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on en voit, par exemple à Tivoli, dans la vigne d’Est : on trouve la description de ces orgues dans l’hydraulica pneumatica de Scot. (D. J.)

Orgues, dans la Fortification, sont des pieces de bois suspendues à un moulinet sous le milieu des portes, qu’on peut faire tomber pour boucher promptement la porte en cas de surprise. On a substitué les orgues aux herses, parce qu’on pouvoit empêcher la herse de tomber, & que les orgues n’ont pas le même inconvénient. Voyez Herse. (Q)

Orgue est aussi, dans l’Artillerie, une machine composée de plusieurs canons de mousquet attachés ensemble, & dont on se sert pour défendre des breches & des retranchemens ; parce que par leur moyen on tire plusieurs coups à-la-fois. Voyez le premier livre des Elémens de la guerre des siéges, seconde édition. (Q)

Orgues de morts, (Artillerie.) machine d’artillerie composée de sept ou huit canons de fusils pour tirer plusieurs coups à-la-fois. On affermit ces canons sur une petite poutre, & leur lumiere passe par une gouttiere de fer-blanc, où l’on met de la poudre, & qu’on couvre jusqu’au moment qu’on veut tirer. Cette machine sert dans les chemins couverts, dans les breches, & dans les retranchemens, souvent même sur les vaisseaux pour empêcher l’abordage. (D. J.)

ORGUEIL, sub. masc. ORGUEILLEUX, adj. (Morale.) L’orgueil est une opinion excessive de son propre mérite ; c’est un sentiment qui consiste à s’estimer soi-même plus que les autres ou sans raison, ou sans sujet suffisant ; & dans cette prévention à les mépriser mal-à-propos. Je dis sans raison, & c’est alors une folie : j’ajoute & sans sujet suffisant, parce que quand quelqu’un a légitimement acquis un droit qui lui donne une prééminence par-dessus les autres, il est maître de faire valoir ce droit & de le maintenir, pourvu qu’il évite un mépris injurieux vis-à-vis de ses inférieurs. Mais le bon sens, la réflexion, la philosophie, la foiblesse humaine, l’égalité qui est entre les hommes, doivent servir de préservatifs contre l’orgueil, ou du-moins de correctifs de cette passion ; c’est ce qui fait dire spirituellement à l’auteur des maximes, que l’orgueil ne monte dans l’esprit de quelqu’un, que pour lui épargner la douleur de voir ses imperfections. (D. J.)

Orgueil, (Architect.) c’est une grosse cale de pierre, ou un coin de bois, que les ouvriers mettent sous le bout d’un levier ou d’une pince, pour servir de point d’appui, ou de centre de mouvement d’une pesée, ou d’un abattage. (D. J.)

ORGYA, (Littérat.) c’étoient de petites idoles que gardoient précieusement les femmes initiées aux mysteres de Bacchus. Dans les jours consacrés à ce dieu, elles prenoient ces petites statues, & les emportoient dans les bois, en hurlant comme des folles. Voyez Orgies. (D. J.)

ORGYE, (Mesure anc.) mesure égyptienne qui, selon Hérodote, étoit de quatre coudées, ou de six piés grecs. En comparant ce qu’en dit cet historien, l. I. n. 149. & l. II. c. vj. il paroît que quatre palmes font un pié grec, six palmes une coudée, & quatre coudées ou six piés grecs, font une orgye. (D. J.)

ORICHALQUE, s. m. (Littérat.) en latin orichalcum, dans Virgile, métal mixte que nous ne connoissons plus.

L’orichalque des anciens, & le laiton des modernes, sont deux choses bien différentes. L’orichalque des anciens n’a point de nom parmi nous, parce que nous n’en avons aucune connoissance. Outre l’or, l’argent, le cuivre, l’étain, le fer, le plomb, dit Lucrece, l. VI. vers 1241, qui se trouverent séparés dans les creusets de la terre, il se fit en quel-

ques endroits de la terre un mélange de plusieurs de

ces métaux ; & ce métal mixte fut estimé le plus précieux de tous. C’est pourquoi Virgile mêle l’orichalque avec l’or dans la belle cuirasse qu’il donne à Turnus.

Ipse dehinc auro squallentem, alboque orichalco
Circumdat loricam humeris. Ænéid. l. XII. v. 87.

« Il endossa une magnifique cuirasse d’or & d’orichalque blanc ». Plaute dans plusieurs endroits de ses comédies, en parle comme d’une chose de très grand prix. Pline, l. XXXIV. sect. 2. convient aussi de l’estime générale où étoit ce métal ; mais il ajoute qu’on n’en trouvoit plus de son tems.

Au défaut de la nature, on a eu recours à l’art, & on a fait une espece d’orichalque avec de l’or, du cuivre, & de la calamine. Ce mélange de l’or & de l’airain donna lieu dans la suite de l’appeller aurichalcum, mot que les copistes postérieurs qui ne connoissoient plus l’orichalque naturel, n’ont pas manqué de mettre par-tout où ils l’ont pu, dans les anciens auteurs.

Enfin, nos Métallurgistes modernes ont composé l’orichalque avec le seul mêlange de cuivre & de pierre calaminaire ; & ils ont continué de nommer ce mêlange aurichalcum, ou orichalcum. Ainsi l’orichalque des modernes est le pur laiton. Voyez Laiton.

L’électrum des anciens, outre l’ambre qu’il désigne dans Virgile. signifie dans Pline, l. XXXIII. c. iv. un mêlange d’or & d’argent, qui est cette espece d’orichalque, qui, selon Homere, brilloit à la lumiere beaucoup plus que l’argent.

Le métal dont il est question dans Ezéchiel, ch. jv. 4. sous le terme hébreu hachasmal, est l’orichalque des anciens, & non celui des modernes, quoiqu’en dise Bochard, qui a ignoré que notre laiton est d’une invention assez récente. Peut-être enfin, que le caracoli employé par les Caraïbes dans leurs ajustemens, & dont parle le pere Labat dans ses voyages, tome II. est l’orichalque des anciens ; c’est un métal des Indes qui paroît comme de l’argent, surdoré legerement avec quelque chose d’éclatant, comme s’il étoit un peu enflammé. Les Orfévres françois & anglois qui sont aux îles, ont fait quantité d’expériences, pour imiter ce métal. On dit que ceux qui en ont approché de plus près, ont mis dans leur alliage sur six parties d’argent, trois parties de cuivre rouge purifié, & une d’or. On fait des bagues, des boules, des poignées de cannes, & autres ouvrages de ce métal, qui ont une grande beauté, quoiqu’inférieur au caracoli naturel des Indiens. (D. J.)

ORICUM, ou ORICUS, ou ORICOS, (Géog. anc.) ancienne ville maritime de l’Epire septentrional dans la Chaonie, avec un port fameux, dont il est parlé dans les commentaires de César, de Bello civili, cap. vij. viij. xj. xij. Tite-Live, l. XXVI. en appelle les habitans Oricini.

La ville d’Oricum fut bâtie, au rapport de Pline, par des peuples venus de la Colchide, dans une petite île qui se réunit depuis au Continent. Scymnus de Chio dit au contraire, qu’elle fut bâtie par les Eubéens qui revenoient du siége de Troie, & qui furent jettés dans cet endroit par les gros vents. Quoi qu’il en soit, cette ville se nomme aujourd’hui Orto, & elle est dans le canton appellé la Canina, vis-à-vis des côtes de la Pouille. (D. J.)

ORIENT, s. m. se dit dans l’Astronomie & dans la Géographie, du point de l’horison qui répond au levant, ou à l’est. Voyez Est & Levant. Ce mot vient du latin oriri, se lever, parce que c’est dans le point dont il s’agit, que le soleil paroît se lever. Voyez Lever.