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gris ; cet oiseau porte le cou courbé comme le cygne ; sa tête est formée comme celle de l’oie ; ses plumes de derriere couvrent le croupion & font une espece de queue ; il court aussi vite qu’un levrier, & se nourrit de chair & de fruits. (D. J.)

NHARWAL, voyez NARWAL.

N I

NIAGARA, (Géog.) riviere de l’Amérique septentrionale, dans le pays des Iroquois. Elle sort du lac Erié, & va se jetter dans le lac Ontario, à quatre lieues au dessus de son embouchure, où elle fait un saut prodigieux, sans lequel on pourroit aller avec de grandes barques plus de 200 lieues loin, & ne point interrompre la navigation dans sa course. (D. J.)

NIAIS, adj. (Gram.) Il se dit de quelqu’un qui ignore les usages les plus communs de la société. Ce caractere se remarque dans la physionomie, la voix, le discours, le geste, l’expression, les idées. Il y a de faux niais, dont on est d’autant plus aisément la dupe qu’on s’en méfie moins. Si la simplicité se remarque dans l’extérieur & qu’elle soit accompagnée de nonchalance, elle fait le niais. La simplicité n’est pas incompatible avec la vivacité ; jamais niais ne fut actif.

Niais. (terme de Fauconnerie.) Ce mot se dit de quelques oiseaux de proie, comme du faucon, de l’épervier, &c. qui n’ont pas encore volé, & qu’on a pris au nid.

NICÆA, (Géog. anc.) je trouve dans les auteurs plusieurs villes de ce nom.

1°. Nicæa ville de Grece, située aux environs des Thermopyles, dans le golfe Manliacus. On la comptoit entre les principales villes des Locres Epicnemides, qui étoient voisins & alliés des Béotiens & des Thébains. Philippe s’empara de Nicæa & des Thermopyles, lorsqu’il entra dans la Grece sous prétexte de terminer la guerre sacrée ; ensuite ce prince la remit aux Thessaliens.

2°. Nicæa ville de l’Illyrie.

3°. Nicæa ville de l’Inde, au voisinage du fleuve Ilydaspe. Alexandre en fut le fondateur.

4°. Nicæa ville des Indes auprès du fleuve Cophene.

5°. Nicæa ville de l’île de Corse : elle fut fondée par les Etruriens, selon Diodore de Sicile.

6°. Nicæa ville de la Bœotie, chez les Leuctriens.

7°. Nicæa ville de la Thrace, selon Etienne le géographe.

8°. Nicæa ville de Bithynie & la plus célebre de toutes. Voyez Nicée. (D. J.)

NICAGUAYA, (Géog.) riviere de l’Amérique septentrionale dans l’île Hispaniola. Elle traverse la province de Cibao, & va se jetter dans la mer.

NICARAGUA, (Géog.) province de l’Amérique septentrionale dans l’audience de Guatimala. Elle est bornée au nord par la province d’Honduras ; à l’orient par la mer ; au midi par la province de Costarica ; & à l’occident par la province de Guatimala. Le terroir de Nicaragua est très-fertile, & offre un des plus agréables paysages du monde. Ses villes ou bourgs principaux sont, Nicaragua, Ségovie & Grenade : ses rivieres sont l’Yare, l’Yarpa & le Désaguadero. Elle a trois ports sur la mer du sud, & une grande habitation des Indiens du pays qu’on appelle le Vieux-Bourg. On recueille dans cette province beaucoup de sucre & de cacao qui ne sort guere du pays.

Nicaragua, (Géog.) lac de l’Amérique septentrionale dans l’audience de Guatimala, au gouvernement de Nicaragua. La tête de ce lac n’est qu’à 4 lieues de la mer du sud. On lui donne environ 80

lieues de circuit ; & les vaisseaux y peuvent naviger commodément. Dans la grande ile située au milieu de ce lac, & qui porte du cacao & des fruits délicieux, on trouve un volcan presqu’aussi considérable que celui de Guatimala.

Nicaragua, (Géog.) autrement nommée Léon de Nicaragua ; ville de l’Amerique septentrionale dans la province de Nicaragua dont elle est la capitale, avec titre d’évêché, à 12 lieues de la mer du sud. Des flibustiers anglois pillerent cette ville en 1685. Long. 291. 24. lat. 12. 26. (D. J.)

NICARIA, (Géog. anc. & mod) ou Nicarie ; île de l’Archipel, entre l’île de Samos & celle de Tine.

Cette île a environ 60 milles de circonférence, suivant M. de Tournefort, d’après lequel nous en pouvons parler savamment. Elle est fort étroite, & traversée dans sa longueur par une chaîne de montagnes qui lui a fait donner autrefois le nom d’île longue & étroite, doliche & macrès.

Ces montagnes sont couvertes de bois & fournissent des sources à tout le pays. Les habitans ne vivent que du commerce de ce bois, & sont si misérables qu’ils demandent l’aumône dès qu’ils sont hors de leur île. Ils recueillent peu de froment, assez d’orge, de figues, de miel, de cire ; mais après tout ce sont de sottes gens, grossiers & à demi sauvages. Ils font leur pain à mesure qu’ils veulent dîner ou souper. Ce pain n’est autre chose que des fouaces sans levain, qu’on fait cuire à demi sur une pierre plate bien chaude : si la maîtresse de la maison est grosse, elle tire deux portions de fouaces, une pour elle & l’autre pour son enfant : on fait la même honnêteté aux étrangers.

Cette île n’a jamais été bien peuplée. Strabon en parle comme d’un pays inculte, dont les pâturages étoient d’une grande utilité aux Samiens. On ne croit pas qu’il y ait présentement plus de 1000 ames.

Nicaria n’a pas changé de nom, elle s’appelle Icaria, tout comme autrefois ; mais les Francs qui ne savent pas le grec, corrompent la plûpart des noms. Tout le monde sait qu’on attribue ce nom à Icare fils de Dédale, qui se noya aux environs de la mer, qui pour la même raison fut nommée Icarienne. Strabon enferme dans cette mer les îles de Leros & de Cos. Pline ne lui donne de l’étendue que depuis Samos jusqu’à Mycone. M. Bochart est le seul qui dérive le nom d’Icarie d’un mot phénicien icaure, qui signifie poissonneux ; ce qui pourtant convient assez à un nom grec que les anciens ont donné à la même île.

Tous les habitans de Nicarie sont du rite grec, & leur langue tient plus du grec littéral, à ce qu’on dit, que celle des autres îles où le commerce a fait établir plusieurs étrangers, qui ont introduit une infinité de mots & de terminaisons de leur pays. On ne s’est jamais embarrassé de conquérir cette île : il y a beaucoup d’apparence qu’elle a suivi le destin de celle de Samos sa voisine & sa maîtresse.

L’île manque de port. L’une des principales calanques est à Fanar, où étoit l’ancienne ville Dracanon.

Strabon, liv. xiv. pag. 639. assûre qu’il y avoit dans Nicaria un temple de Diane, appellé Tauropolium ; & Callimague n’a pas fait difficulté de dire que de toutes les îles il n’y en avoit pas une de plus agréable à Diane que celle-ci. Goltzius a donné le type d’une médaille représentant d’un côté une Diane chasseresse, & de l’autre une personne assise sur un taureau, avec cette légende Ικαριων. On pourroit prendre cette personne pour Europe ; mais selon la conjecture de Nonius, c’est plutôt la même Diane, le taureau marquant l’abondance des pâturages de l’île, & la protection de cette déesse.

La fanar ou fanari de Nicaria (φανάρη, lanter-