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l’aire est constante, l’arc circulaire décrit du centre & du rayon vecteur est en raison inverse de la distance. Or pour avoir l’angle, il faut diviser cet arc par le rayon ; donc la vîtesse angulaire, ou l’angle décrit pendant un instant constant, est en raison inverse du quarré de la distance au centre. Or dans les planetes cette vîtesse angulaire est la vîtesse apparente, parce que les planetes étant fort éloignées, paroissent toujours à l’œil se mouvoir circulairement. Voyez Apparent.

On appelle en général illusions optiques, toutes les erreurs où notre vûe nous fait tomber sur la distance apparente des corps, sur leur figure, leur grandeur, leur couleur, la quantité & la direction de leur mouvement. Voyez Apparent, &c.

Pinceau optique, ou pinceau de rayon, c’est l’assemblage des rayons, par le moyen desquels on voit un point ou une partie d’un objet. Voyez Pinceau.

Quelques écrivains d’Optique regardent ces prétendus pinceaux comme une chimere. Cependant on ne sauroit douter de l’existence de ces pinceaux, si on fait réflexion que chaque point d’un objet pouvant être vû de tous côtés, envoye nécessairement des rayons de toutes parts & dans toutes sortes de directions, & que par conséquent plusieurs de ces rayons tombent à-la-fois sur la prunelle qui a une certaine largeur, & que ces rayons traversent ensuite le globe de l’œil où ils sont rompus & rapprochés par les différentes liqueurs dont le globe de l’œil est composé, de maniere qu’ils se réunissent au fond de l’œil. Cette réunion est nécessaire pour la vision distincte ; & le fond de l’œil est une espece de foyer où doivent se rassembler les rayons que chaque point de l’objet envoie. Voyez la fig. 39 d’Optique, où B est le point visible ; GS, le crystallin, & C, le foyer des rayons envoyés sur le crystallin. Voyez aussi Vision.

Lieu optique d’une étoile, c’est le point du ciel où il paroît à nos yeux qu’elle est. Voyez Lieu.

Ce lieu est ou vrai ou apparent ; vrai, quand l’œil est supposé au centre de la terre ou de la planete de laquelle on suppose qu’il voit ; & apparent, quand l’œil est hors du centre de la terre ou de la planete. Voyez Apparent & Planete. La différence du lieu vrai au lieu apparent, forme ce que nous appellons parallaxe. Voyez Parallaxe.

Pyramide optique se dit dans la perspective d’une pyramide ABCO (Pl. perspect. fig. 1.), dont la base est l’objet visible ABC, & dont le sommet est dans l’œil O. Cette pyramide est formée par les rayons qui viennent à l’œil des différens points de la circonférence de l’objet.

On peut aussi entendre facilement par cette définition ce que c’est que le triangle optique. C’est un triangle comme ACO, dont la base est une des lignes droites AC de la surface de l’objet, & dont les côtés sont les rayons OA, OC.

Rayons optiques se dit principalement de ceux qui terminent une pyramide ou un triangle optique, comme OA, OC, OB, &c. Chambers. (O)

OPULENCE, s. f. OPULENT, adj. (Gram.) termes qui désignent la grande richesse, ou celui qui la possede. Nous ne dirons ici qu’un mot, bien capable d’inspirer du mépris pour l’opulence, & de consoler ceux qui vivent indigens ; c’est qu’il est rare qu’elle n’augmente pas la méchanceté naturelle, & qu’elle fasse le bonheur.

OPUNTE, (Géog. anc.) en latin Opus, au génitif Opuntis, ancienne ville de Grece dans la Locride : c’étoit la capitale des Locres Opuntiens. Strabon fait cette ville métropole des Locres Epicnemidiens ; c’est qu’avec le tems, les Locres Opuntiens furent distingués des Epicnemidiens. Opunte

étoit à demi-lieue de la mer, sur un golfe nommé par les anciens Opuntius sinus. Ce golfe est proprement le détroit qui sépare l’Eubée de ce pays, & qui s’élargit dans cet endroit. Tous les anciens ont parlé d’Opunte, Homere, Pindare, Strabon, Mela, Tite-Live, &c. C’étoit la patrie de Patrocle au rapport d’Ovide après Homere, qui en étoit encore mieux instruit. (D. J.)

OPUNTIA, (Botaniq.) genre de plante, dont voici les caracteres. Sa fleur a plusieurs pétales étendus en rose ; du milieu de ces pétales part un grand nombre d’étamines, situées sur la sommité de l’ovaire. L’ovaire dégénere ensuite en un fruit charnu, qui a un nombril & une pulpe molle, dans laquelle sont contenues plusieurs semences ordinairement anguleuses.

Tournefort compte neuf especes d’opuntia, & Miller onze, entre lesquelles il y en a dix étrangeres, & natives des Indes occidentales. Nous appellons en France cette plante figuier d’Inde ou raguette. Voyez Raguette.

L’arbre sur lequel se nourrit la cochenille est l’espece d’opuntia, que le chevalier Hans-Sloane appelle opuntia maxima, folio oblougo, rotundo, majore, spinulis obtusis, mollibus, obrito flore, striis rubris, variegato. Hist. Jamaï. ij. 152. On en a parlé au mot Nopale, qui est le nom des Américains. (D. J.)

OPUNTIOIDES, (Botan.) plante marine, espece de lychen, dure, fragile & ressemblante à l’opontia ou figuier d’Inde.

OPUS, (Géog.) île de la Dalmatie entre le golfe de Venise & deux branches que forme le Narcuta à son embouchure. L’air en est fort mal-sain à cause du marais, cependant sa situation est importante, tant parce qu’elle conserve aux Venitiens la possession de la Frumana, que parce qu’elle ouvre un chemin pour la conquête de l’Hertzégorine. (D. J.)

OPUSCULE, s. m. (Littér.) petit ouvrage, on dit les opuscules de la Mothe-le-Vayer, les opuscules de Bayle.

O R

OR, s. m. aurum, sol, (Hist. nat. Minéralogie & Chimie.) c’est un métal d’un jaune plus ou moins vif ; sa pesanteur surpasse non-seulement celle de tous les autres métaux, mais encore de tous les autres corps de la nature ; elle est à celle de l’eau environ dans la proportion de 19 à 1. L’or est fixe & inaltérable dans le feu, à l’air & dans l’eau ; c’est de tous les métaux celui qui a le plus de ductilité & de malléabilité ; quand il est pur, il est mou, flexible & point sonore ; les parties qui le composent ont beaucoup de ténacité ; lorsqu’on vient à rompre de l’or, on voit que ces parties sont d’une figure prismatique & semblables à des fils. Il entre en fusion un peu plus aisément que le cuivre, mais ce n’est qu’après avoir rougi ; lorsqu’il est en fusion, sa surface paroît d’une couleur verte, semblable à celle de l’aigue marine ; dans cette opération, quelque long & quelque violent que soit le feu que l’on emploie, il ne perd rien de son poids.

De toutes ces propriétés, les Chimistes concluent que l’or est le plus parfait des métaux ; il est composé des trois terres ou principes que Beccher regarde comme la base des métaux, savoir le principe mercuriel, le principe inflammable & la terre vitrescible, combinés si intimement & dans une si juste proportion, qu’il est impossible de les séparer les unes des autres. Voyez Métaux. C’est pour cela que les anciens Chimistes l’ont appellé sol ou soleil, & ils l’ont représenté sous l’emblème d’un cercle. C’est aussi à ce métal que les hommes sont convenus d’attacher le plus haut prix, ils le regardent comme