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comparant son état présent avec la peinture qu’en fait Silius Italicus, liv. XII. v. 161.

Hinc ad chalcidicam transfert citus agmina Nolam ;
Campo Nola cedet, crebris circumdata in orbem
Turribus, & celso facilem tutatur adiri
Planitiem vallo.

Annibal l’assiégea inutilement l’an 540 de la fondation de Rome ; & ce fut aux portes de cette ville que le consul Marcellus lui présenta la bataille. Vespasien décora Nole du titre de colonie romaine.

Personne n’ignore que c’est à Nole qu’Auguste mourut, le 19 Août, âgé d’environ 76 ans, l’an 14 de J. C. & après environ 44 ans de regne, à compter depuis la victoire d’Actium, qui lui procura l’empire du monde.

Bruno (Giordano) en latin Brunus (Jordanus), étoit un homme de beaucoup d’esprit, mais qu’il employa bien mal, en attaquant les vérités les plus importantes de la foi. Son ouvrage de causâ, principio, & uno, parut à Venise, l’an 1584, in-12. Il établit dans ce traité une hypothèse toute semblable pour le fond au spinosisme. Dans ses dialogues, Del infinito universo, è mundo, imprimés à Venise dans la même année ; il soutient avec raison, ou du moins très vraissemblablement, que l’univers est infini, qu’il y a plusieurs mondes, & que le système de Copernic est le seul recevable. Il s’est étrangement égaré dans son spaccio de la Bestia trionfante, diviso in tre dialogi, stampato in Parigi 1694 in-12, & dédié au chevalier Philippe Sidney. C’est un traité d’une très-mauvaise morale, & de plus très-ridiculement digéré ; car il y expose la nature des vices & des vertus, sous l’emblème des constellations célestes chassées du firmament pour faire place à de nouveaux astérismes, qui représentent la vérité, la bonté, &c. Ses dialogues en prose & en vers, intitulés, li heroici furori, n’offrent au lecteur que de pures imaginations cabalistiques, rafinées sur celles de Raimond Lulle. Jordanus Brunus fut brûlé à Rome, l’an 1600, par jugement de l’inquisition.

Tansillo (Louis) né en 1610, s’acquit en Italie de la célébrité par ses poésies. Sa piece intitulée il Vindemiatore, le Vendangeur, fit beaucoup de bruit. Elle parut d’abord à Naples en 1534, sous le titre de stanze de gli orti delle donne ; ce sont des stances remplies de choses qui blessent la pudeur & l’honnêteté. Il tâcha de réparer cet ouvrage, par un poëme pieux, les larmes de S. Pierre, le lagrime di san Pietro ; mais la mort le surprit avant qu’il y mît la derniere main. Plusieurs autres l’ont retouché, & on l’a imprimé plusieurs fois. La meilleure édition est celle de 1600 à Venise. Ce poëme a été traduit en françois par Malherbe. Enfin, les poésies diverses de Tansillo, c’est-à-dire, ses sonnets & ses canzoni, ont été recueillis & imprimés en 1711 à Bologne ; on en fait grand cas en Italie. Le poëte Tansillo est mort juge royal à Gayette, vers l’an 1571. (D. J.)

NOLET, s. m. (Couvreur.) ce sont des tuiles creuses formant des canaux pour couvrir les lucarnes & égouter les eaux. Féliben dit que ces nolets sont aussi les noues ou enfoncemens de deux combles qui se rencontrent.

NOLI, (Géog.) ville d’Italie dans l’état & sur la côte de Gènes avec un évêché suffragant de Gènes, & un assez bon port, à 2 lieues N. E. de Final, 12 S. O. de Gènes. Long. 25. 59. lat. 44. 18. (D. J.)

NOLIGER, ou NAULISER, (Marine.) Voyez Freter. Ces deux mots sont synonymes ; mais le mot de noliger n’est guere d’usage que sur la Méditerranée. (Z)

NOLI ME TANGERE, s. m. (Jardinage.) est une plante rameuse qui s’éleve à un pié & demi ; c’est une espece de balsamine qui étant touchée ou

agitée par le vent, jette des semences entre les doigts. Les feuilles sont rangées alternativement comme celles de la mercuriale, & ses fleurs, à quatre feuilles, sont de couleur jaune, marquées de points rouges, avec des étamines blanches. Il leur succéde un fruit qui contient sa semence : sa culture est fort aisée, puisqu’elle croît naturellement dans les bois & les lieux humides.

NOLI ME TANGERE, s. m. (Chirurgie.) mots purement latins, qui signifient à la lettre, ne me touchez point, dont on a fait le nom d’une éruption maligne au visage, produite par une humeur extrèmement âcre & corrosive. On l’appelle ainsi, soit parce qu’elle peut se communiquer par l’attouchement, ou parce qu’en y touchant on augmente sa malignité & sa disposition à s’étendre.

Le noli me tangere est une espece d’herpe corrosif, que quelques-uns croient tenir du cancer, & d’autres de la lepre. Voyez Herpes, Cancer & Lépre.

Noli me tangere se dit particulierement d’un ulcere externe aux aîles du nez, lequel vient souvent d’une cause vénérienne, quoiqu’il puisse aussi être l’effet d’une constitution scrophuleuse. Voyez Ulcere.

Cet ulcere ne se borne pas toujours aux aîles du nez : quelques fois il corrode aussi toutes les chairs circonvoisines. Il est bien difficile à guérir, surtout quand il a son principe dans une constitution dépravée.

L’ulcere qu’on appelle noli me tangere est cancéreux, & ce nom lui vient de ce qu’en voulant le guerir, on l’irrite souvent davantage, & on avance la mort du malade. Il n’est point de nature différente du carcinome ; il n’y a de difficulté à la guérison que lorsqu’il est absolument impossible d’extirper totalement la maladie, & toutes les duretés skirrheuses qui en dépendent, parce que la putréfaction qui y surviendroit, produiroit un ulcere de la même nature, souvent plus terrible que le premier. Voyez Cancer. (Y)

Noli me tangere se dit aussi en Botanique d’une plante, ainsi nommée, parce que, quand elle est mûre, elle a cette propriété singuliere, que pour peu qu’on touche aux siliques qui contiennent sa semence, elles s’ouvrent, & la laissent échaper. Voyez Semence.

NOLIS, s. m. terme de négociant ; louage d’un vaisseau, ou la convention faite entre un marchand & le maître d’un bâtiment, pour transporter des marchandises d’un lieu à un autre. On ne se sert de ce mot que sur la Méditerranée ; sur l’Océan on dit fret.

NOM, s. m. (Métaph. Gram.) ce mot nous vient, sans contredit, du latin nomen ; & celui-ci réduit à sa juste valeur, conformément aux principes établis à l’article Formation, veut dire men quod notat, signe qui fait connoître, ou notans men, & par syncope notamen, puis nomen. S. Isidore de Séville indique assez clairement cette étymologie dans ses origines, & en donne tout-à-la-fois une excellente raison : nomen dictum quasi notamen, quòd nobis vocabulo suo notas efficiat ; nisi enim nomen scieris, cognitio rerum perit, lib. I. cap. vj. Cette définition du mot est d’autant plus recevable, qu’elle est plus approchante de celle de la chose : car les noms sont des des mots qui présentent à l’esprit des êtres déterminés par l’idée précise de leur nature ; ce qui est effectivement donner la connoissance des êtres. Voyez Mot, art. 1.

On distingue les noms, ou par rapport à la nature même des objets qu’ils désignent, ou par rapport à la maniere dont l’esprit envisage cette nature des êtres.

1. Par rapport à la nature même des objets dési-