Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lieux ou forteresses de leur pays, comme Mecklenbourg, Werle, Kissim, &c. (D. J.)

OBRANG, (Botan. exot.) nom donné par les habitans de Guinée à une plante fort singuliere, dont nous n’avons point encore d’exacte description. Ses feuilles ont une fausse ressemblance avec celles de la réglisse ; d’où vient que Petivier nomme cet arbrisseau glycyrrhizæ folio singulari, frutex guincensis, spinis gemellis. Philos. Trans. n°. 232. (D. J.)

OBREPTICE, adj. (Jurisprud.) est un terme de palais & de chancellerie qui se dit des lettres dans l’exposé desquelles on a caché quelque fait essentiel, pour obtenir par surprise quelque grace, comme un bénéfice, ou l’admission d’une pension en cour de Rome, ou pour obtenir du prince une commission, des lettres de rescision, &c. Ces lettres sont appellées obreptices, à la différence de celles où l’on a avancé quelque fausseté pour les obtenir plus facilement. Quand la grace est obreptice, c’est à-dire obtenue sur des lettres obreptices, elle est nulle. Voyez ci-après Obreption. (A)

OBREPTION, s. f. (Jurisprud.) est la surprise que l’on fait à quelque supérieur de qui on obtient quelque grace, en lui taisant une vérité dont la connoissance auroit été un obstacle à sa concession. Les lettres où il y a obreption sont appellées obreptices. L’obreption annulle de droit le titre ou la grace qui se trouve ainsi accordée : par exemple, celui qui en demandant un bénéfice n’exprime point ceux dont il est déja pourvu, est déchu, par cette réticence, du bénéfice qu’il a impétré.

Le défaut d’expression d’une chose nécessaire, quoique de bonne toi & sans en avoir connoissance, ne laisse pas d’être fatal & de rendre les provisions nulles, parce que l’on fait attention à la volonté & à l’intention du collateur, & non à la faute de l’impétrant. Voyez Panorme, sur le chapitre constitutus de rescreptis, & le traité de l’usage & pratique de cour de Rome, tome I. page 280. (A)

OBRIMAS, (Géog. anc.) riviere d’Asie en Phrygie, qui tomboit dans le Méandre. Pline, livre V. ch. xxjx. & Tite-Live, livre XXXVIII. ch. cv. en font mention.

OBRINE, (Hist. mod.) chevaliers de l’obrine, ordre militaire inssitué dans le xiij. siecle par Conrad, duc de Mazovie & de Cujavie, que quelques auteurs appellent aussi duc de Poland.

Il donna d’abord à cet ordre le nom de chevaliers de Jesus-Christ. Leur premier grand maître fut Bruno. Leur principale destination étoit de défendre le pays des courses des Prussiens, qui étoient pour lors idolâtres, & y commettoient de grandes cruautés.

Le duc Conrad mit ces chevaliers en possession du fort de l’Obrine, d’où ils prirent leur nouveau nom ; & ils convinrent ensemble que toutes les terres qu’ils envahiroient sur les Prussiens seroient également partagées entr’eux.

Mais les Prussiens ayant bloqué le fort de maniere qu’aucun des chevaliers n’en pouvoit sortir, l’ordre dont il s’agit devint inutile, & fut aussi-tôt supprimé, & Conrad appella à son secours l’ordre Teutonique. Voyez Teutonique.

OBRINGA, (Géogr. anc.) riviere ainsi nommée par Ptolomée, livre II. chap. jx. qui la met dans la Gaule belgique, & la donne pour bornes entre la haute & la basse Germanie. Quoique le savant Adrien de Valois pense que l’Obringa de Ptolomée est la Moselle, il paroît cependant qu’il se trompe, & que c’est vraissemblablement l’Aar. (D. J.)

OBRIZUM AURUM, (Hist. nat.) nom donné dans l’antiquité à un or qui avoit été purifié plusieurs fois par le feu. Pline dit, auri experimento ignis est, ut simili colore rubeat quo ignis ; atque ipsum obrizum vocant ; c’est-à-dire c’est le feu qui peut servir à éprou-

ver l’or ; & quand en le faisant rougir il devient de la même couleur que le feu, on l’appelle obrizum. Voyez Plinii, Hist. nat. lib. XXXIII. cap. xxiij.

OBRON, s. m. terme de Serrurier, morceau de fer percé par le milieu, qui est attaché à l’obronniere du coffre, & dans lequel, par le moyen de la clé, on fait aller le pêne de la serrure quand on ferme le coffre. Il y a d’ordinaire trois ou quatre obrons attachés à l’obronniere du coffre fort.

OBRONNIERE, s. f. terme de Serrurier, bande de fer à charniere qui est attachée dedans au couvercle d’un coffre-fort.

OBSCENE, adj. (Gramm.) il se dit de tout ce qui est contraire à la pudeur. Un discours obscene, une peinture obscene, un livre obscene. L’obscénité du discours marque la corruption du cœur. Il y a peu d’auteurs anciens entierement exempts d’obscénité. La présence d’une honnête femme chasse l’obscénité de la compagnie des hommes. L’obscénité dans la conversation est la ressource des ignorans, des sots & des libertins. Il y a des esprits mal faits qui entendent à tout de l’obscénité. On évite l’obscénité en se servant des expressions consacrées par l’art ou la science de la chose.

OBSCUR, adj. (Gramm.) privé de lumiere. Il se dit d’un lieu : cette chapelle, ce vestibule est obscur ; d’une couleur qui réfléchit peu de lumiere, ce brun est obscur ; d’un homme qui n’est distingué dans la société par aucune qualité, qu’il est obscur ; d’une vie retirée, qu’on vit obscurément ; d’un auteur difficile à entendre. qu’il est obscur. D’obscur on a fait obscurcir & obscurité.

Obscur, (Phys) Chambre obscure. Voyez Chambre & Boete catoptrique. Voyez aussi Lanterne magique & Œil artificiel.

OBSCURITÉ, s. f. (Logique & Belles-Lettres.) c’est la dénomination d’une chose obscure. L’obscurité peut être ou dans la perception ou la diction.

L’obscurité dans la perception vient principalement de ce qu’on ne conçoit pas les choses comme elles sont ou comme on trouve qu’elles sont, mais comme on juge qu’elles doivent être avant de les avoir connues ; de sorte que notre jugement précede alors notre connoissance, & devient la regle & pour ainsi dire l’étendart de nos conceptions : au lieu que la nature & la raison nous disent que les choses ne doivent être adjugées que comme elles sont connues, & que nous les connoissons non comme elles sont en elles-mêmes, mais telles qu’il a plu à Dieu de nous les faire connoitre. Voyez Connoissance.

L’obscurité dans la diction peut venir en premier lieu de l’ambiguité du sens des mots ; secondement, des figures ou ornemens de rhétorique, 3. de la nouveauté ou de l’ancienneté surannée des mots.

Obscurité, achlys, ἀχλύς. Ce mot signifie en général un air épais & rempli de brouillards : de-là ἀχλυώδες ὄμμα un œil noir & trouble, ou qui ne voit qu’avec peine : ce qu’Hippocrate regarde comme un mauvais symptôme dans les maladies aiguës, Prædic. lib. I. xlvj. & dans les prognostics de Cos 218. Il appelle encore ἀχλυώδεες les vents méridionaux, aphor. 5. l. III. à cause qu’ils offusquent la vûe, & comme Celse le remarque, qu’ils émoussent tous les sens, liv. II. ch. j. On appelle encore ἀχλυώδεες ceux qui ont la vue trouble de la fievre, coac. prænot, xxxv. Quelques-uns croient cependant qu’Hippocrate veut parler de ceux dont les humeurs sont extremement agitées, ou dont la couleur & le tempérament sont altérés & obscurcis par la maladie ; mais Galien donne ce nom à ceux qui pendant la maladie perdent cette vivacité & cet éclat qu’on observe autour de la prunelle lorsque le corps jouit d’une parfaite santé.

Ce terme signifie aussi une petite marque ou cicatrice