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porte trois piés de circonférence, on les fait de deux pieces qui ont chacune la longueur du tuyau, & la moitié de sa circonférence de large : ainsi on n’en fond les tables d’étain que de la largeur nécessaire.

Après que les tuyaux sont soudés, on les arrondit une seconde fois, ensorte qu’ils n’ayent plus aucune bosse ; ce qui est assez difficile, sur-tout pour l’étain, principalement quand les tuyaux sont épais & grands. Quant aux petits, on les arrondit en tenant le tuyau à la main, en le tournant sur le mandrin que l’on tient entre les jambes, ou qui est fixé sur l’établi au moyen d’un valet, & le frappant doucement avec une batte legere.

Les corps des tuyaux étant préparés, on forme leurs piés cde, fig. 31, n° 2. Le pié du tuyau est un cône plus ou moins alongé, dont on trouve le tour en cette maniere. On trace sur une table d’étain ou de plomb, selon que le corps du tuyau est de l’une ou de l’autre de ces deux matieres, un arc de cercle, qui développé, soit égal à la circonférence du tuyau. Le rayon du cercle est le côté ed du cône, qui doit servir de pié : du centre de l’arc, dont nous avons parlé, on tire à ses deux extrémités, deux rayons ; on coupe la table suivant ces traits, ensorte qu’il en reste un secteur de cercle, qui est le cône développé qu’il ne s’agit plus que d’arrondir, ce qui se fait sur un mandrin de figure conique ; on le blanchit & on le soude, ainsi que l’on a fait le corps du tuyau.

Quoique la longueur des piés des tuyaux soit fort indifférente, on observe cependant de les faire pour les tuyaux de montre de grandeur symmétrique, & proportionnée à celle du tuyau, ce qui fait que l’aspect en est plus agréable, ainsi que nous dirons en parlant de la montre. Après que le pié est arrondi, on y trace la levre inférieure a de la bouche, par un arc de cercle de 60 degrés ou environ ; on ramene en dedans du tuyau le segment que cet arc a formé, ensorte qu’après qu’il est applati il forme une corde à la base du cône ou pié. Cette corde doit être égale au côté du quarré inscriptible au cercle de la base, ensorte que le cône étant vu de ce côté, a la forme d’un D.

Le pié du tuyau étant formé, on soude à sa base le biseau aD, qui a la même figure de la lettre D, ou grand segment de cercle. On ne soude le biseau au pié que par sa partie circulaire ; celle qui sert de corde au segment s’applique vis-à-vis la levre inférieure, ensorte cependant qu’il reste entredeux une petite fente à laquelle nous avons donné le nom de lumiere. C’est par cette fente que l’air poussé dans le pié du tuyau par les soufflets, passe dans le corps du tuyau. On soude ensuite le corps sur le pié, & le tuyau est entiérement achevé.

Lorsque les tuyaux de plomb sont bouchés, ils le sont par une plaque de même métal soudée sur le haut du corps, ensorte qu’il soit exactement fermé. Voyez Plaque, & la fig. 32 B, qui représente un tuyau de cette espece. Les tuyaux à cheminée ne différent de ceux-ci, qu’en ce qu’au milieu de la plaque qui ferme le tuyau, il y a un trou sur lequel on soude un petit tuyau de la même matiere que celui qui le compose, & qui est ordinairement le plomb. Voyez l’article Cheminée, & la figure 32 c, qui représente un tuyau à cheminée.

Ces deux especes de tuyaux sont toujours garnis d’oreilles, au moyen desquelles on les accorde. Voyez l’article Oreilles.

Les longueurs & grosseurs relatives des tuyaux se reglent sur le diapason. Voyez Diapason. Ensorte que plus les sons qui les rendent sont aigus, plus les tuyaux sont courts, ainsi qu’il est expliqué à cet article. On désigne un orgue par la longueur

en piés de son plus grand tuyau, sonnant ut, double octave au-dessous de la clé de C sol ut. Ainsi on dit un orgue de 32 pieds, lorsque ce tuyau en a 32 ; un de 16 pieds, lorsqu’il en a 16 ; un orgue de 8 pieds, lorsqu’il en a 8 ; un orgue de 4 pieds, lorsqu’il en a 4. Ce sont-là toutes les dénominations qu’on peut donner aux orgues.

De la fabrique des jeux d’anches. Tous les jeux d’anches sont semblables pour ce qui regarde les anches, ils ne différent que pour la forme & la grandeur de leur tuyau. Nous expliquerons ces différences, après avoir expliqué ce qui regarde la fabrique des anches. Une anche est composée de trois parties principales ; l’anche proprement dite, qui donne le nom à l’assemblage des trois pieces dont nous allons parler, de la languette, du coin de la noix, & de la rasette ou régulateur. Voyez tous ces mots à leurs articles.

L’anche est un demi-cylindre de cuivre fermé par une de ses extrémités, ainsi que les figures A & C, fig. 53, Pl. IX. le font voir. On donne cette forme aux anches en les étampant dans les gravures de l’étampoir. Voyez , & la fig. 54 qui le représente. La languette, représentée en B, fig. 53, est une petite lame de laiton très-mince, & fort élastique, que l’on applique sur la face de l’anche, ensorte qu’elle ferme exactement toute l’ouverture. On place les deux pieces dans le trou de la noix représentée en A ; cette noix a un épaulement, qui sert à soutenir l’anche dans la situation verticale. Ces noix sont de plomb & fondues dans un moule de cuivre de deux pieces, dans lequel on place une cheville qui forme le trou dans le tems de la fonte, ce qui épargne la peine de les percer après qu’elles sont fondues. On observe aussi de ménager un petit trou à la partie de la noix opposée à l’épaulement pour y faire passer la rasette, ainsi que l’on peut voir à la figure 44, & dans la figure 53 A, où le point noir représente le trou par où doit passer la rasette ; ou ferme le vuide qui reste dans le trou de la noix, après que l’anche y est placée avec un petit coin de bois D, de figure conique. Ce coin est la moitié d’un cône coupé sur le triangle par l’axe : on applique la face triangulaire de ce cône sur la languette, & sa face convexe s’applique contre celle du trou, ensorte que l’ouverture est exactement fermée, ce qui produit en même tems l’avantage d’affermir l’anche & sa languette dans le corps de la noix.

Les tuyaux des jeux d’anches sont tous de figure conique, excepté celui du cromorne, & ordinairement d’étain. Leur fabrique est la même que celle des tuyaux de mutation ci-devant expliqués, à cette différence qu’on les roule sur un mandrin conique.

Avant de monter les anches sur les noix, on soude ces dernieres à la partie inférieure des tuyaux, qui est toujours le sommet du cône, & sur leur corps on soude l’anneau D, fig. 44, qu’on appelle bague. (Voyez Bague,) dont l’usage est de servir de guide à la rasette, qui passe par un petit trou fait à cet anneau, ainsi qu’on le voit dans la même figure, & le tuyau est entiérement achevé lorsque la rasette y est placée.

La rasette est un fil de fer recourbé, comme on voit en Ff, fig. 53. La partie f de la rasette s’applique sur la languette, fig. 44 ; ensorte qu’en haussant ou baissant la tige de la rasette, sa partie f puisse glisser le long de la languette ; ce mouvement sert à accorder l’anche.

La partie inférieure du tuyau C D fig. 44. se place dans une boîte, voyez Boite placée au-dessous.

Cette boîte est composée comme les tuyaux de mutation ; d’un corps A qui est cylindrique & d’un pié conique, B, dont l’extrémité inférieure qui est