Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce nœud est formé de la peau & de la réunion des vaisseaux ombilicaux, que l’on coupe à l’enfant aussi-tôt qu’il est né.

On doit encore considérer à l’ombilic de l’enfant qui est dans la matrice, un cordon de la longueur d’une aune ou environ, qui s’étend depuis l’arriere-faix jusqu’à cette éminence, & qui renferme les vaisseaux ombilicaux, qui sont une veine & deux arteres. Voyez Ombilicaux, Vaisseaux.

Le cordon ombilical sert de conduite à ces vaisseaux qui communiquent la nourriture de la mere à l’enfant & à l’arriere-faix, pour sortir de la matrice l’un après l’autre.

Aussi-tôt que l’enfant est hors de la matrice, on fait une ligature à ce cordon, & on le coupe ensuite un bon travers de doigt au-delà de la ligature ; la nature après cela sépare si bien ce qui en reste, qu’il n’en demeure plus que le vestige dans le nœud que l’on voit à l’homme parfait.

Mais on demande, pourquoi le nombril des hommes est apparent & bien marqué, au lieu que dans la plûpart des especes d’animaux il est presque insensible, & souvent entierement oblitéré ; les singes même n’ont qu’une espece de callosité ou de dureté à la place du nombril ? Cette question est ancienne ; Aristote la faisoit déja de son tems : il est aisé d’y répondre. Le nombril ne paroît pas dans les animaux, parce qu’ils se le coupent à fleur du ventre ; de sorte que les vaisseaux ombilicaux n’ayant plus rien qui les retienne au-dehors, se retirent promptement au-dedans, où ils sont renfermés pendant toute la vie de l’animal. Mais aux hommes le nombril qui n’est qu’un assemblage des vaisseaux ombilicaux & de la peau, paroît toûjours par une petite éminence qu’il fait au milieu du ventre ; parce qu’il en a été lié à quelque distance, après la naissance de l’enfant.

Saviard, observ. 118, dit avoir vu un enfant âgé de deux mois, dont le nombril n’étoit pas au milieu du ventre, où il se trouve ordinairement, mais au-dessus du pénil. Fabrice de Hilden, liv. III. de ses Observations, rapporte l’histoire d’un apothicaire, qui jettoit du sang en abondance par le nombril.

L’ombilic est sujet, particulierement aux femmes, à la tumeur que les Medecins nomment exomphale, dont il y a deux différens genres ; les uns faits de parties, & les autres formés d’humeurs. Voyez Exomphale.

J’ajoute seulement ici, qu’Ambroise Paré avertit les jeunes chirurgiens, en parlant de la relaxation de l’ombilic, de ne pas faire l’ouverture de ces tumeurs aux enfans, parce qu’étant faite, les parties sortent au-dehors, & les enfans meurent. Il en rapporte deux exemples. (D. J.)

Nombril, Maladies du, (Médec.) la cicatrice qui reste après la naissance à la partie moyenne antérieure du ventre, appellée nombril, est sujette à différentes maladies & par sa propre nature, & parce que dans cet endroit le ventre est moins soutenu.

Quand on n’a point fait exactement la ligature du cordon ombilical, ou qu’elle vient à se rompre avec effusion de sang, on y remédie aisément en y appliquant de l’huile de térébenthine ou de l’esprit-de-vin avec un bandage. Quelquefois dans l’ascite il se rompt, puisqu’on est obligé alors de mettre quelque chose sur le ventre capable de le soutenir, & d’empêcher que toute l’eau ne s’écoule en même tems. Il faut tirer les vers nichés dans cette partie, & la purifier par le moyen des détersifs amers. On en guérit l’ulcere & la puanteur, en y appliquant un antiseptique : les blessures qui arrivent aux autres parties du ventre sont plus dangereuses ; l’inflammation, l’abscès, & la douleur, se guérissent à l’ordinaire. (D. J.)

Nombril, (Maréchal.) se prend chez les chevaux pour le milieu des reins : ainsi on dit qu’un cheval est blessé sur le nombril, lorsqu’il l’est dans cet endroit.

Nombril, (Botan.) on appelle nombril, certaines enfonçures qui se voyent dans quelques fruits, comme dans l’airelle, & qui ressemblent en quelque maniere au nombril des animaux. (D. J.)

Nombril de Vénus, (Hist. nat. Bot.) cotyledon, genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche, alongée en tuyau, & profondément découpée. Le pistil sort du calice ; il perce la partie intérieure de la fleur, & il devient dans la suite un fruit composé de plusieurs petites graines rassemblées en bouquet, qui s’ouvrent d’un bout à l’autre, & qui renferment des semences ordinairement fort menues. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

M. de Tournefort ne compte que huit especes véritables de ce genre de plante, que les Botanistes appellent en latin cotyledon. Les auteurs moins exacts, ont rangé mal-à-propos sous le même nom, d’autres plantes, qui sont des especes de joubarbe, de geum, ou de saxifrage. Il semble qu’on peut distinguer les cotyledons, même quand ils ne sont pas en fleur, par leurs racines tubéreuses, épaisses, & par leurs feuilles arrondies, & grasses ; cependant ce ne sont point-là des caracteres constans ; car il y a des cotyledons qui ont des racines fibreuses, & de longues feuilles.

La commune espece de cotyledon, ou de nombril de Vénus, cotyledon vulgaris, par Tournefort, en anglois, the comman navel wort, or umbilicus Veneris, sera la seule espece que nous décrirons. Sa racine est tubéreuse, charnue, blanche ; elle pousse des feuilles rondes, épaisses, grasses, pleines de suc, creusées en bassin, attachées à de longues queues, d’un verd de mer, d’un goût insipide. D’entre ces feuilles s’éleve une tige menue, simple, ou divisée ; ses fleurs sont en tube alongé & découpé en plusieurs pointes de couleur blanche purpurine, avec dix étamines à sommet droit.

Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede des fruits à plusieurs gaînes membraneuses, ramassées en maniere de tête, qui s’ouvrent dans leur longueur, & renferment des semences fort menues.

Cette plante croît naturellement dans les rochers, les vieux murs, & aux lieux pierreux ; elle fleurit en Mai dans les pays chauds, & beaucoup plus tard dans les pays tempérés. On a nommé cette plante cotyledon, ou nombril de Vénus ; parce que ses feuilles sont ordinairement concaves en-dessous, ou creusées presque en maniere d’entonnoir.

Le nombril de Vénus de Portugal, à fleur jaune, cotyledon major, Lusitanicus, radice tuberosâ, longâ, repente, J. R. H. 90, est fort cultivé dans les jardins des curieux ; ses feuilles restent vertes pendant l’hiver, & se fannent en Mai. (D. J.)

Nombril de Vénus, (Matiere médicale.) grand cotyledon, éreude ou écuelle.

Les feuilles de cette plante sont très aqueuses, & leur suc est un peu visqueux. Dioscoride & Galien l’ont regardée comme très rafraichissante. Ces auteurs assurent que son suc pris intérieurement, chasse le calcul & le sable des reins. Cette vertu est peu confirmée par l’expérience que véritablement on ne tente guere ; car cette plante est peu usitée, sur-tout pour l’usage intérieur. Il est plus constant que dans l’usage extérieur elle ne peut être mélée ou substituée aux autres plantes aqueuses & mucilagineuses, principalement à la joubarbe, avec laquelle elle a beaucoup d’analogie. Voyez Joubarbe. Les feuilles du nombril de Vénus entrent dans l’onguent populeum. (b)

Nombril (Conchyl.), en latin umbilicus, c’est