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qu’à la priere de S. Cyrille de Jerusalem le pape Jules I. fit faire des recherches très-exactes sur le jour de la nativité de N. S. & qu’ayant trouvé qu’elle étoit arrivée le 25 de Décembre, on commença dès-lors à célebrer cette fête ce jour-là. Voyez Incarnation.

Les mots natalis dies, natalitium, étoient autrefois usités parmi les Romains pour signifier la fête que l’on célebroit le jour de l’anniversaire de la naissance d’un empereur ; depuis ce tems on les a étendus peu-à-peu à signifier toutes sortes de fêtes ; c’est pourquoi l’on trouve dans les fastes des anciens, natalis solis pour la fête du soleil. Voyez Fête.

Quelques auteurs pensent que les premiers chrétiens trouvant ces expressions consacrées par l’usage pour signifier une fête, les employerent aussi dans le même tems ; & que c’est pour cela qu’on trouve dans les anciens martyrologes, natalis calicis, pour dire le jeudi-saint, ou la fête de l’institution de l’eucharistie ; natalis cathedræ, pour la fête de la chaire de S. Pierre ; natalis ou natalitium ecclesiæ N, pour la fête de la dédicace de telle ou telle église. Mais outre qu’on n’a pas des preuves bien certaines de cette opinion, il est probable que comme la naissance, natalitium, se prend communément pour le commencement de la vie de l’homme, les chrétiens employerent le même terme par analogie pour exprimer l’anniversaire du commencement ou de l’institution de telle ou telle céremonie religieuse.

Nativité de la sainte Vierge, fête que l’église romaine célebre tous les ans en l’honneur de la naissance de la vierge Marie, mere du Sauveur, le 8 Septembre. Cette fête n’est pas à beaucoup près si ancienne que celle de la nativité de J. C. & de S. Jean. Le pape Sergius I. qui fut élevé sur le saint siege en 687, est le premier qui ait mis la nativité au nombre des fêtes de la sainte Vierge ; car le nalatitium de la bien-heureuse Vierge Marie, que l’on célebroit auparavant en hiver, étoit la fête de son assomption. On trouve depuis la fête de la vierge Marie, au 7 de Septembre, dans les martyrologes, & dans le sacrementaire de saint Grégoire. Elle n’a été établie en France que sous le regne de Louis le Debonnaire ; & elle a été depuis insérée dans les martyrologes de Florus, d’Adon & d’Usuard. Gauthier, évêque d’Orléans, l’introduisit dans son diocese, & Paschase Ratbert en parle dans son livre de la virginité de Marie. Ainsi, ceux qui disent qu’elle n’a été établie que dans le neuvieme siecle, se sont trompés. Cependant cette fête n’a été chomée en France & en Allemagne que dans le x. siecle. Mais saint Fulbert l’établit à Chartres dès le ix. Les Grecs & les Orientaux n’ont commencé à la célebrer que dans le xij. siecle ; mais ils le font avec beaucoup de solemnité. Baillet, vie des Saints.

Nativité de S. Jean-Baptiste, fête que l’église romaine célebre tous les ans en mémoire de la naissance de S. Jean, fils de Zacharie & de sainte Elisabeth, & précurseur de Jesus-Christ, le 24 de Juin, avec office solemnel & octave. Voyez Octave.

L’institution de cette fête est très-ancienne dans l’église. Elle étoit déja établie au 24 de Juin du tems de S.Augustin, qui a fait sept sermons pour cette solemnité. Le concile d’Agde, tenu en 506, la met au rang des fêtes les plus célebres. Il a été un tems qu’on y célebroit trois messes, comme on fait encore à Noël. On a aussi autrefois célebré la fête de la conception de saint Jean-Baptiste au 24 de Septembre.

C’est la coutume en France, la veille de cette fête, dans toutes les paroisses, que le clergé aille processionnellement allumer un feu en signe de réjouissance ; on dit même que les Musulmans ont la mémoire de S. Jean en telle vénération, qu’ils la céle-

brent aussi par diverses marques de joie.

Nativité, nativitas, chez les anciens Jurisconsultes signifie quelquefois villenage, c’est-à-dire esclavage ou servitude. Voyez Villenage. (G)

Nativité en Astrologie, c’est le thème ou la figure des cieux, & principalement des douze maisons célestes au moment de la naissance de quelqu’un. On l’appelle autrement horoscope. Voyez Horoscope.

Tirer l’horoscope de quelqu’un, c’est-à-dire, chercher par le calcul le tems qu’il avoit à vivre, étoit autrefois en Angleterre un crime qu’on punissoit du même supplice que le crime de félonie, comme il paroît par les statuts de la 25 année de la reine Elisabeth, ch. ij.

NATOLIE ou ANATOLIE, (Géog. anc.) on l’appelloit anciennement l’Asie-mineure, grande presqu’île qui s’avance entre la mer Méditerranée & la mer noire, jusqu’à l’Archipel & la mer de Marmara. Les Turcs l’appellent Anatol-Vilaïcte. On la divisoit autrefois en plusieurs royaumes ou provinces ; on mettoit la Cappadoce, la Galatie, la Lycaonie & la Pisidie vers le milieu : la Bithynie, la Paphlagonie & le royaume de Pont vers la mer noire ; l’Arménie mineure à l’occident de l’Euphrate ; la Cicilie, la Pamphylie, la Carbalie, l’Isaurie & la Lycie, vers la mer Méditerranée ; la Carie, la Doride, la Lydie, l’Ionie, l’Æolide, la grande & petite Phrygie, la grande & petite Mysie & la Troade sur l’Archipel. Tous ces royaumes & provinces se divisoient encore en plusieurs autres ; aujourd’hui c’est la Natolie, divisée en quatre principales parties, dont la plus occidentale & la plus grande est encore appellée du même nom, voyez Natolie propre. Les trois autres sont la Caramanie, l’Amasie & l’Aladulie.

Ses principales rivieres sont Zagarie & Casalmach, qui se jettent dans la mer Noire ; Kara ou la riviere Noire, qui se décharge dans l’Euphrate ; Satalie qui a son embouchure dans la mer Méditerranée ; Madre & Sarabat qui se rendent dans l’Archipel. (D. J.)

NATOLIE Propre, (Géog.) contrée de la Turquie en Asie. Elle occupe presque la moitié de la presqu’île, s’étendant depuis la riviere de Casalmach sur la mer Noire, sur la mer de Marmara, sur l’Archipel & sur la Méditerranée, jusqu’à la côte qui est entre l’île de Rhodes & le Xante. La ville de Chiutaye, située sur le fleuve Ayala, est la capitale de cette province, & le siége d’un béglierbey. On compte dans son gouvernement 336 ziamets, & 1136 timars. (D. J.)

NATRUM, NATRON ou NATER, s. m. (Hist. nat. Minéralog.) c’est un sel alkali fixe, tout formé par la nature, qui se trouve ou dans le sein de la terre, ou qui se montre à sa surface ; c’est sur-tout en Egypte, en Syrie, dans l’Assyrie, dans l’Asie-mineure & dans les Indes orientales, que l’on rencontre le natrum. Les voyageurs nous apprennent qu’en Egypte sur-tout, il s’en trouve un amas immense dans un endroit que l’on appelle la mer séche, l’on en tire tous les ans une quantité prodigieuse qui se débite dans tout le levant ; on s’en sert pour faire du savon, & pour blanchir le linge. C’est un sel de cette espece que l’on trouve encore abondamment aux environs de Smyrne. où on l’emploie à faire du savon. Voyez Smyrne, terre de.

Le natrum tel qu’il se trouve dans la terre, est ordinairement d’un blanc rougeâtre & en masses informes ; il est mêlé de particules terreuses & d’une portion plus ou moins grande de vrai sel marin. Quelquefois on le trouve sous la forme d’une poudre blanche, qui se montre à la surface de la terre ; quelquefois il forme une espece de croûte feuilletée & friable. Ce sel est légerement caustique sur la lan-