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rés roturiers, & contribuables aux tailles & autres impositions.

Dans les Pays-bas on ne regarde comme ancienne noblesse que celle qui est de nom & d’armes : la noblesse de race, lorsqu’elle n’est pas de nom & d’armes, n’est pas réputée ancienne. Voyez la Roque, chap. vij. & ci après Noblesse nouvelle.

Noblesse archere, est la même chose que noblesse des francs-archers, ou francs-taupins. Voyez ci-après Noblesse des Francs-Archers, & la préface de la Roque.

Noblesse par les armes, c’est-à-dire qui vient du service militaire & des beaux faits d’armes. Voyez ce qui est dit ci-devant de la noblesse en général, & ci-après Noblesse militaire.

Noblesse par les armoiries, est celle dont la preuve se tire de la permission que le souverain a donnée à un nom noble de porter des armoiries timbrées, ou de la possession de porter de telles armoiries. Anciennement les nobles étoient les seuls qui eussent droit de porter des armoiries, comme étant la représentation de leur écu & des autres armes dont ils se servoient pour la guerre ; mais depuis que l’on a permis aux roturiers de porter des armoiries simples, il n’y a plus que les armoiries timbrées qui puissent former une preuve de noblesse, encore cela est-il fort équivoque, beaucoup de personnes se donnant la licence de faire timbrer leurs armoiries, quoiqu’ils n’en aient pas le droit. Voyez la Roque, ch. xxvij. & ci-après Noblesse militaire. (A)

Noblesse avouée, est celle d’une ancienne ma son dont un bâtard tire son origine, auquel on permet de jouir de cette noblesse, en reconnoissance des services de son pere naturel. Voyez la Roque, chap. xxj.

Noblesse de banniere, est une espece particuliere de noblesse que l’on distingue en Espagne de celle de chaudiere ; on l’appelle la premiere noblesse de banniere, parce qu’elle vient des grands seigneurs qui servoient avec la banniere pour assembler leur vassaux & sujets ; les autres étoient appellés ricos hombres, ou riches hommes ; leurs richesses ne servant pas moins à les distinguer que la vertu & la force : ils étoient aussi appellés nobles de chaudiere, parce qu’ils se servoient de chaudieres pour nourrir ceux qui les suivoient à la guerre ; de là vient que dans les royaumes de Castille, de Léon, d’Arragon, de Portugal, de Navarre, & autres états d’Espagne, plusieurs grandes maisons portent les unes des bannieres, les autres des chaudieres en leurs armoiries, comme des marques d’une ancienne & illustre noblesse. La Roque, ch. clxxviij.

Noblesse de chaudiere, voyez ce qui en est dit ci-devant à l’article Noblesse de banniere.

Noblesse de chevalerie, est celle qui provient de la qualité de chevalier, attribuée à quelqu’un ou à ses ancêtres, en lui donnant l’accolade.

Cette maniere de conférer la noblesse est la premiere qui ait été usitée en France. Grégoire de Tours rapporte que nos rois de la premiere race créoient des chevaliers de l’accolade ; cependant on tient plus communément que cette cérémonie ne commença à être usitée que sous la seconde race, vers le tems où les fiefs devinrent héréditaires. Cet usage fut moins commun depuis François I. cependant il y en a encore quelques exemples sous le regne de Louis XIV. notamment en 1662 & en 1676.

Au lieu de donner la chevalerie par l’accolade, on a établi divers ordres de chevalerie, dont quelques-uns exigent des preuves de noblesse ; mais aucun de ces ordres ne la donne.

La possession ancienne de la qualité de chevalier simplement, fait une preuve de noblesse. Voyez Chevalerie & Chevalier.

Noblesse des francs-archers, ou francs-taupins, ou comme l’appelle la Roque, Noblesse archere ; c’est-à-dire, qui procede de la qualité de francs-archers, prise par quelques-uns des ancêtres de celui qui se prétend noble. Les francs-archers ou francs taupins étoient une sorte de milice établie par Charles VII. en 1444, composée de gens qui étoient exempts de tous subsides, & que l’on surnomma par cette raison, francs-archers ou francs-taupins. François I. institua des légions au lieu de ces francs-archers. Quelques personnes issues de ces francs-archers se sont prétendues nobles ; mais quoique cette milice fût libre, & franche d’impôt, elle n’étoit pas noble, & l’on ne regardoit plus dès-lors pour nobles indistinctement tous ceux qui faisoient profession de porter les armes. Voyez la Roque, ch. lv. & ci-après, voyez Noblesse militaire.

Noblesse des francs fiefs de Normandie, est celle qui fut accordée par Louis XI. par une charte donnée au Montil-lez-Tours le 5 Novembre 1470, par laquelle il ordonna entre autres choses, que pour les fiefs nobles acquis jusqu’alors par des roturiers en Normandie, & qu’ils tenoient à droits héréditaire, propriétaire & foncier, & qu’ils possédoient noblement à gage-plege, cour & usage ; ils les pourroient tenir paisiblement sans être contraints de les mettre hors de leurs mains, ni payer aucune autre finance que celle portée par la composition & ordonnance sur ce faite par le roi, & qu’ils seroient tenus & réputés pour nobles ; & dès-lors seroient annoblis, ensemble leur postérité née & à naître en loyal mariage, & que la volonté du roi étoit qu’ils jouissent du privilege de noblesse, comme les autres nobles du royaume, en vivant noblement, suivant les armes, & se gouvernant en tous actes, comme les autres nobles de la province, & ne faisant chose dérogeante à noblesse.

Les enfans de ceux qui payerent ce droit de francs-fiefs furent maintenus dans leur noblesse par des lettres de Charles VIII. du 12 Janvier 1486, & par d’autres du 20 Mars de la même année.

Henri II. par une ordonnance du 26 Mars 1556, régla entre autres choses, que ceux qui prétendroient être nobles par la charte des francs-fiefs de 1470, ne pourroient jouir des privileges de noblesse, s’ils ne faisoient apparoir des chartes particulieres, tenant leurs fiefs à cour & usage, & qu’eux, ou leurs successeurs eussent vécu noblement, suivant les armes, sans avoir dérogé, auquel cas ils seroient privés de leurs privileges, encore qu’ils fissent voir des quittances particulieres de la finance par eux payée.

Il y a eu en divers tems des recherches faites contre ceux qui se prévaloient sans fondement de la charte générale des francs-fiefs : on peut voir ce qui est dit à ce sujet dans la Roque, ch. xxxij.

Noblesse graduelle, est celle qui ne peut être pleinement acquise qu’au bout d’un certain tems, ou après deux ou trois degrés de personnes qui ont rempli un office propre à donner commencement à la noblesse. En France la plûpart des offices des cours souveraines ne donnent qu’une noblesse graduelle ; c’est à-dire, qu’elle n’est acquise à la postérité, que quand le pere & le fils ont rempli successivement de ces offices, qui est ce que l’on dit, patre & avo consulibus. Voyez ci-devant Noblesse actuelle.

Noblesse greffée, est quand quelqu’un profitant de la conformité de son nom avec celui de quelque famille noble, cherche à se enter sur cette famille, c’est-à-dire, à se mêler avec elle. Voyez la préface de la Roque. (A)

Noblesse haute, (Hist. de France.) il n’est pas aisé de définir aujourd’hui si ce titre dont tant de gens se parent dans notre royaume, consiste dans une noblesse si ancienne que l’origine en soit inconnue,