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dans la Zaconie, entre les sources de l’Alphée, à 6 lieues S. O. de Napoli de Romanie. On conjecture que c’est l’ancienne Tégée ; mais la conjecture est bien hasardée, car Polybe qui parle beaucoup de Tégée, ne marque point précisément sa situation. Voyez Tégée. (D. J.)

MUCIDAN, (Géog.) en latin Mulcedinum, petite ville de France en Périgord, qui avoit été autrefois bien fortifiée par les Calvinistes. Elle est à 5 lieues de Périgueux, & à 4 de Bergerac. Long. 18. 12. lat. 45. 6. (D. J.)

MUCILAGE, s. m. (Chim. Pharmac. Mat. med.) espece de corps muqueux, végétal, qui se distingue par la propriété de s’assimiler l’eau de maniere à constituer avec elle une espece de gelée tenace, lenta, & visqueuse, par la parfaite insipidité, & par le moindre degré d’aptitude à la fermentation vineuse. Cette substance est exactement analogue à la gomme. Voyez Muqueux, Vin & Gomme

Le mucilage réside principalement dans plusieurs racines, comme dans celles de toutes les mauves, de la guimauve, du nenuphar, de la grande consoude, le bulbe de lis blanc, &c. & dans les écorces ou enveloppes lisses & épaisses de plusieurs semences émulsives, comme dans celles des pepins des fruits, principalement des coings, dans celles des semences de psyllium, de lin, &c. l’herbe & les fleurs de malvacées en contiennent aussi une certaine quantité, mais il y est moins nud que dans les racines & les semences dont nous venons de parler.

Cette substance est employée à titre de remede, tant intérieurement qu’extérieurement, & elle est regardée comme l’émollient, relâchant, lubréfiant par excellence. On ordonne donc pour l’intérieur les décoctions ou les infusions des substances mucilagineuses, dans les inflammations du bas-ventre, des reins, de la vessie, les premiers tems des gonorrhées virulentes, le crachement de sang, les pertes des femmes, le tenesme, la dissenterie, les diarrhées par irritation, les coliques bilieuses & inflammatoires, la passion iliaque, l’ardeur d’urine, la colique néphrétique, la fievre hectique & le marasme, le scorbut, le rhumatisme, les érésipeles, contre les venins corrosifs, &c. excepté dans ce dernier cas la dissolution de mucilage ne doit point être trop chargée ; car elle est très-dégoutante lorsqu’elle est trop chargée.

Quant à l’usage extérieur on emploie aussi la décoction des substances mucilagineuses qu’il est permis de rendre plus saturée pour cet usage ; on en imbibe des linges ou des flanelles que l’on applique sur les tumeurs inflammatoires, ou bien on applique quelques-unes des substances mucilagineuses ; l’oignon de lis par exemple, convenablement préparé. Voyez Lis, Mat. med. On fait avec les décoctions mucilagineuses des injections qu’on porte dans l’uretre, dans le vagin, contre l’inflammation ou les ulceres de ces parties ; on en bassine la vulve dans les démangeaisons qui s’y font sentir quelquefois, & qui sont ordinairement très incommodes : on les donne en lavement dans le ténesme & la constipation ; on en bassine les gersures des mamelles, de l’anus, &c. les hémorrhoides douloureuses : on les emploie en demi-bain, en pédiluve, &c.

Le mucilage réduit sous consistence de gelée est employé en Pharmacie comme excipient dans quelques préparations officinales solides, telles que les trochisques, les tablettes, &c. Retirer un mucilage & le réduire sous cette consistence, c’est ce qu’on appelle dans les boutiques faire l’extraction d’un mucilage. Pour cette opération on prend une des semences ci dessus mentionnées, celle du lin par exemple ; on la fait infuser à chaud, en agitant souvent avec une spatule de bois, dans cinq ou six fois son poids d’eau com-

mune, jusqu’à ce qu’il en résulte une liqueur un peu

plus épaisse & visqueuse que le blanc d’œuf. C’est le mucilage de graine de lin. On dit aussi dans le même sens, qui est alors très-impropre, extraire le mucilage d’une gomme. Voyez Gomme. (b)

Mucilage, (Conchyl.) partie épaisse & gluante de l’intérieur d’un coquillage.

MUCILAGINEUSES, (Anatomie.) on appelle ainsi certaines glandes qui se trouvent en grand nombre dans les articulations, & que le docteur Havers a le premier décrites. Il y en a de deux sortes : les unes qui sont de petites glandes conglobées & semblables à des glandes milliaires, sont placées sur toute la surface des membranes qui couvrent les articulations. Voyez Mucosité & Articulation.

Les autres sont des glandes conglomérées, & se trouvent tellement entassées les unes sur les autres, qu’elles font une éminence, & paroissent clairement. Quelques articulations ont plusieurs de ces dernieres glandes ; d’autres n’en ont qu’une seule.

Quant à la structure de ces grosses glandes, elles sont composées de petites vésicules qui ne sont pas réunies en plusieurs lobes, mais disposées sur différentes tuniques placées l’une sur l’autre. Il y a plusieurs de ces tuniques dans chaque glande, comme il paroît évidemment dans les hydropiques. Ces glandes ont leurs vaisseaux sanguins, de même que les autres glandes ; mais leurs veines ont un tissu particulier, afin de retarder le cours du sang qu’elles rapportent des glandes, & afin que la liqueur mucilagineuse, dont la sécrétion est nécessairement lente, puisse avoir le tems de se séparer ; ce qui est une adresse qui se remarque par-tout où il s’agit de séparer une liqueur épaisse. Voyez Sécrétion animale.

Les grosses glandes mucilagineuses sont diversement situées. Les unes occupent une cavité qui est formée dans l’articulation ; d’autres sont proches ou vis-à-vis l’intervalle qui est entre les os articulés. Mais en général elles sont placées de telle sorte, qu’elles sont doucement & légérement comprimées dans la flexion ou l’extension de l’articulation, afin de fournir une certaine quantité de liqueur mucilagineuse, suivant le besoin & le mouvement de la partie, sans pouvoir être endommagées.

L’usage de toutes ces glandes est de séparer une liqueur mucilagineuse, qui sert principalement à lubrifier les articulations. Elle sert aussi à empêcher les extrémités des os articulés de se frotter rudement & de s’échauffer ; mais elle fait tout cela conjointement avec l’huile médullaire, avec laquelle elle se mêle, & ce mélange forme une composition merveilleusement propre à ces fins, car le mucilage rend l’huile plus gluante, & l’huile empêche le mucilage de devenir trop épais & trop visqueux.

Le docteur Havers observe qu’il y a de pareilles glandes entre les muscles & les tendons, & il croit qu’il s’y fait pareillement un mélange d’une humeur huileuse & d’une mucilagineuse, dont l’une est cette graisse qui se trouve entre les muscles, & qui est fournie par les glandes adipeuses, & l’autre est séparée par les glandes mucilagineuses, dont la membrane commune des muscles est par-tout garnie. Le mélange de ces deux liqueurs lubrifie les muscles & les tendons, & les empêche de se retirer, de se roidir & de se dessécher. Voyez Muscle.

MUCOSITÉ, s. f. (Physiol.) suc ou humeur muqueuse, qui se sépare par les tuyaux sécrétoires des glandes, pour lubrifier les parties du corps humain contre l’acrimonie des humeurs, contre l’action de l’air, ou pour d’autres usages.

Tous les couloirs, tous les conduits & tous les réservoirs, tels que la surface intérieure de la vessie, de la vésicule du fiel, de l’œsophage, de l’estomac,