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des forces. Les tendons longs, courbés & étendus sur les articulations fléchies dans leur mouvement, sont reçus dans des especes de coulisses particulieres dont les canaux sont lubréfiés, & ces coulisses fortifient les tendons sans les priver de leur mouvement, & les empêchent de s’écarter & d’être refroidis sur la peau, ce qui les rendroit douloureux, & leur feroit perdre leur mouvement. Les muscles perforés font les mêmes fonctions dans d’autres parties, dans celles où les tendons sont placés au-tour des éminences des os, pour s’insérer sous un plus grand angle dans l’os qu’ils meuvent, où ils s’inserent à un autre os, d’où un autre tendon va s’insérer sous un plus grand angle dans l’os à mouvoir. Dans quelques endroits la nature a placé les muscles au-tour de la partie à mouvoir, comme au tour d’une poulie. Enfin elle a environné par-tout ces muscles d’une graisse lubrefiante, & il s’en trouve entre les fibrilles, les fibres, les paquets de fibres & les muscles ; la compression qui suit le gonflement des muscles fait qu’elle se répand entre ces muscles & leurs fibres, & qu’elle entretient leur flexibilité.

La force d’un muscle est déterminée par la société ou l’opposition des autres, qui rendent l’une ou l’autre des deux parties auxquelles ils s’attachent, plus solide, & qui concourent directement avec lui à son action, ou qui changent la direction qu’auroit eue la partie si elle eût été mue par ce seul muscle, en la faisant passer par la diagonale. On ne peut donc au juste déterminer l’action particuliere d’aucun muscle ; mais il faut les considerer tous ensemble, tous ceux qui s’attachent à l’une & à l’autre partie à laquelle un muscle va s’insérer.

C’est par l’action de ces muscles, par leur réunion ou leur opposition différente, que nous marchons, que nous nous tenons en équilibre, que nous nous fléchissons, que nous étendons nos membres, que se fait la déglutition & toutes les autres fonctions de la vie. Outre cela les muscles ont encore des usages particuliers ; ils accélerent le sang veineux par leur pression sur les veines qui en sont proche & lui sont particulieres entre les colonnes charnues du cœur, pression dont l’effet est de pousser uniquement le sang au cœur au moyen des valvules ; ils brisent & atténuent le sang artériel, ils envoient avec plus de vîtesse au poumon le sang qui revient du foie, du mesentere, de la matrice, &c. ils font avancer la bile & autres parties contenues ; ils empêchent ces liqueurs de séjourner ; ils augmentent la force de l’estomac par leur action ; ils aident si bien à la digestion, que la vie oisive & sédentaire est contraire aux lois de la nature, & nous rend sujets aux maladies qui dépendent de la stagnation des humeurs & de la crudité des alimens.

Nerfs musculaires communs, voyez Moteurs.

Nerfs musculaires oblique ; supérieurs, voyez Pathétiques.

Nerfs musculaires externes, voyez Moteurs.

MUSCULOCUTANÉ, adj. en Anatomie, nom de l’un des nerfs brachiaux, qui est en partie caché par les muscles, & en partie voisin de la peau. On l’appelle aussi cutané externe. Voyez Cutané.

Ce nerf naît de l’union de la quatrieme & de la cinquieme paire cervicale & de leur communication collatérale avec la troisieme & la sixieme paire ; il va gagner le muscle coraco brachial ; le perce obliquement, & descend tout le long du bras & de l’avant-bras en jettant plusieurs filets, & en s’approchant de la peau ; il va se terminer aux tégumens de la partie inférieure du poignet, à ceux du pouce & de la convexité de la main, & communique avec un rameau du nerf radical.

MUSCULUS, s. m. (Hist. anc.) machine dont les anciens se servoient dans l’attaque des places pour

faciliter les approches, & mettre à couvert les soldats. C’étoit un mantelet ou gabion portatif fait en demi-cercle, derriere lequel se tenoit le soldat, ou travailleur, & qu’il faisoit avancer devant lui par le moyen des roulettes sur lesquelles cette machine étoit soutenue. M. le chevalier de Folard, qui dans son Commentaire sur Polybe, a décrit ainsi cette machine, s’y moque agréablement du docte Stwechius, qui prenant à la lettre le mot musculus, en a fait une boëte quarrée soutenue sur quatre piés, & renfermant un ressort qu’on faisoit jouer au moyen d’une manivelle, pour dégrader & miner les murs de la ville assiégée.

MUSE DU CERF, (Venerie.) c’est le commencement du rut ; & muser se dit des cerfs, lorsqu’ils commencent à sentir leurs chaleurs & entrer en rut ; alors ils vont pendant quelques jours la tête basse le long des chemins & des campagnes : on dit alors que les cerfs commencent à muser, cela dure cinq ou six jours.

MUSEAU, s. m. (Gramm.) il se dit du nez de certains animaux ; ainsi la belette au long museau, &c.

Museau, (Serrurerie.) c’est la partie du paneton de la clef dans laquelle les rateaux passent. Le museau recreusé est refendu en long pour recevoir une broche posée sur la couverture de la serrure, & communément de la même épaisseur que la porte.

Museau. terme de riviere, se dit du devant du nez d’un grand bateau-foncet. Museau se dit aussi d’une corde que l’on ferme à terre pour empêcher que le devant d’un bateau ne s’en éloigne. Voyez Couier.

MUSÉE, s. m. (Gram.) lieu de la ville d’Alexandrie en Egypte, où l’on entretenoit aux dépens du public, un certain nombre de gens de lettres distingués par leur mérite, comme l’on entretenoit à Athenes dans le Prytane les personnes qui avoient rendu des services importans à la république. Le nom des Muses, déesses & protectrices des beaux Arts, étoit incontestablement la source de celui du musée.

Le musée situé dans le quartier d’Alexandrie appellé Bruchion, étoit selon Strabon, un grand bâtiment orné de portiques & de galeries pour se promener, de grandes salles pour conférer des matieres de Littérature, & d’un sallon particulier où les savans mangeoient ensemble. Cet édifice étoit un monument de la magnificence des Ptolemées amateurs & protecteurs des Lettres.

Le musée avoit ses revenus particuliers pour l’entretien des bâtimens & de ceux qui l’habitoient. Un prêtre nommé par les rois d’Egypte, y présidoit. Ceux qui demeuroient au musée, ne contribuoient pas seulement de leurs soins à l’utilité de la bibliotheque ; mais encore par les conférences qu’ils avoient entr’eux, ils entretenoient le goût des belles-Lettres, & excitoient l’émulation ; nourris & entretenus de tout ce qui leur étoit nécessaire, ils pouvoient se livrer tout entiers à l’étude. Cette vie heureuse & tranquille étoit la récompense, & en même tems la preuve du mérite & de la science.

On ne sait positivement si le musée fut brûlé dans l’incendie qui consuma la bibliotheque d’Alexandrie, lorsque Jule-Cesar assiégé dans le Bruchion, fut obligé de mettre le feu à la flotte qui étoit dans le port voisin de ce quartier. Si le musée fut enveloppé dans ce malheur, il est certain qu’il fut rétabli depuis ; car Strabon qui écrivoit sa géographie sous Tibere, en parle comme d’un édifice subsistant de son tems.

Quoi qu’il en soit, les empereurs romains devenus maîtres de l’Egypte, se réserverent le droit