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quefois pendre des gouttes qu’on appelle aussi larmes & campanes. Voyez Gouttes. (P)

MUTUSCA, (Géog. anc.) ou Mutusca, village d’Italie dans la Sabine, autrefois renommé par ses oliviers, d’où vient que Virgile l’appelle oliferaque Mistusca. Léander & autres prétendent avec assez de vraissemblance que ce lieu s’appelle auiourd’hui Trevi, bourg de l’état de l’église, au duché de Spolete, à 5 milles de Fuligno. (D. J.)

MUVROS, (Hist. nat.) fruit qui est fort commun dans l’ile de Ceylan ; il est rond, de la grosseur d’une cerise, & son goût est très-agréable.

MUXACRA, (Géog.) petite ville & port d’Espagne au royaume de Grenade ; elle est sur la Méditerranée, à 8 lieues N. E. d’Almérie, 18 S. O. de Carthagène, à l’embouchure du Trabay. Long. 16. 18. lat. 36. 34.

MUYDEN, (Géog.) petite ville des Provinces-Unies dans la Hollande méridionale, à l’embouchure du Vecht, dans le Zuyder-zée, à 2 lieues d’Amsterdam. Albert de Baviere lui accorda divers privileges en 1403. Long. 52. 38. lat. 52. 22.

MUZA, (Géog. anc.) port de l’Arabie heureuse, dans le pays des Elisari. Pline, l. VI. c. xxiij. dit que son commerce consistoit dans le débit de l’encens & autres aromates de l’Arabie. C’est aujourd’hui, selon le P. Hardouin, Zibit. (D. J.)

MUZARABES, MOSARABES, ou MISTARABES, s. m. pl. (Hist. mod.) chrétiens d’Espagne qui furent ainsi appellés, parce qu’ils vivoient sous la domination des Arabes, qui ont été long-tems maîtres de cette partie de l’Europe. Quelques-uns prétendent que ce nom est formé de musa, qui en arabe signifie chrétien, & d’arabe pour signifier un chretien sujet des Arabes ; d’autres prononçant mistarabes, le dérivent du latin mixtus, mêlé, c’est-à-dire chrétien mêlé aux Arabes. D’autres enfin, mais avec moins de fondement, prétendent que ce nom vient de Muça, capitaine arabe qui conquit l’Espagne sur Roderic dernier roi des Goths. Almansor, roi de Maroc, emmena d’Espagne dans son royaume 500 cavaliers Muzarabes, & leur permit le libre exercice de leur religion. Vers l’an 1170, ces chrétiens d’Espagne avoient une messe & un rit à eux propres, qu’on nomme encore messe mozorabique & rit mozorabique. Voyez Messe & Rit. Il y a encore dans Tolede sept églises principales où ce rit est observé. (G)

MUZERINS ou MUSERVINS, s. m. (Hist. mod.) nom que se donnent en Turquie les athées. Ce mot signifie ceux qui gardent le secret, & vient du verbe aserra, celer, cacher. Leur secret consiste à nier l’existence de la divinité : on compte parmi eux plusieurs cadis ou gens de loi très-savans, & quelques renégats qui s’efforcent d’étouffer en eux tout sentiment de religion. Ils prétendent que la nature ou le principe intérieur de chaque individu, dirige le cours ordinaire de tout ce que nous voyons. Ils ont fait des prosélytes jusque dans les appartemens des sultanes, parmi les bachas & autres officiers du serrail ; cependant ils n’osent lever le masque, & ne s’entretiennent à cœur ouvert que lorsqu’ils se rencontrent seuls, parce que la religion dominante, qui admet l’unité d’un Dieu, ne les toleréroit pas.

On prétend que ces muzerins s’entraiment & se protegent les uns les autres. S’ils logent un étranger de leur opinion, ils lui procurent toutes sortes de plaisirs, & sur-tout ceux dont les Turcs sont plus avides. Leurs principaux adversaires sont les kadesadelites, qui répetent souvent ces paroles : Je confesse qu’il y a un Dieu. Guer. mœurs des Turcs, tom. I. Ricaut, de l’empire ottoman. (G)

MUZIMOS, (Hist. mod. Superstit.) Les habitans du Monomotapa sont persuadés que leurs empereurs en mourant passent de la terre au ciel, & deviennent

pour eux des objets de culte qu’ils appellent muzimos ; ils leur adressent leurs vœux. Il y a dans ce pays une fête solemnelle appellée chuavo : tous les seigneurs se rendent au palais de l’empereur, & forment en sa présence des combats simulés. Le souverain est ensuite huit jours sans se faire voir, & au bout de ce tems, il fait donner la mort aux grands qui lui déplaisent, sous prétexte de les sacrifier aux muzimos ses ancêtres.

MUZUKO, (Hist. mod.) c’est ainsi que les habitans du Monomotapa appellent un être malfaisant, & qu’ils croient l’auteur des maux qui arrivent au genre humain.

M Y

MYAGRUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en croix, composée de quatre pétales. Ce pistil s’éleve du milieu du calice, & devient quand la fleur est passée, un fruit pointu par l’une des extrémités. Ce fruit a une capsule remplie d’une semence, le plus souvent oblongue, & deux cavités vuides. Tournefort, inst. rei heb. Voyez Plante.

Tournefort compte deux especes de ce genre de plante ; la premiere à larges feuilles, & la seconde à feuilles menues, myagrum monospermon, latifolium, & myagrum monospermon, minus.

La premiere espece pousse des tiges à la hauteur de deux piés, rondes, dures, de couleur de verd de mer, lisses, remplies de moëlle blanche, rameuses : ses feuilles sont oblongues, & semblables en quelque maniere à celles de l’itatis cultivé, mais la piûpart laciniées, & principalement celles d’en bas, embrassant leur tige par leur base, qui est la partie la plus large, de couleur de verd de mer, d’un goût d’herbe potagere. Ses fleurs sont petites, à quatre feuilles, disposées en croix, jaunes. Quand elles sont passées, il leur succede des fruits formés en petites poires renversées, qui contiennent chacun une seule semence oblongue, roussâtre : sa racine est grosse & blanche, mais elle ne dure qu’une année. (D. J.)

MYCALE, (Géog. anc.) montagne d’Asie dans la Natolie, vis-à-vis le cap de Neptune de l’île de Samos. Tous les anciens ont connu cette montagne, Homere, Herodote, Thucydide & Diodore de Sicile, la mettent tous dans l’Ionie.

Cette montagne, dit M. de Tournefort, la plus élevée de la côte, est partagée en deux sommets, & se trouve aujourd’hui dans le même état que Strabon l’a décrite, c’est-à-dire, que c’est un très-beau pays de chasse, couvert de bois, & plein de bêtes fauves.

On l’appelle la montagne de Samson, à cause d’un village de même nom qui n’en est point éloigné, & qui, suivant les apparences, a été bâti sur les ruines de l’ancienne ville de Priene, où Bias, l’un des sept sages de la Grece, avoit pris naissance. (D. J.)

MYCALESSUS, (Géog. anc.) ville de Béotie dont parlent Strabon, Pline, Thucydide & Pausanias. (D. J.)

MYCENES, (Géog. anc.) en latin Mycene au nombre pluriel, suivant la plûpart des auteurs. Homere dit tantôt Mycenæ, Μυκήναι au pluriel, & tantôt Μυκνη, Mycæna au singulier, c’étoit une ville du Péloponnele dans l’Argie, à trois lieues d’Argos en tirant vers le midi, & la capitale du royaume d’Agamemnon ; mais après l’extinction de ce royaume, Mycenes déchut si considérablement, que du tems de Strabon, on n’en voyoit plus aucun vestige. Cependant Horace l’appelloit encore riche, dites Mycænas, d’après Homere & Sophocle, qui lui ont donné l’épithete de πολυχρυσος, abondante en or. On conjecture que c’est aujourd’hui Agios