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gnes de la Pouille, enfle ses eaux courroucées, & menace de ruiner par ses débordemens l’espérance du laboureur, en roulant avec furie ses flots mugissans ».

Sic tauriformis volvitur Aufidus
Qui regna Dauni præfluit appuli,
Cùm sævit, horrendamque cultis
Diluviem meditatur agris.

Liv. IV. Ode xiv.

Voilà des images & de la poésie. Tauriformis Aufidus ; l’Ofanto jettant des gémissemens se courrouce, entre en fureur, sævit ; il forme des desseins, meditatur ; quels desseins ? de ramasser un déluge d’eau, diluviem horrendam cultis agris, & de décharger sa colere ; enfin l’exécution suit de près les préparatifs, il franchit ses rives, il se roule au milieu des campagnes, & traîne avec lui le ravage & la désolation. (D. J.)

OFAVAI, (Hist. mod. superstition.) c’est ainsi que l’on nomme au Japon une petite boîte longue d’un pié & d’environ deux pouces de largeur, remplie de bâtons fort menus, autour desquels on entortille des papiers découpés : ce mot signifie grande purification, ou rémission totale des péchés, parce que les canusi ou desservans des temples de la province d’Isje, donnent ces sortes de boîtes aux pelerins qui sont venus faire leurs dévotions dans les temples de cette province, respectés par tous les Japonois qui professent la religion du Sintos. Ces pelerins reçoivent cette boîte avec la plus profonde vénération, & lorsqu’ils sont de retour chez eux ils la conservent soigneusement dans une niche faite exprès, quoique leurs vertus soient limitées au terme d’une année, parce qu’il est de l’intérêt des canusi que l’on recommence souvent des pelerinages, dont ils reconnoissent mieux que personne l’utilité. Voyez Siaka.

OFFA de Van-Helmont, (Chimie.) quelques auteurs françois ont aussi dit soupe ; il eût au-moins fallu dire bouillie, pour représenter la chose dont il s’agit ; mais offa vaut mieux ; il est devenu technique même en françois. On connoît sous ce nom en Chimie un précipité très-abondant, qui résulte du mélange de l’esprit-de-vin, & d’un esprit alkali volatil, ou sel alkali volatil résout ; ce précipité n’est autre chose que l’alkali volatil même, séparé de l’eau qui le tenoit en dissolution, & qui l’a abandonné pour s’unir à l’esprit-de-vin avec lequel elle a plus d’affinité. Il est donc clair que ce n’est là qu’une fausse coagulation. Voyez Coagulation. Van-Helmont de qui nous vient cette expérience, & le nom de cette production chimique, en parle en ces termes dans son traité de lithiasi, chap. iij. n°. 5. miseris spiritum urinæ, aquâ vitæ dephlegmatæ : atque in momento, ambo simul, in offam albam coagulata sunt, mirè tamen fugacem atque subtilem. Ce phénomene n’est pas unique en Chimie : au contraire on connoit des précipités qui occupent tant de volume dans la liqueur où ils sont formés, qu’ils sont capables de l’absorber & de la faire disparoître toute entiere, ensorte que deux liqueurs qu’on a mêlées pour opérer cette précipitation sont sensiblement changées en un corps dur ou assez consistant pour prendre & retenir, à la maniere des solides, toutes les formes qu’on veut lui donner. Tel est le précipité de l’huile de chaux, ou solution de sel ammoniac fixe par l’huile de tartre par défaillance, ou par une lessive convenablement chargée d’alkali fixe nitreux. Voyez Recréations chimiques & Précipité. (b)

OFFE, s. f. (Comm. de pêche.) espece de jonc qui vient d’Alicante en Espagne, & dont on tire un grand usage en Provence, particulierement pour

faire des filets à prendre du poisson.

OFFENBURG, (Géog.) petite ville impériale d’Allemagne, au cercle de Suabe dans l’Ortuau : les François la prirent en 1689. Elle est à 5 lieues S. E. de Strasbourg, 88 O. de Bade. Long. 25d. 37′. 14″. lat. 48d. 28′. 11″. (D. J.)

OFFENDICES, s. f. pl. (Hist. anc.) bandes qui descendoient des deux côtés des mitres ou bonnets des flamines & qu’ils nouoient sous le menton : si le bonnet d’un flamine lui tomboit de la tête pendant le sacrifice, il perdoit sa place.

OFFENSE, s. f. OFFENSER, OFFENSEUR, OFFENSÉ, (Gramm. & Morale.) l’offense est toute action injuste considérée relativement au tort qu’un autre en reçoit, ou dans sa personne ou dans la considération publique, ou dans sa fortune. On offense de propos & de fait. Il est des offenses qu’on ne peut mépriser ; il n’y a que celui qui l’a reçue qui en puisse connoître toute la griéveté ; on les repousse diversement selon l’esprit de la nation. Les Romains qui ne porterent point d’armes durant la paix, traduisoient l’offenseur devant les lois ; nous avons des lois comme les Romains, & nous nous vengeons de l’offense comme des barbares. Il n’y a presque pas un chrétien qui puisse faire sa priere du matin sans appeller sur lui-même la colere & la vengeance de Dieu : s’il se souvient encore de l’offense qu’il a reçue, quand il prononce ces mots : pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; c’est comme s’il disoit : j’ai la haine au fond du cœur, je brûle d’exercer mon ressentiment ; Dieu que j’ai offensé, je consens que tu en uses envers moi, comme j’en userois envers mon ennemi, s’il étoit en ma puissance. La philosophie s’accorde avec la religion pour inviter au pardon de l’offense. Les Stoïciens, les Platoniciens ne vouloient pas qu’on se vengeât ; il n’y a presque aucune proportion entre l’offense & la réparation ordonnée par les lois. Une injure & une somme d’argent, ou une douleur corporelle, sont deux choses hétérogenes & incommensurables. La lumiere de la vérité offense singulierement certains hommes accoutumés aux ténèbres ; la leur présenter, c’est introduire un rayon du soleil dans un nid de hiboux, il ne sert qu’à blesser leurs yeux & à exciter leurs cris. Pour vivre heureux, il faudroit n’offenser personne & ne s’offenser de rien ; mais cela est bien difficile, l’un suppose trop d’attention, & l’autre trop d’insensibilité.

OFFENSIF, adj. (Gramm.) corrélatif de défensif ; on dit armes offensives & défensives, c’est-à-dire propres pour l’attaque & pour la défense ; une ligue offensive & défensive, c’est-à-dire que la condition est qu’on se réunira soit qu’il faille attaquer ou se défendre.

OFFEQUE, (Hist. nat. Botan.) racine qui croît dans l’île de Madagascar ; elle est fort amère, mais on lui enleve ce goût en la faisant bouillir : on la seche au soleil, après quoi elle se conserve très long-tems ; lorsqu’on veut la manger on n’a qu’à la faire ramollir dans l’eau.

OFFERTE, s. f. (Théol.) oblation que le prêtre fait à Dieu dans le sacrifice de la messe, du pain & du vin, avant la consécration : la priere de l’offerte s’apelle secrette.

OFFERTOIRE, s. f. antienne chantée ou jouée par les orgues dans le tems que le peuple va à l’offrande. Voyez Antienne & Offrande.

Autrefois l’offertoire consistoit dans un pseaume que l’on chantoit avec son antienne, mais il est douteux si l’on chantoit le pseaume tout entier : saint Grégoire, qui en a fait mention, dit que lorsqu’il étoit tems, le pape regardant du côté du chœur où l’on chantoit l’offertoire, faisoit signe de finir.