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pas pû emporter si loin les particules qu’elle détachoit des côtes ; 2°. parce que l’eau y a beaucoup de force & un mouvement qui tend à augmenter la profondeur de la mer, plutôt qu’à former des iles ; 3°. parce que n’y ayant point là de continent, il n’a pas pû se former des grappes d’iles de la maniere dont j’ai dit qu’elles se formoient. Cependant dans les tems reculés, lorsque le milieu de l’Océan n’étoit pas où il est maintenant, il a pû y avoir des grappes d’iles, que la force de l’eau aura pû miner & détruire par la suite des siecles. Le Chevalier de Jaucourt.

Océan, (Mythol.) les Poëtes ont jugé à propos d’en faire une divinité : Hésiode nous dit que l’Océan eut de Thétis prise pour la terre, tous les fleuves dispersés dans le monde, & la plûpart des Nymphes qui, par cette raison porterent le nom d’Océanides. Homere va plus loin, il atteste que l’Océan est le premier de tous les dieux ; les hymnes attribués à Orphée nous débitent la même idée. Virgile lui-même l’appelle le pere de toutes choses, Oceanum patrem rerum, suivant la doctrine de Thalès, qui enseignoit d’après les Egyptiens, que l’eau étoit la matiere premiere dont tous les corps étoient composés.

Homere fait faire aux dieux de fréquens voyages chez l’Océan, où ils passoient douze jours de suite dans la bonne chere & les festins : c’est une allusion que le poëte grec fait à une ancienne coutume des peuples qui habitoient sur les bords de l’Océan atlantique, lesquels célébroient dans une certaine saison de l’année des fêtes solemnelles, où ils portoient en procession la statue de Jupiter, de Neptune & des autres dieux, & leur offroient des sacrifices.

Les Grecs & les Romains n’oublierent point de leur côté de sacrifier à la divinité de l’eau, sous le nom de l’Océan, ou sous celui de Poseidon chez les uns, & de Neptune chez les autres. De-là, tant d’autels & de temples que le paganisme éleva à la gloire de ce dernier, dont la souveraineté bornée d’abord à la Méditerrannée, s’étendit depuis à toutes les autres mers. Nous apprenons de Diodore de Sicile, que les Egyptiens donnerent le nom d’Océan au Nil, & qu’ils le reconnurent pour une divinité suprème.

D’anciens monumens nous représentent l’Océan sous la figure d’un vieillard, assis sur les ondes de la mer, & ayant près de lui un monstre marin ; ce vieillard tient une urne, dont il verse de l’eau, symbole de la mer, des fleuves & des fontaines. (D. J.)

OCÉANIDES, s. f. pl. (Mythol.) c’étoient les filles de l’Océan & de Thétis. Hésiode compte soixante-douze nymphes Océanides, dont il a forgé les noms, qu’il n’est pas nécessaire de transcrire ici. (D. J.)

OCELUM ou OCELUS, (Géog. anc.) ancienne ville ou bourg de la Gaule dans les Alpes, que César dit être la derniere ville de la province citérieure, oppidum citerioris provinciæ extremum. MM. de Valois & Sanson croient que c’est Exiles en Dauphiné, dans la vallée de la Doria, entre le mont de Genève & la ville de Suze. (D. J.)

OCHÉ, (Géog. anc.) en grec ὄχη ; montagne de l’ile d’Eubée, selon Strabon, qui met la ville de Caryste au pié de cette montagne. (D. J.)

OCHES, s. f. (Charpent.) entailles ou marques que font les Charpentiers sur des regles de bois, pour marquer des mesures. (D. J.)

OCHIO, (Géog.) contrée du Japon dans l’ile de Niphon, elle comprend onze provinces, & a pour capitale Jedo. (D. J.)

OCHLOCRATIE, s. f. (Gouvern.) ὀχλοκρατία ; abus qui se glisse dans le gouvernement démocratique, lorsque la vile populace est seule maîtresse des

affaires. Ce mot vient d’ὄχλος, multitude, & κρατός, puissance.

L’ochlocratie doit être regardée comme la dégradation d’un gouvernement démocratique : mais il arrive quelquefois que ce nom dans l’application qu’on en fait, ne suppose pas tant un véritable défaut ou une maladie réelle de l’état, que quelques passions ou mécontememens particuliers qui sont cause qu’on se prévient contre le gouvernement présent. Des esprits orgueilleux qui ne sauroient souffrir l’égalité d’un état populaire, voyant que dans ce gouvernement chacun a droit de suffrage dans les assemblées où l’on traite des affaires de la république, & que cependant la populace y fait le plus grand nombre, appellent à tort cet état une ochlocratie ; comme qui diroit un gouvernement où la canaille est la maîtresse, & où les personnes d’un mérite distingué, tels qu’ils se croyent eux-mêmes, n’ont aucun avantage par-dessus les autres ; c’est oublier que telle est la constitution essentielle d’un gouvernement populaire, que tous les citoyens ont également leur voix dans les affaires qui concernent le bien public. Mais, dit Ciceron, on auroit raison de traiter d’ochlocratie, une république où il se feroit quelque ordonnance du peuple, semblable à celle des anciens Ephésiens, qui, en chassant le philosophe Hermodose, déclarerent que personne chez eux ne devoit se distinguer des autres par son mérite. Nemo de nobis unus excellat. Cic. Tusc. quest. lib. V. cap. xxxvj. (D. J.)

OCHNA, (Botan. exot.) genre de plante que le pere Plumier 32, & Linnæus, gen. plant. p. 819. caractérisent ainsi.

Le calice de la fleur est composé de cinq petites feuilles ovales, pointues à l’extrémité, & qui tombent avec la fleur. Cette fleur est formée de deux pétales, arrondis & obtus. Les étamines sont des filets extrèmement déliés qui se réunissent à leur extrémité. Le germe du pistil est ovale, & se termine en un stile pointu, droit, & plus long que les étamines. Le fruit est un placenta charnu, arrondi, contenant dans chacun de ses côtés, une seule baie ovoïde. Ses semences sont uniques, & pareillement de forme ovale. (D. J.)

OCHRE, s. f. (Hist. nat. Bot.) ochrus, genre de plante à fleur papilionacée ; le pistil sort du calice & devient dans la suite une silique le plus souvent cylindrique, qui renferme des semences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les feuilles sont rangées une à une ou par paire, & toujours terminées par une main. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Ochres, (Hist. nat. Minéral.) ochræ terræ metallicæ ; c’est ainsi qu’on nomme dans l’histoire naturelle des terres colorées & métalliques, formées par la décomposition des métaux qui se vitriolisent, tels que le fer, le cuivre & le zinc ; l’on voit par-là qu’il y a différentes especes d’ochres, & elles varient considérablement pour la couleur, pour la densité & par les autres terres étrangeres avec lesquelles elles sont mêlées.

L’ochre de fer doit être regardée comme une vraie mine de fer, dont on tire ce métal en y joignant une matiere inflammable qui lui rend le phlogistique qu’il avoit perdu. On trouve de l’ochre rouge que l’on nomme quelquefois rubrica ou ochre rouge naturelle ; l’ochre jaune ; elle est quelquefois d’un jaune de safran, d’autres fois elle est d’un jaune moins vif, elle est très-fine & colore les doigts ; on l’appelle quelquefois moëlle de pierre ; l’ochre brune est d’un brun plus ou moins foncé.

Toutes les ochres varient pour la consistence, il y en a qui ont la dureté des pierres, tandis que d’au-