L’Encyclopédie/1re édition/NARWAL

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NARWAL, s. m. (Hist. anc. Icthiolog.) Pl. XIII. fig. 9. Nharwal, licorne de mer, unicorne monoceros, unicornu marinum Charlet, monoceros piscis, Nharwal islandis Raii, poisson cétacée, appellé par les Groenlandois touwack, & auquel on a donné le nom de licorne, parce qu’il a au bout de la mâchoire supérieure, tantôt à droite & tantôt à gauche, une très-longue dent, qui ressemble à une corne. On pourroit présumer d’après la position de cette dent, qu’il est naturel à ce poisson d’en avoir deux. M. Anderson est d’un avis contraire : il donne cependant la description d’un narwal qui a deux dents. Il regarde ce fait comme très-rare : voici ce qu’il en dit.

Le capitaine Dirck Petersen a rapporté à Hambourg en 1684 l’os de la tête d’un narwal, avec deux dents, qui sortent en droite ligne du devant de la tête. Ces dents sont à deux pouces de distance au sortir de la mâchoire, ensuite elles s’éloignent de plus en plus l’une de l’autre, de façon qu’il y a entr’elles treize pouces de distance à l’extrémité. La dent gauche a sept piés cinq pouces de longueur, sur neuf pouces de circonférence ; celle qui est à droite n’a que sept piés de longueur, sur huit pouces de tour. Elles entrent toutes les deux de la longueur de treize pouces dans la tête. Ce narwal étoit une femelle pleine. On ne trouva au fœtus aucune apparence de dent.

M. Anderson a vu à Hambourg en 1736 un narwal qui étoit entré dans l’Elbe par une marée. Ce cétacée étoit plus gros qu’alongé ; il n’avoit que deux nageoires, la tête étoit tronquée ; la dent sortoit du côté gauche de la mâchoire supérieure au-dessus de la lévre. Elle étoit contournée en spirale, & elle avoit cinq piés quatre pouces de longueur. Le côté droit du museau étoit fermé & couvert par la peau, sous laquelle on ne sentoit aucune cavité dans l’os de la tête. La queue étoit fort large, & couchée horisontalement sur l’eau. La peau avoit beaucoup d’épaisseur ; elle étoit très-blanche & parsemée d’une grande quantité de taches noires, qui pénétroient fort avant dans sa substance. Il n’y avoit point de ces taches sur le ventre ; il étoit entierement blanc, luisant & doux au toucher, comme du velours. Ce poisson n’avoit point de dent au-dedans de la gueule, dont l’ouverture étoit très petite, car elle n’excédoit pas la largeur de la main. La langue remplissoit toute la largeur de la gueule. Les bords du museau étoient un peu durs & raboteux. Il y avoit au-dessus de la tête un trou ou un tuyau garni d’une soupape, qui s’ouvroit & qui se fermoit au gré du poisson, par où il rejettoit l’eau en expirant l’air. Les yeux étoient petits, situés au bas de la tête, & garnis d’une espece de paupiere. Ce narwal étoit mâle ; mais la verge ne sortoit pas hors du corps. La longueur totale de ce poisson étoit de dix pieds & demi depuis le bout du museau jusqu’à l’extrémité de la queue, qui avoit trois pieds deux pouces & demi de largeur ; chaque nageoire n’avoit que neuf pouces de longeur.

Comme on trouve des dents de narwal qui, au lieu d’être tournées en spirale, sont entierement unies, M. Anderson soupçonne qu’il peut y avoir plusieurs especes de ces poissons. Leur longueur ordinaire est d’environ vingt à vingt-deux piés ; on en trouve qui ont jusqu’à soixante piés.

Les Groenlandois regardent ces poissons comme les avant-coureurs de la baleine ; car dès qu’ils en voient, ils se préparent promptement pour faire la pêche de la baleine. Le narwal se nourrit comme elle de petits poissons, de vers & d’autres insectes marins ; mais il n’a point de barbes pour les retenir dans sa gueule. Hist. d’Ist. & de Groenlande, par M. Anderson. Voyez Cetacée. (I)