Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/855

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les muletieres sont des pieces de filets de la longueur de 40 à 50 brasses chacune, à la volonté des pêcheurs ; le ret a cinq à six piés de hauteur ; la tête en est garnie de flottes de liége, & le pié de pierres qui l’arrêtent sur le sable. Les pêcheurs de ce lieu les tendent comme des hauts parcs, d’un bout à terre & de l’autre à la mer ; ils forment à cette partie du filet qu’ils tramaillent ordinairement, une espece de crochet comme aux rets de hauts parcs & pêcherie de la Hougue & de Carentan, où le poisson s’arrête, ou qui le font retourner à la côte jusqu’à ce que la marée vienne à se retirer & à les laisser à sec : le nom de muletieres vient des mulets que ces pêcheurs y prennent ordinairement. Voyez la fig. 3. Pl. XIV. de Pêche.

MULETTE, s. f. terme de Fauconnerie, c’est le gisier des oiseaux de proie, où tombe la mangeaille du jabot pour se digérer ; quand cette partie d’un oiseau de proie est embarrassée des curées qui sont retenues par une humeur visqueuse & gluante, on dit qu’il a sa mulette empelottée ; alors il se forme quelquefois une peau qu’on appelle doublure, ou double mulette, qu’on purge par le moyen des pilules qu’on lui fait avaler. Il faut alors purger l’oiseau avec la filasse ou le coton, lié de sel ammoniac & d’une fois autant de sucre candi, ensuite on porte l’oiseau sur le poing & on le jardine, mettant un bacquet plein d’eau auprès de lui, puis on lui desserre le chaperon, le lâchant presque tout à-fait, & on ne le quitte point qu’il ne commence à tirer du collier, alors il ne tarde guère à rendre la doublure ; deux heures après on lui fait demi-gorgée d’une cuisse de poulet toute chaude, ou d’une aîle de pigeon bien trempée ; il faut donner aux laniers & aux sacres une dose plus forte de sel ammoniac, qu’aux tiercelets & aux faucons.

MULHAUSEN, (Géog.) ville impériale d’Allemagne, dans la Thuringe, sous la protection de l’électeur de Saxe, ce qui fait qu’elle est rangée parmi les villes de basse-Saxe ; elle a essuyé bien des calamités en divers tems. Henri le Lion la prit d’assaut en 1181, & la brûla. En 1366 un tremblement de terre en renversa la plus grande partie ; en 1442 un incendie ne lui fut guère moins funeste ; en 1525 elle fut assiegée par l’électeur de Saxe & le landgrave de Hesse, à cause des paysans révoltés qui s’en étoient emparés ; enfin après la paix de Westphalie, les divers partis l’ont ravagée tour-à-tour. Elle est située dans un pays fertile, sur la riviere d’Unstruth, à 5 milles de Nordhausen, 6 N. E. d’Eysenach, 10 N. O. d’Erford, 14 S. O. de Cassel. Long. 28. 14. lat. 51. 13. (D. J.)

MULHEIM, (Géog.) petite ville d’Allemagne, dans l’électorat de Cologne, proche le Rhin. Long. 24. 46. lat. 50. 48.

MULHOUSE ou MULHAUSEN, (Géog.) ville libre d’Allemagne, au cercle du haut Rhin, capitale d’une petite république alliée des Suisses.

Quelques auteurs croyent que c’est l’Arialbinum d’Antonin ; mais l’abbé de Longuerue prétend qu’elle a été bâtie par les premiers empereurs d’Allemagne, sur les fonds de leur domaine ; son nom de Mulhouse lui vient peut-être de la quantité de moulins qui s’y trouvent. Elle a beaucoup souffert durant les brouilleries des empereurs avec les papes, & fut toujours fidele aux empereurs. Ensuite elle se vit exposée à la tyrannie des landgraves, des avoués, & des préfets d’Alsace ; enfin craignant pour sa liberté, elle s’allia avec Berne & Soleure en 1466, & avec Basle en 1506. En vertu de cette incorporation étroite dans le corps helvétique, elle a toujours joui de l’avantage de la neutralité & de la paix, au milieu des guerres perpétuelles d’Allemagne.

Elle est bien bâtie & bien peuplée, dans une belle & fertile campagae, à 4 lieues N O. de Basle, 5 S. de Colmar, & 6 N. E. de Béfort. Long. 25. 2. lat. 47. 50.

MULIER, s. m. terme de Pêche, sorte de filet avec lequel les Pêcheurs prennent souvent des mulets, sorte de poisson, ce qui dans certaines provinces a fait donner à ce filet le nom de mulier.

Lors des vives eaux, & sur-tout dans les grandes marées, la mer découvre aux environs de Cayeaux un grand espace de terrein, sur lequel les pêcheurs forment des especes de bas parcs aux ecores & pentes des bancs, où ils tendent leurs muliers de la même maniere que sont tendus les bas parcs en forme de fer à cheval. Voyez Parcs. Ils ensablent le pié du bas du filet, & font tenir les pieux de la même maniere. La chûte de la marée qui tombe rapidement sur la pente du banc de sable, entraîne vers le mulier tous les poissons qui se trouvent dans les eaux, au passage desquels le filet s’oppose.

Les Pêcheurs nomment les bancs sur lesquels ils font cette pêche, ravoirs ; ces ravoirs s’établissent très-avant dans la mer, & quand la saison est favorable, les pêcheurs font une pêche abondante, ils prennent dans le filet de toutes sortes de poissons plats & ronds qui sont venus chercher leur pâture sur les bas fonds où ils demeurent à sec au reflux, & se trouvent pris.

MULL, (Géog.) île de la mer d’Ecosse, l’une des Westernes ; elle a 24 milles de longueur, & à-peu-près autant de largeur. Elle abonde en orge, en avoine, en bétail, en bêtes fauves, en volaille, & en gibier : les lacs, les rivieres voisines, & la mer, lui fournissent beaucoup de poisson ; le duc d’Argyle en est seigneur. Long. 10. 57. lat. 56. 48. (D. J.)

MULLE, s. f. (Commerce.) la garance mulle est la moindre de toutes ; les 100 livres ne s’en vendent à Amsterdam que depuis 2 florins jusqu’à 8, au-lieu que la fine de Zélande y coûte depuis 25 jusqu’à 33 florins.

MULLEUS, s. m. (Hist. anc.) chaussure que portoient les rois d’Albe. Romulus la prit ; les rois ses successeurs s’en servirent aussi. Elle fut à l’usage des curules dans les jours solemnels. Jules-César porta le mulleus. Il étoit de cuir rouge. Il couvroit le pié & la moitié de la jambe ; le bout en étoit recourbé en dessus, ce qui le fit appeller aussi calceus uncinatus. Les empereurs grecs y firent broder l’aigle en or & en perles. Les femmes prirent le mulleus, les courtisannes se chausserent aussi de la même maniere.

MULOT, s. m. (Hist. nat.) animal quadrupede, qui a beaucoup de rapport avec la souris, cependant il est un peu plus gros ; il a la tête à proportion beaucoup plus grosse & plus longue, les yeux plus grands & plus saillans, les oreilles plus allongées & plus larges, & les jambes plus longues. Toutes les parties du corps de cet animal sont de couleur fauve mêlée d’une teinte noirâtre ; les parties inférieures sont blanchâtres. Les mulots sont très communs, sur-tout dans les terres élevées. On en trouve de différentes grandeurs : les plus grands ont quatre pouces & plus de longueur depuis le bout du nez jusqu’à l’origine de la queue, les autres ont jusqu’à un pouce de moins. Tous ces animaux se retirent dans des trous qu’ils trouvent faits ou qu’ils font eux-mêmes sous des buissons & des troncs d’arbres ; ils y amassent une grande quantité de glands, de noisettes ou de fêve ; on en trouve jusqu’à un boisseau dans un seul trou. On voit moins de mulots au printems qu’en autonne ; lorsque les vivres leur manquent, ils se mangent les uns les autres. Le mulot produit plus d’une fois par