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pratiquant par degré certains exercices laborieux, & propres à causer du changement dans le corps.

Il entre dans toutes les directions particulieres & relatives à la cure ; il enjoint aux malades de faire beaucoup d’exercice à cheval ou en voiture ; de voyager sur mer, de lire haut, de lutter, & de marcher à grands pas pour mieux exercer les jambes. Il leur prescrit de se frotter avec une serviette grossiere, bien séche, & se saupoudrer le corps de sable ; il veut qu’ils excitent la sueur à l’aide de la chaleur des étuves ; usant, tantôt de bains chauds pour aider la transpiration, & tantôt de bains froids, pour resserrer le corps. Il leur ordonne de se couvrir de sable chaud, de se baigner dans des fontaines médicinales, & après avoir sué dans le bain, de se saupoudrer avec du sel. Il conseille ensuite d’employer les frictions avec du nitre pulvérisé, boire légerement, & user dans la boisson d’un peu de vin médiocrement âcre. Leurs alimens seront du pain de son qui est peu nourrissant, des herbes potagères apéritives, comme asperges, panais, carotes, ache, fenouil, porreaux, &c. des viandes dont la chair soit séche & dépouillée de graisse. Il leur défend de dormir après le repas, & de dormir longtems, parce que le défaut de sommeil joint à l’exercice ne peut que tendre à diminuer l’embonpoint.

Enfin, Cœlius-Aurelianus examine toutes les autres méthodes de ses prédécesseurs, & condamne en particulier celle des Médecins qui ordonnoient contre l’obésité la saignée, les purgatifs, les clysteres, l’usage des femmes au sortir du bain, la pratique de vomir après souper, & autres remedes de ce genre dont il n’est pas difficile de sentir le ridicule ou les mauvais effets.

Je finis par un exemple bien singulier d’embonpoint excessif, que j’ai lû dans les nouvelles publiques de Londres du 31 Octobre 1754. sur Jacques Powell, mort dans le comté d’Essex, son obésité monstrueuse l’avoit rendu célébre ; il avoit environ quinze piés d’Angleterre de circonférence, & il pesoit six cens cinquante livres. (D. J.)

OBJECTER, v. act. (Gram.) c’est montrer le faux d’un raisonnement, par la raison contraire qu’on y oppose ; les suites fâcheuses d’un projet, la vanité d’une entreprise, le ridicule d’une prétention, &c. si l’on a tort d’objecter à quelqu’un sa naissance, on a tort aussi de se prévaloir de la sienne.

La raison objectée s’appelle objection ; il arrive de tems en tems, qu’il faudroit mettre la preuve en objection & l’objection en preuve.

On se fait quelquefois des objections si fortes, que l’on entraîne son auditeur dans l’opinion contraire à celle qu’on s’étoit proposé de leur inspirer.

OBJECTIF, s. m. adj. (Dioptr.) verre objectif se dit de celui des verres d’une lunette ou d’un microscope à plusieurs verres qui est tourné vers l’objet : on l’appelle ainsi pour le distinguer de l’oculaire qui est tourné vers l’œil. Voyez Microscope, Télescope, &c. on dit aussi l’objectif tout court. (O)

Dans le télescope l’objectif doit être d’un plus grand foyer que l’oculaire ; c’est tout le contraire dans les microscopes. Voyez Télescope & Microscope.

Pour s’assurer de la régularité & de la bonté d’un verre objectif, on décrira sur un papier deux cercles concentriques tels que le diametre de l’un soit égal à la largeur du verre objectif, & le diametre de l’autre égal à la moitié de cette largeur ; on divisera la circonférence intérieure en six parties égales, & on y fera six petits trous avec une éguille ; ensuite on couvrira avec ce papier une des faces du verre, &

l’exposant au soleil, on recevra les rayons qui passeront par chaque trou, sur un plan qui soit à une juste distance du verre ; en reculant ou approchant le plan, on doit trouver un endroit, où les six rayons qui passent par les six trous, se réunissent exactement : s’ils se réunissent en effet ainsi, c’est une marque que le verre objectif est bienfait, & le point de réunion est le foyer de ce verre.

Mais il n’y a peut-être pas de meilleur moyen de s’assurer de la bonté d’un verre objectif, que de le placer dans un tube, & de l’essayer avec un petit verre oculaire sur des objets placés à différentes distances ; car le verre objectif est d’autant meilleur, qu’il représente les objets plus distinctement & plus clairement, & qu’il embrasse un plus grand champ, & souffre un verre oculaire plus concave ou plus convexe, sans colorer & obscurcir les objets.

Pour s’assurer si un verre objectif est bien centré, il faut tenir le verre à une distance convenable de l’œil, & observer les deux images d’une chandelle, réfléchies par ses deux faces, l’endroit où les images se réunissent ou se confondent, est le vrai centre : si ce point répond au milieu ou au point central du verre, il est bien centré. Voyez Centrer. (T)

OBIER, s. m. (Hist. nat. Bot.) opulus ; genre de plante qui porte deux sortes de fleurs monopétales ; l’une est en forme de rosette & stérile, elle est percée dans son milieu par un pistile qui sort du calice ; l’autre fleur a la forme d’un bassin, elle est aussi percée par le sommet d’un pistil qui devient dans la suite un fruit, ou une baie molle dans laquelle on trouve une semence applatie & en forme de cœur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Obier, opulus, arbrisseau qui se trouve en Europe & dans l’Amérique septentrionale. Il donne plusieurs tiges dont la plûpart s’élevent à 12 ou 15 piés. Ses feuilles sont assez grandes, chargées de rides, découpées en trois parties, & d’un verd brun. Ses fleurs qui sont blanches, viennent au mois de Mai en grandes ombelles au bout des branches, mais les fleurons qui bordent l’ombelle, sont stériles ; & néanmoins plus blancs, plus grands & beaucoup plus apparens que ceux du centre qui portent les fruits. Ce sont des baies rondes, succulentes & rouges qui renferment une graine dure & plate, figurée en cœur.

Cet arbrisseau vient assez bien par-tout ; cependant il se plaît dans les lieux frais & couverts, à l’exposition du nord, dans les terres grasses & humides, au bord des ruisseaux ; mais s’il se trouve dans un terrein sec & trop exposé au soleil, il y fait peu de progrès, & ses feuilles tombent de bonne heure. Il est extrèmement robuste. On le multiplie aisément de graines, de rejettons, de branches couchées & de bouture. Tous ces derniers moyens sont plus prompts que la semence qui ne leve que la seconde année, si on ne l’a pas semée en automne. L’obier fait une grande quantité de racines noires & chevelues qui assurent sa transplantation. On peut donner à cet arbrisseau une forme réguliere, & lui faire une jolie tête ; mais il convient sur-tout à faire des palissades de six ou huit piés de haut, qui réussissent sous d’autres arbres. Ses fruits mûrissent à la fin de Septembre, alors ils sont fades & de mauvais goût ; mais après l’hiver ils sont acides & de même goût que l’épinevinette ; ils sont d’un rouge vif & très-apparent, & ils restent sur l’arbre long-tems après la chute des feuilles. C’est un bon appât pour attirer les oiseaux qui en sont très-avides, & c’est aussi une bonne nourriture pour la volaille.

Cet arbrisseau a des variétés qui ont de l’agrément.