan.) entre les six especes d’ornithopode, ou de pié d’oiseau que compte Tournefort, arrêtons-nous à la principale, la grande ornithopodium majus ; sa racine est blanche, simple, fibreuse, chevelue, accompagnée de tubercules. Elle pousse plusieurs petites tiges, menues, foibles, rameuses, presque couchées à terre, longues d’environ un demi-pié, rondes & velues. Ses feuilles sont plus petites que celles de la lentille, rangées à l’opposite l’une de l’autre le long d’un côté, dont l’extrémité est occupée par une seule feuille. Ses fleurs sont petites, légumineuses, jointes plusieurs ensemble en maniere de parasol au sommet des rameaux sur des courts pédicules, de couleur jaune mêlée de purpurin & de blanc. Leur calice est un cornet dentelé.

Lorsque les fleurs sont passées, il leur succede autant de siliques applaties, courbées en faucille, & réfléchies en en-haut, composées chacune de cinq, six ou sept pieces attachées bout-à-bout, terminées par une sorte de petit onglet pointu ; ces siliques naissent deux ou trois ensemble, disposées comme les serres d’un oiseau, d’où lui vient son nom. On trouve dans chacune de leurs pieces une semence menue, presque ronde, ressemblante à celle du navet.

Cette plante fleurit l’été, ordinairement en Juin ; elle croît dans les champs aux lieux secs & incultes, sur les collines, dans les prés arides, dans les sables & le long des chemins. (D. J.)

ORNITHOSCOPE, s. m. (Divinat.) les Grecs nommoient ornithoscopes, ὀρνιθοσϰόποι, ornithomantes,

ornéoscopes, ceux qui se mêloient de former des prédictions & de tirer des présages des oiseaux. Potter, Archæol. græc. l. II. c. xv. t. I. pag. 321. (D. J.)

ORNITOLITES, (Hist. nat.) nom donné par quelques naturalistes à des oiseaux, à quelques-unes de leurs parties, à leurs œufs, leurs os, ou à leurs nids, que l’on suppose avoir été pétrifiés, ce qui demanderoit à être sérieusement examiné pour s’assurer de la réalité de ces pétrifications. On fait quelquefois passer pour des nids d’oiseaux pétrifiés ceux qui ont été artificiellement revétus d’une croûte semblable à de la pierre, ce qui se fait en les plaçant dans les chambres graduées des salines, où l’eau chargée de sel, en passant continuellement par-dessus, dépose sur ces nids un enduit qui les enveloppe & qui les incruste. Voyez Incrustation. (—)

OROANDA, (Géog. anc.) ville d’Asie, dans la Pisidie. Tite-Live en parle, liv. XXXVIII. ch. vij. mais il paroit que cette ville ne subsistoit plus du tems de Ptolomée, qui se contente d’en nommer le peuple Orondici. (D. J.)

OROATIS, (Géog. anc.) riviere de Perse, dans la Susiane. Pline, liv. VI. ch. xxv. dit qu’elle séparoit la Perside de l’Etimaïde. Saumaise croit, avec assez de vraissemblance, que c’est la même riviere que le Pasitigris.

OROBA, (Géog. anc.) nom de deux villes de la Syrie, l’une près du Tigre, l’autre dans les terres. Selon Ptolomée, liv. VI. ch. j. la long. d’Oroba près du Tigre est 79d. 20′. lat. 30d. 20′. La long. d’Oroba dans les terres est 79d. 20′. lat. 38d. 10′. (D. J.)

OROBANCHE, Orobanche, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopetale, anomale, en masque, & divisée en deux lèvres, dont la supérieure a la forme d’un casque, & l’inférieure est partagée en trois pieces. Le pistil s’éleve du fond de la fleur, & devient dans la suite un fruit oblong qui n’a qu’une seule capsule, qui s’ouvre en deux loges, & qui renferme des semences très-menues pour l’ordinaire. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Il suffira de caractériser l’orbanche sans entrer dans ses détails. Sa racine est écailleuse ; la plante paroît comme dépouillée de feuilles ; l’extrémité du pédicule forme en se dilatant un calice à plusieurs segmens ; sa fleur est monopétale, irréguliere, bilabiée, en casque creux, & dont la barbe à trois divisions est en épi, & embrasse un ovaire long garni d’un long tube monocapsulaire à deux valvules ; les deux valvules s’ouvrent dans le tems de la maturité & la capsule est pleine de semences très petites.

La principale espece d’orobanche est nommée orobanche major caryophyllum olens par Tour. Inst. 175. Elle croît fréquemment attachée aux racines du genet d’Espagne : on en fait un syrop d’usage dans les douleurs de coliques & d’hypocondres. (D. J.)

OROBANCHOIDES, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur en rose, composée ordinairement de huit feuilles, dont quatre sont pliées en gouttiere, & creusées en sabot à leur base, les autres quatre sont toutes simples : du milieu de ces feuilles s’éleve un pistil qui dans la suite devient un fruit oblong, divisé en quatre loges, lequel s’ouvre de la pointe à la base en autant de parties ; ces loges sont remplies d’une semence très-menue. Tournefort, Mémoire de l’acad. royale des Sciences, année 1706. Voyez Plante.

OROBE, s. m. (Hist. nat. Botan.) orobus, genre de plante à fleur papillonée, dont la piece supérieure ressemble à un pavillon, & les latérales à la forme de la carene d’un vaisseau. Il sort du calice un pistil enveloppé d’une membrane, qui devient dans la suite une silique ronde qui renferme des se-